Raymond a écrit:Julie Birmant et Pierre Fouillet viennent de sortir un bel album sur l'histoire du cubisme. Cela s'intitule les Aventuriers du Cubisme.
C'est un album qui m'a tenté, mais il y a tellement de livres tentants en ce moment ...
Curieusement, ActuaBD le commente assez sévèrement :
https://www.actuabd.com/Les-aventuriers-du-cubisme-ou-l-avenement-confus-du-modernisme
J'ai lu ce lien Actua BD, merci Raymond. Il est vrai que tenter de trouver une cohérence dans les tentatives picturales post-cézanniennes peut mener à l'échec. Mais s'il y a un fil rouge, j'ai une hypothèse : tous ces peintres luttaient rageusement "contre". Contre quoi ? Eh bien j'ai une abondante photothèque de reproductions d'art que j'appelle "Art Nouveau", de 1870 à 1910, avec pour sous-titres "Paganisme, érotisme, femme fatale, décadentisme". En fait cet art est celui qui régna dans les Salons et qui irritait au dernier degré presque tous les Nabis, Fauves, Cubistes. Totalement dévalorisé jusqu'à récemment par le triomphe de Picasso, de ces cubistes et de leurs avatars, il compta pourtant de brillants peintres. Comme par hasard, on les redécouvre : Burne-Jones, Puvis de Chavanne, Arnold Böcklin, Hans Makart, Félicien Rops, James Tissot, Jean-Léon Gérôme, Gustave Moreau, Lecomte du Noüy, Cabanel, Félix Vallotton, Franz von Stück, etc. etc. et leur point commun là est très net et horripilait les futurs "modernes" : les femmes nues et très érotisées du "paganisme", exaltées par un style "léché". Les "Demoiselles d'Avignon" ont beau n'être que les prostituées d'un bordel, comme on sait, les voir est un tue-l'amour, et en un sens c'est le but. Et d'autant plus de par leur statut dégradant. Je veux dire qu'il y a un soupçon de puritanisme derrière tout ce rejet des "ravissantes anatomies féminines", y compris au profit de la crudité sexuelle (chez Picasso, souvent). Bien sûr il y eut des héritiers de l'"art païen", Vallotton, Modigliani, Foujita, Van Dongen entre autres "résistants au cubisme". Enfin bref, ce n'est qu'une théorie personnelle.
A propos de Degas, je voudrais signaler tout de même les aspects contradictoires du personnage : familier des remarques assassines de toutes sortes, souvent misogynes à l'extrême, il applaudissait pourtant au talent de Berthe Morisot et fit partie de son cercle d'amis proches qui venaient à ses "Jeudis".