Quelle ironie du sort ! Je me souviens que lorsqu'on a créé ce sujet en 2009, le titre (Murena a t-il remplacé Alix) était tout à fait justifié. Les albums d'Alix n'étaient alors pas convaincants tandis que les splendides histoires de Murena attiraient tous les regards ! Mais 15 ans après, la question ne se pose plus du tout. Alix a en effet repris de la vigueur, grâce aux albums de Marc Jailloux et aux scénarios de Valérie Mangin, tandis que Murena survit difficilement depuis le décès de Philippe Delaby car ses albums deviennent rares.
Mais je vais laisser ce vieux titre, auquel nous nous sommes maintenant habitués.
Parlons donc du 12e tome de Murena qui s'intitule
Mort d'un sage. Ce titre évoque un moment bien précis de l'histoire de Néron, lorsque ce dernier se libère définitivement de la tutelle de son vieux mentor
Sénèque en le faisant mourir. L'album se consacre de nouveau à la grande histoire !
Une fois de plus, le personnage principal du récit n'est pas Murena, mais bien Néron. Jean Dufaux continue à nous le présenter comme un homme raisonnable et intelligent, même s'il est parfois débordé par ses passions. C'est sans aucun doute le principal intérêt de cette série, qui reprend le thème de Quo Vadis tout en essayant d'en donner une version plus proche de la réalité. Les historiens ont avancé diverses théories sur le véritable règne de Néron et Jean Dufaux en tient compte avec gourmandise. Ile ne se gêne pas de modifier parfois certaines faits mais il place à la fin de chaque album un petit glossaire qui rétablit la réalité de certains événements historiques
L'intrigue est assez touffue, car les personnages sont nombreux, mais il n'est pas désagréable de relire les albums précédents. Le récit contient un entrelac d'intrigues et d'affrontements, tous motivées par une volonté de conquérir le pouvoir, et le personnage le plus habile à ce jeu (dans l'album) semble bien être le sinistre Tigelin. Mais l'histoire n'est bien sûr pas achevée.
L'autre vedette de cet album, c'est le dessinateur Thèo qui continue a fournir des images splendides et inspirées de la Rome antique. On lui pardonne presque la longue attente (4 ans) qu'il nous a fait subir depuis le précédent opus. Ses palais aux couleurs décadentes et ses rues romaines grouillantes de vie sont un régal pour les yeux.
L'album se termine avec une postface de Jean Dufaux qui est presque inquiétante car ce dernier n'est plus de la première jeunesse (il a 75 ans ans). Le scénariste explique que le troisième cycle se termine (avec un nouveau départ en exil de Murena), et qu'il reste un dernier cycle qu'il espère pouvoir mener jusqu'à sa fin. Le lecteur devrait y rencontrer certaines surprises mais je ne peux m'empêcher de m'interroger sur le délai d'attente que l'on va de nouveau nous imposer. Après la disparition prématurées de son dessinateur d'origine, la série sera t-elle achevée par son scénariste fondateur ?