J'ai lu le premier tome de
La Jeunesse de Durango, scénarisé par Swolfs et dessiné par Surzhenko, connu pour son travail sur
Thorgal.
Ce sera un triptyque, il n'est donc pas étonnant que ce 1er album serve surtout de mise en place des décors et des personnages. On voit finalement assez peu le futur Durango : il ouvre l'album et le ferme, avec des apparitions principalement en second plan dans l'essentiel de l'album. Peu de détails biographiques sont révélés : on comprend que c'est un cowboy un peu vagabond, une sorte de journalier qui va de ranch en ranch louer ses services, affublé d'une tenue râpée et d'un vieux Colt 1860 bricolé (l'aventure se passe en 1886), légué par son oncle (il est donc non seulement bohème mais aussi un peu orphelin sans doute...).
Cette longue scène d'exposition n'est pas désagréable à lire ni avare en coups de feu, pétarades et criblages de plomb en tout genre, avec force éclaboussures d'hémoglobine. (J'ai compté 20 ou 21 morts.) On est bien dans du Durango.
Un mystérieux tueur à fusil à lunette et catogan abat des cowboys des différents propriétaires terriens du coin (nord du Texas), semble-t-il pour les dresser les uns contre les autres dans une guerre des éleveurs : Warren, chez qui Durango est engagé, père de deux filles, les Belvins, ramassis de crapules, dirigés par un vieux patriarche confédéré et les Wessbury, une famille métis cherokees au sang chaud qui élèvent des moutons et subissent le mépris ambiant pour leur race. En parallèle, on rencontre un courtier en assurances à l'air patelin qui fait du gringue à l'aînée des filles Warren, une bande d'arpenteurs cherchant du pétrole sur les terres des ranchs... Bref, du classique, des personnages charismatiques, un pot pourri d'ingrédients en fermentation qui promet une suite intéressante.
Niveau dessin c'est un peu en-deçà de mes attentes : on a certaines belles cases et d'autres un peu plus faibles (
lazy diraient les anglo-saxons : voir la 2e case de la p.4, ou les visages à la lueur du feu des pp.21 et 35, par exemple), de belles trognes de cowboys et des paysages qui font plus penser à l'Arizona et à Monument Valley qu'aux mornes plaines texanes autour de Guthrie. Mais c'est pour le show ! Cela reste néanmoins honorable et pas déconnecté du style originel de Swolfs, même si le nez rond d'adolescent de Durango est assez surprenant (il ne lui manque que les boutons d'acné
).
La mise en scène est plutôt classique et légèrement moderne, cela alterne entre 3 et 4 bandes, avec des cases qui peuvent s'étendent sur toute la largeur de la page et servent de support à des vignettes.
Le point faible principal reste la couleur : trop vive (le pantalon ou la chemise bleu vif de Durango pour commencer) et parfois ratée (des zones de dégradé dans la robe des chevaux qui sentent leur fonction "flou" de Photoshop par exemple). De ce point de vue, cela jure avec les couleurs éteintes et ternes de la série-mère, qui sont plus adaptées à l'atmosphère western spaghetti qu'a toujours recherchée
Durango. Ensuite, même si le lettrage en soi est plutôt bien fait, on voit également qu'il a été fait par ordinateur (mais çsi ça ne fait pas
typographié), ce qui donne toujours aux bulles un aspect un peu surdimensionné et à moitié vide.
Globalement une bonne BD western, j'attends la suite.