Connaissez-vous Jean Trubert ?

Il y a des dessinateurs que l'on connait surtout par les articles qu'écrivent les historiens de la bande dessinée. C'est le cas en particulier pour de nombreux classiques américains, même si les rééditions "tout azimut" et les mises en ligne sur Internet nous permettent peu à peu ce combler le retard.

Du côté de la BD franco-belge, les "inconnus célèbres existent également, même s'ils sont moins nombreux. Parmi les dessinateurs qu'il faudrait découvrir, on peut citer les noms de Raymond Cazanave, de Noel Gloesner ou de Jean Trubert.

Comment présenter Jean Trubert ? Peut être en reprenant les choses par le début. Je l'ai en fait découvert à la fin des années 70, lorsque Glénat avait édité un album du chevalier Printemps. Malheureusement, cette édition en noir et blanc n'avait pas le charme de la BD originale en couleurs. Je me demandais pourquoi cet auteur avait droit à tellement d'éloges ?



J'ai tout de même acheté cet album en occase quelques années plus tard et ... je n'avais pas été franchement séduit. Je n'ai apprécié cette BD que bien plus tard, en lisant les journaux qui l'avaient publiée.

Et vous ! Connaissez vous les BD de Jean Trubert ?

Raymond a écrit:

Et vous ! Connaissez vous les BD de Jean Trubert ?

Naturellement, comment passer à côté de l'oeuvre d'un dessinateur / illustrateur aussi talentueux !!

Je recommande d'ailleurs la lecture du beau livre / hommage que sa fille Chantal a publié en 2005 aux Editions de l'Age d'Or.

Je connais mais je n'ai pas ce gros livre sur Jean Trubert. Il est assez coûteux, mais ... un jour, peut être.

La première BD de Trubert qui m'ait intéressé n'est pas très connue. Elle s'intitule Boby Poirier.



C'est pendant les années 90 que je me suis mis à acheter des reliures du journal Vaillant, pour découvrir les oeuvres de dessinateurs que j'aimais bien et qui n'étaient pas souvent publiés en album, comme Coelho, Cézard ou Poïvet. Au milieu de ces belles et impressionnantes BD réalistes publiées en grand format, il y avait cette curieuse série qui racontait les efforts d'un groupe de jeunes pour reconstruire une école. Malgré le trait simplifié de Trubert, proche du style comique, ce récit était au fond plus réaliste que les exploits des Pionniers de l'Espérance.



Il n'y a pas beaucoup d'humour, dans Boby Poirier, ni beaucoup d'aventures non plus, d'ailleurs. C'est surtout une BD qui capte bien l'ambiance de la vie quotidienne, dans le milieu des enfants d'ouvriers. Les lecteurs du journal Vaillant pendant les années 50 devaient y retrouver un peu leur monde, même si c'était très idéalisé. C'est en tout cas une oeuvre qui a gardé un certain charme, et cela est dû en grande partie au talent du dessinateur.

Raymond a écrit:Je connais mais je n'ai pas ce gros livre sur Jean Trubert. Il est assez coûteux, mais ... un jour, peut être.

La version normale n'est pas d'un prix très élevé (par contre, on ne peut pas dire que ce soit un "gros livre" car il ne fait qu'une soixantaine de pages !!).

Trubert collabora également au journal Tintin : ainsi, en 1949, l'hebdomadaire commença la publication de son célèbre "Don Quichotte".

Trubert a réalisé de nombreuses BD de cette manière, "à l'ancienne" (si on peut dire), avec le texte en dessous de l'image.

Sinon, je réalise qu'il a publié dans la majorité des hebdomadaire BD des années 50 et 50 : Tintin, Vaillant, Bravo, Pierrot, Pilote, Coq Hardi ... Il n'y a guère que Spirou où il n'a pas travaillé.

Parlons un peu de Chevalier Printemps, qui est probablement la grande série de Jean Trubert. Glénat a publié en album une des histoires de la série, mais cette édition en noir et blanc ne permet pas d'en percevoir le charme. C'est en achetant une reliure du journal Bravo (il y a une quinzaine d'années) que j'ai retrouvé par hasard le Chevalier Printemps. Dans le numéro 5 de février 1949, on peut même y lire les débuts de la série. Voici la première page :



Chevalier Printemps est une série médiévale qui fait souvent appel à la féerie. Dessinée "au trait", dans un style très simple qui est proche de celui de Peyo, et racontée avec le ton aimable d'un trouvère, la série appartient au genre héroï-comique. Elle séduit par son ingénuité, mais aussi par son souffle épique, et parfois par le décalage humoristique dû à l'apparence de certains personnages.

Sinon, il faut encore savoir que le chevalier Printemps a été élevé pendant son adolescence par des fées, que ces dernières l'ont protégé et qu'elles lui ont appris à combattre. Et puis surtout, il a reçu une épée magique qui lui permet de gagner contre des adversaires plus puissants, et ainsi d'accomplir divers exploits.



Avec cette reliure de Bravo, je possède les 9 premières pages de cette série qu'il est malheureusement difficile (voir même impossible) de lire en entier. Jean Trubert a dessiné Chevalier Printemps pendant 7 à 8 années et, selon le dictionnaire de Patrick Gaumer, cette BD a connu de nombreux changements de journaux. Elle a débuté dans Baby Journal, puis s'est poursuivie dans Bravo, dans Pierrot, dans Cricri, dans Nano et Nanette et enfin dans Femmes d'aujourd'hui. N'en jetez plus !

Comme il existe un club des amis de Jean Trubert, peut être viendra t-il une fois à quelqu'un l'idée de rééditer (en couleurs) cette belle série.

