Raymond a écrit:Peux t-on publier une histoire de 150 pages en BD, sans prépublication ?
Je ne suis pas éditeur, mais
Justement, sois éditeur et mets les mains dans le cambouis pour te rendre compte des problèmes. Je te l'ai dit plus haut : lance-toi, applique tes recettes, montre aux autres éditeurs comment il faut procéder, et après on pourra en parler...
Raymond a écrit:j'observe tout de même ce qui se publie. Alors je vais donner quelques exemples. Des gros livres, de 150 pages ou plus, proposant du matériel inédit, cela se fait souvent.
Hola hola, je m'attendais à cette avalanche d'exemples destinés à apporter la contradiction. Et je vois qu'on ne parle pas de la même chose ! (comme toujours). Prenons ce seul exemple, parmi ceux que tu cites (je ne prends pas exprès un exemple facilement "retournable" ; je prends simplement le premier dans ta liste) :
Raymond a écrit:Premier exemple : un livre qui a obtenu un énorme succès ! Blankets, par Craig Thompson, un énorme pavé autobiographique faisant plus de 500 pages. Casterman l'a publié en 2003.
Casterman a publié cet album en français. Facile, le matériel existait déjà, puisqu'il a été édité aux Etats-Unis ! Je parle (nous parlons, je pense) d'édition en France d'une BD INEDITE, d'une création complète.
En outre, c'est Casterman. Pas le premier éditeur venu ! Il a les moyens, quoiqu'il en soit. Et donc, on en revient à ce que je disais quelques posts plus haut : ce n'est pas n'importe quel éditeur qui peut se lancer dans un tel projet. Sans parler que ce n'est donc qu'une traduction d'un ouvrage déjà existant.
Raymond a écrit:Craig Thompson n'a pas été prépublié à la connaissance.
Je pense que tu veux écrire "à
ma connaissance" ?
Voir plus haut, je l'indique. Oui, il a été prépublié. Aux Etats-Unis.
Raymond a écrit:Comment a t-il vécu en dessinant tout ça ? Je n'ai pas de réponse.
Moi non plus je n'ai pas de réponse, et je ne veux pas chercher. A toi de trouver la réponse et de nous la donner ici pour défendre ton point de vue avec cet exemple. Car évidemment il y a un truc, qui fait que cet exemple ne pourrait pas être reproduit en France avec une BD inédite de 500 pages. Le truc classique : Craig Thompson a réalisé cette BD le soir chez lui, en rentrant du boulot, et son boulot, c'est boucher charcutier, ou trader, ou percepteur des impôts, ou ce que tu veux, mais il a un métier qui lui rapporte un salaire régulier et suffisant. Le rêve de tout éditeur : engager un auteur qui a déjà un métier à côté, ou qui vit chez ses parents et à leurs crochets, ou un rentier, ou un gigolo, etc, et qu'on n'a pas à payer ! Facile ! Y'a qu'à.
En outre, je remarque que :
- c'est en Noir et blanc. Ben oui, encore facile ! Ca coûte beaucoup, beaucoup moins cher, puisqu'il ne faut pas payer de coloriste (et donc c'est plus vite réalisé puisqu'il n'y a pas le temps de la mise en couleur), et à la fabrication, ça coûte 4 fois moins cher. Dans ces conditions, des albums N&B, je t'en sors un toutes les semaines si tu veux (je parle au niveau fabrication, frais techniques).
- c'est une autobiographie du gars dans sa vie intime ; donc : recherche documentaire minimale, voire inexistante, tant pour rechercher une intrigue et des péripéties que pour rechercher des photos pour les décors, etc. Une sacrée part du boulot en moins à faire ! Cela dit, pourquoi pas, je n'écarte pas ce type de BD, mais il faut relativiser le temps passé sur la BD. En revanche, demande à qui que ce soit de réaliser d'un bloc un 500 pages avec les aventures de Buck Danny, tu m'en diras des nouvelles.
- en faisant une recherche sur Internet, j'apprends que cet album a suscité une polémique aux Etats-Unis, car il a été accusé de pornographie. Eh oui ! Toujours les bonnes recettes pour vendre beaucoup et facilement ! Un peu de cul, un peu de scandale, et tu es sûr de vendre pas mal d'albums. Casterman flaire le truc, et se dit : "Tiens tiens, voilà une bonne affaire". C'est tout, c'est simple, c'est clair.
Bilan : cet exemple n'est pas bon.