Selon le récent sondage qui a été fait dans le forum, les Ecorcheurs serait le meilleur album de Jhen. C’est un résultat qui me ravit, bien sûr. J’adore cette histoire dont la simplicité, le punch et la vraisemblance touchent à la perfection
Au départ, Jacques Martin s’est inspiré d’un phénomène dramatique survenu à la fin de la Guerre de Cent Ans. En se désengageant progressivement d’un conflit qui paraissait sans issue, les rois de France et d’Angleterre s’étaient débarrassés d’une partie de leurs mercenaires. Des compagnies entières de soldats se retrouvèrent sans ressource et se transformèrent aussitôt en hordes de pillards qui ravagèrent les campagnes françaises. Devant la cruauté de ces guerriers, l’histoire leur a laissé le nom d’écorcheurs et Jacques Martin décrit avec réalisme le comportement sanguinaire de ces bandes de soudards.
C’est ainsi que Jhen se retrouve sollicité par un seigneur qui souhaite renforcer les murailles de sa cité. La vile se retrouve très vite encerclée par une armée d’écorcheurs et l’aventure devient simplement le récit d’un siège militaire, puis d’une succession d’assauts qui se poursuivent pendant plusieurs semaines. Le récit prend par moments un caractère didactique. Ceci permet à Jean Pleyers de dessiner avec sa minutie coutumière les murailles, le déploiement des soldats et les machines de jets qui zèbrent le ciel de leurs projectiles.
Comme d’habitude, Jean Pleyers multiplie les détails qui précisent les décors et des costumes. Certaines cases pourraient d’ailleurs apparaître surchargées mais la sophistication du dessin ne lui enlève pas sa lisibilité. La progression toute simple d’une armée en pleine campagne acquiert ainsi l’ampleur et l’élégance d’un tableau.
Loin de se contenter de faire de belles images, le tandem Martin - Pleyers joue aussi avec la mise en page. Les auteurs explorent les possibilités du 9e art et on découvre quelques séquences audacieuses. Il y a par exemple cet assaut nocturne des remparts qui est décrit par une succession de grandes cases étroites et verticales. Elles s’étendent sur toute la hauteur de la page et on devine dans cette BD la jubilation de la création.
Un bon récit doit aussi présenter des personnages forts et Jacques Martin crée à cette occasion quelques caractères marquants. Les alliés sont aussi dangereux que les adversaires et Conrad Tierstein, le terrible chef des écorcheurs, parait presque un peu tendre en face du féroce Gilles de Rais. Le sire de la Méhargne, prévôt royal, apparait encore plus ambigu même si son rôle reste finalement effacé. Par un bel effet de contraste, le rôle vedette ne revient pas aux prédateurs mais à un simple couple d’amoureux. Parfait et Ariana vivent une brève et tragique histoire d’amour dans ce monde en guerre et cette intrigue secondaire apporte une nuance d’humanité.
Finalement, le siège se termine grâce l’intervention de Gilles de Rais, qui est venu à la rescousse de son architecte. Les méfaits de Barbe Bleue reprennent le devant de la scène et Jhen découvre de nouvelles abominations contre lesquelles il reste étrangement impuissant. Il ne se rebellera qu’au cours de l’album suivant, intitulé Barbe Bleue, mais c’est une autre histoire.
Tel est cet album que je place donc (moi aussi) en toute première place dans la série. En fait, les Ecorcheurs sont une parenthèse bienvenue au milieu de la longue et sinistre saga de Gilles de Rais. Jacques Martin nous y fait découvrir le royaume de France qui est épuisé à la fin de la Guerre de Cent Ans, et il décrit un Moyen Âge élégant et sanguinaire qui dépasse tout ce que l’on pouvait imaginer. Les moeurs de Gilles de Rais n'étaient au fond que le résultat de son époque, et le connétable n'avait pas le monopole de la férocité.
Au départ, Jacques Martin s’est inspiré d’un phénomène dramatique survenu à la fin de la Guerre de Cent Ans. En se désengageant progressivement d’un conflit qui paraissait sans issue, les rois de France et d’Angleterre s’étaient débarrassés d’une partie de leurs mercenaires. Des compagnies entières de soldats se retrouvèrent sans ressource et se transformèrent aussitôt en hordes de pillards qui ravagèrent les campagnes françaises. Devant la cruauté de ces guerriers, l’histoire leur a laissé le nom d’écorcheurs et Jacques Martin décrit avec réalisme le comportement sanguinaire de ces bandes de soudards.
C’est ainsi que Jhen se retrouve sollicité par un seigneur qui souhaite renforcer les murailles de sa cité. La vile se retrouve très vite encerclée par une armée d’écorcheurs et l’aventure devient simplement le récit d’un siège militaire, puis d’une succession d’assauts qui se poursuivent pendant plusieurs semaines. Le récit prend par moments un caractère didactique. Ceci permet à Jean Pleyers de dessiner avec sa minutie coutumière les murailles, le déploiement des soldats et les machines de jets qui zèbrent le ciel de leurs projectiles.
Comme d’habitude, Jean Pleyers multiplie les détails qui précisent les décors et des costumes. Certaines cases pourraient d’ailleurs apparaître surchargées mais la sophistication du dessin ne lui enlève pas sa lisibilité. La progression toute simple d’une armée en pleine campagne acquiert ainsi l’ampleur et l’élégance d’un tableau.
Loin de se contenter de faire de belles images, le tandem Martin - Pleyers joue aussi avec la mise en page. Les auteurs explorent les possibilités du 9e art et on découvre quelques séquences audacieuses. Il y a par exemple cet assaut nocturne des remparts qui est décrit par une succession de grandes cases étroites et verticales. Elles s’étendent sur toute la hauteur de la page et on devine dans cette BD la jubilation de la création.
Un bon récit doit aussi présenter des personnages forts et Jacques Martin crée à cette occasion quelques caractères marquants. Les alliés sont aussi dangereux que les adversaires et Conrad Tierstein, le terrible chef des écorcheurs, parait presque un peu tendre en face du féroce Gilles de Rais. Le sire de la Méhargne, prévôt royal, apparait encore plus ambigu même si son rôle reste finalement effacé. Par un bel effet de contraste, le rôle vedette ne revient pas aux prédateurs mais à un simple couple d’amoureux. Parfait et Ariana vivent une brève et tragique histoire d’amour dans ce monde en guerre et cette intrigue secondaire apporte une nuance d’humanité.
Finalement, le siège se termine grâce l’intervention de Gilles de Rais, qui est venu à la rescousse de son architecte. Les méfaits de Barbe Bleue reprennent le devant de la scène et Jhen découvre de nouvelles abominations contre lesquelles il reste étrangement impuissant. Il ne se rebellera qu’au cours de l’album suivant, intitulé Barbe Bleue, mais c’est une autre histoire.
Tel est cet album que je place donc (moi aussi) en toute première place dans la série. En fait, les Ecorcheurs sont une parenthèse bienvenue au milieu de la longue et sinistre saga de Gilles de Rais. Jacques Martin nous y fait découvrir le royaume de France qui est épuisé à la fin de la Guerre de Cent Ans, et il décrit un Moyen Âge élégant et sanguinaire qui dépasse tout ce que l’on pouvait imaginer. Les moeurs de Gilles de Rais n'étaient au fond que le résultat de son époque, et le connétable n'avait pas le monopole de la férocité.
Dernière édition par Raymond le Dim 10 Aoû - 23:56, édité 1 fois