En attendant, voici à quoi ressemble une page du Chevalier Printemps dans l'album édité par Glénat.



Vous me direz que ce n'est pas si mal mais ... je trouve que le dessin de Trubert gagne à être mis en couleur. Il acquiert ainsi davantage de relief.

Oui, c'est incontestable. En noir et blanc, c'est un peu tristounet.

En 1955, le journal "Pierrot" fit paraître une histoire intitulée "Titi Pomme".


En voici quelques planches qui furent publiées en noir et blanc.


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Dans les reliures que je possède (peut être plus tardives), l'histoire est en couleurs.

Oui, tout à fait étonnant cette façon de procéder.

Ce serait certainement intéressant que tu nous en montres un échantillonage.

Treblig a écrit:Oui, tout à fait étonnant cette façon de procéder.

Ce serait certainement intéressant que tu nous en montres un échantillonage.

Je vais le faire, mais ce sera assez tard pendant la soirée. J'ai malheureusement un colloque avant de pouvoir rentrer chez moi.

Rien ne presse, Raymond.

Voilà ! j'ai retrouvé mes reliures de Pierrot.

Titi Pomme n'est pas une série que j'ai regardé avec grand attention à l'époque. Elles n'est d'ailleurs pas très connue. Maintenant que je la relis, je constate que dans la reliure N° 8 (journaux N° 71 à 83 en 1955), les journaux proposent des pages en couleurs en alternance avec des pages en noir et blanc.

Voici par exemple le N° 71. La première planche de Titi Pomme est en couleur.



La seconde page (au verso) est en revanche en noir et blanc. Je ne m'en souvenais pas.



En fin de reliure, les journaux n'offre plus qu'une page de Titi Pomme, et elle est en noir et blanc. Les pages couleurs sont donc une exception plutôt que la régle, mais c'est tout de même à celles-ci que j'avais prêté le plus d'attention.

Merci pour ces images.

Il existe quelques albums intéressants de Jean Trubert, qui sont bien sûr tous épuisés. On les trouve parfois sur eBay pour pas très cher, car Trubert n'est pas très coté. Il y a Chevalier Printemps bien sûr, dont j'ai déjà parlé, et on peut aussi mentionner L'étroit Mousquetaire, un récit parodique scénarisé par Marijac. Je crois qu'il a d'abord été prépublié dans Nano et Nanette.



Le scénario correspond en fait à la première partie des Trois Mousquetaires (à savoir les Ferrets de la Reine) mais il est détourné d'une manière parodique. D'Artagnan y est remplacé par le jeune d'Artaban, un enfant rondouillard et vaniteux qui est incapable de tenir une épée. Toutefois, d'Artaban est pourvu d'une chance incroyable et, de plus, il est protégé par Athos, Porthos et Aramis qui trouvent avantageux de faire passer cet enfant inoffensif pour un redoutable bretteur. Toutes ces circonstances permettent au chenapan de gagner sans faillir tous ses combats.



Bon, il faut reconnaître que tout cela est très léger et assez enfantin. Cela me fait un peut penser à Bibi Fricotin (celui qui est dessiné par Lacroix), une BD de mon enfance qui a bien vieilli elle aussi. Le dessin de Trubert est efficace, sans plus, et la série n'a pas le charme romantique du Chevalier Printemps.

Une autre histoire est parue dans Nano et Nanette. Il s'agit des Petits Révoltés du Bounty, et elle est également parue en album pendant les années 60.



Je n'ai pas cet album et il m'est donc difficile de le commenter. Le scénario étant de Marijac, je pense qu'on y retrouve exactement le même style que dans l'Etroit Mousquetaire.

Voici une autre série de Trubert qui s'intitule Mousse et Boule. Elle a commencé dans l'hebdomadaire Bravo, puis elle a été publiée dans Femmes d'aujourd'hui. Il y a eu en tout quatre aventures, dont deux qui ont été reprises en album couleur pendant les années 60.



Ces histoires sont scénarisées par une dame qui se nomme Edith Barnaud. Elles racontent les aimables aventures de Mousse et Boule, deux écoliers pleins d'audace qui vivent dans la province française et qui cherchent à résoudre diverses énigmes.



Cette série est bien sûr assez datée. C'est à nouveau une BD qui me fait penser au Bibi Fricotin de Lacroix, car on y retrouve la même légèreté. Ce sont avant tout des histoires pour enfants et elles se distinguent par leur absence totale de prétention.

Une illustration pour un conte publié par le journal Tintin en 1950 à l'occasion de Pâques.

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Les illustrations sont en fait plus jolies que les BD.

Tu trouves !! Pour ma part, j'aime bien les unes et les autres.

Une autre série de Trubert a été publiée dans Pierrot. Elle s'intitule Pierrot et Jacquot, mais s'appelait au départ "Jacky et Jacquot" dans de précédents journaux (comme l'Equipe Junior).



Je ne connais que des fragments de cette série qui met en vedette un jeune homme et son perroquet. Elle est complètement oubliée mais elle ne manque pas de charme.

En parcourant le site Bandes dessinées oubliées, j'ai réalisé que Trubert avait également publié trois histoires courtes dans Pilote. La première d'entre elles s'intitule Roderic 007 et j'avais complètement oublié ce personnage.



Le titre évoque bien sûr une histoire à la James Bond et j'ai été bien surpris de me retrouver devant une BD médiévale.



L'histoire est plutôt alambiquée et bien sûr entièrement parodique. Roderic 007 se révèle finalement être un espion à la solde du roi et tout cela est complètement irréel. Trubert aimait bien dessiner des BD toutes simples et humoristiques.