En ce qui me concerne, je ne vais clairement pas chercher à faire connaissance avec toutes ces bd pornographiques qui, pour le dire avec la même élégance qu'eleanore sont "des chemins que je n'emprunte pas". S'il y a d'autres albums du même genre avec des enfants, du sexe, de l'inceste et du viol, cela me choque tout autant à titre personnel.
Mais il faut bien faire la distinction entre pornographie et pédopornographie, ainsi qu'entres plusieurs types de pornographie : la pornographie est tout à fait autorisée par la loi, et si je ne fréquente pas ce genre, tant mieux (ou tant pis) que des gens le lisent, ça ne me regarde pas. Mais la pédopornographie ne l'est pas, tout comme l'apologie du viol collectif (je ne crois pas que Les Melons de la colère fasse une telle apologie, mais la question reste légitime, tant Vivès aime jouer avec une ambiguïté dont il paye aujourd'hui le prix).
Quand tu parles "d'autres ouvrages pornographiques du même genre", fais-tu référence à des ouvrages mettant en scène du sexe et des enfants ? Si oui, pour ma part, ils doivent être mis dans le même sac que Vivès, je suis d'accord avec toi, mais ce n'est pas moi qui irai chercher l'existence de telles oeuvres.
Ce qui me choque chez Vivès, c'est le caractère objectivement pédopornographique de Petit Paul en l'occurrence. Je n'utilise pas ce mot comme une insulte, mais c'est un fait, la pédopornographie étant simplement définie par la loi comme la représentation d'activités sexuelles impliquant des enfants, il n'y a pas à discuter : Petit Paul est, selon la loi, une oeuvre pédopornographique.
C'est en cela que cette oeuvre me semble échapper au débat sur la liberté d'expression et tomber objectivement sous le coup de la loi. Mais il est évident, également, que la loi définit une règle générale, dont l'application aux cas particuliers est éminemment complexe, c'est pourquoi la justice tranchera et il ne m'appartient pas de me substituer à elle.
D'où mon opposition à Vivès, mais également mon absence de militantisme. Le problème est moral à mes yeux, il ne relève ni d'un débat sémantique, ni d'un débat sur le cadre de la loi.
Concernant l'exposition elle-même, effectivement, elle ne contient pas les principaux dessins polémiques de Vivès. Cela dit, j'ai vu avec beaucoup d'horreur le dessin de ce monsieur sur le calvaire, et il est évident qu'en tant que catholique, je suis profondément choqué de le voir ainsi reprendre l'imagerie religieuse pour la détourner de telle manière.
Mais le blasphème étant autorisé par la loi, je ne m'insurgerai qu'à titre personnel et dans un cercle privé (ou semi-privé, ce forum n'étant pas tout à fait assimilable à la famille, encore que... ^^). En revanche, si la loi autorise à insulter les religions, qu'on m'autorise au même titre à être choqué, et à en faire part.
Faut-il, pour autant, prendre des panneaux, des mégaphones et aller devant l'exposition manifester ? Pour ma part, il est évident que je ne le ferai pas. La démocratie fonctionnant à double sens, je fais simplement remarquer que ces gens sont tout autant dans leur droit (tant qu'ils n'attaquent que l'artiste, pas l'homme) que M. Vivès de s'amuser à représenter des viols collectifs, des enfants avec des gros sexes et des relectures sexuelles de passages religieux.
Vivès joue avec les contours de la loi, il s'amuse à bousculer les consciences des gens, il attaque d'autres croyances. Il en a le droit. Mais qu'il ne vienne pas s'indigner des réactions qu'il suscite après les avoir recherchées, ce serait de la plus pure hypocrisie.