Napoléon était un chef entreprenant et imprévisible. Capable pendant sa campagne d'Italie de transformer une troupe loqueteuse en une armée victorieuse, il s'est ensuite lancé dans l'expédition la plus extravagante (pour ne pas dire catastrophique) que l'on puisse imaginer avec sa fameuse campagne d'Egypte. Les historiens racontent souvent ses victoires militaires, mais l'isolement de cette expédition et la destruction de la flotte française à Aboukir révèlent une réalité plus cruelle, qui est celle d'un désastre stratégique.
L'Oeil de Khéops raconte ainsi cette aventure napoléonienne, en suivant le regard d'Arno qui se désintéresse de la guerre et qui essaie d'échapper à ses adversaires du "Pique Rouge". Jacques Martin détaille avec précision les principaux événements de cette campagne et au début du récit, il semble vouloir nous donner un cours d'histoire.
En relisant récemment cet album, j'ai toutefois été frappé par la pertinence du regard, et par cette ambiance que l'album nous restitue. Plus qu'une expédition militaire, Jacques Martin nous raconte la découverte de l'Orient, de la chaleur, du sable, des bédouins et des pyramides par des européens déphasés. Arno nous permet de découvrir une Egypte encore mystérieuse, et le personnage s'intéresse d'une façon distante aux événements historiques.
Dans ce récit d'ambiance, Juillard donne la pleine mesure de son talent. Les lieux et les personnages sont dessinés avec précision et sensualité. J'avais le souvenir d'un album très "archéologique" mais le dessinateur s'intéresse plus souvent aux bédouins, aux rives du Nil ou aux déplacement des soldats. Il dessine tout de même des vieilles pierres, et ces images sont mémorables.
En revoyant certaines de ces cases, je me suis mis à penser aux lithographies de David Roberts, qui a consacré sa carrière à l'Orient au 19ème siècle. Je ne pense pas que Juillard s'en soit inspiré, mais on en retrouve bien l'ambiance.
Dans mes souvenirs, c'est en dessinant cet album que Juillard acquiert le métier d'un grand auteur. On peut remarquer que son style se simplifie pendant cet album(peut être d'ailleurs sous l'influence de Jacques Martin ?). Au début du récit, ses vignettes sont parfois trop fouillées, et elles fourmillent de détails. Peu à peu, toutefois, il se met à dessiner de grandes images aux motifs simples et équilibrés, soulignées par des couleurs pures. Le maître a enfin trouvé son style.
Au moment de sa parution, l'Oeil de Khéops avait été une divine surprise, un album presque parfait. Je n'irais peut être pas aussi loin aujourd'hui, car il me semble que Juillard a encore réalisé de meilleures BD par la suite, mais ce livre reste tout de même un moment privilégié. C'est un des rares récits de Jacques Martin qui soit mis en images par un artiste raffiné et capable d'imposer sa manière propre. C'est par ailleurs un des meilleurs scénarios que Juillard ait eu à dessiner, et même après plusieurs lectures, j'y trouve encore des détails intéressants.
Mais tout cela est assez banal. Je pense que tout le monde ici va dire du bien de cet album.
L'Oeil de Khéops raconte ainsi cette aventure napoléonienne, en suivant le regard d'Arno qui se désintéresse de la guerre et qui essaie d'échapper à ses adversaires du "Pique Rouge". Jacques Martin détaille avec précision les principaux événements de cette campagne et au début du récit, il semble vouloir nous donner un cours d'histoire.
En relisant récemment cet album, j'ai toutefois été frappé par la pertinence du regard, et par cette ambiance que l'album nous restitue. Plus qu'une expédition militaire, Jacques Martin nous raconte la découverte de l'Orient, de la chaleur, du sable, des bédouins et des pyramides par des européens déphasés. Arno nous permet de découvrir une Egypte encore mystérieuse, et le personnage s'intéresse d'une façon distante aux événements historiques.
Dans ce récit d'ambiance, Juillard donne la pleine mesure de son talent. Les lieux et les personnages sont dessinés avec précision et sensualité. J'avais le souvenir d'un album très "archéologique" mais le dessinateur s'intéresse plus souvent aux bédouins, aux rives du Nil ou aux déplacement des soldats. Il dessine tout de même des vieilles pierres, et ces images sont mémorables.
En revoyant certaines de ces cases, je me suis mis à penser aux lithographies de David Roberts, qui a consacré sa carrière à l'Orient au 19ème siècle. Je ne pense pas que Juillard s'en soit inspiré, mais on en retrouve bien l'ambiance.
Dans mes souvenirs, c'est en dessinant cet album que Juillard acquiert le métier d'un grand auteur. On peut remarquer que son style se simplifie pendant cet album(peut être d'ailleurs sous l'influence de Jacques Martin ?). Au début du récit, ses vignettes sont parfois trop fouillées, et elles fourmillent de détails. Peu à peu, toutefois, il se met à dessiner de grandes images aux motifs simples et équilibrés, soulignées par des couleurs pures. Le maître a enfin trouvé son style.
Au moment de sa parution, l'Oeil de Khéops avait été une divine surprise, un album presque parfait. Je n'irais peut être pas aussi loin aujourd'hui, car il me semble que Juillard a encore réalisé de meilleures BD par la suite, mais ce livre reste tout de même un moment privilégié. C'est un des rares récits de Jacques Martin qui soit mis en images par un artiste raffiné et capable d'imposer sa manière propre. C'est par ailleurs un des meilleurs scénarios que Juillard ait eu à dessiner, et même après plusieurs lectures, j'y trouve encore des détails intéressants.
Mais tout cela est assez banal. Je pense que tout le monde ici va dire du bien de cet album.