En attendant la relecture, voici le post que j'avais écrit dans le précédent forum. C'était une chronique "à chaud".
Au début de l'album, il y a une impression de déjà vu, voir de remake de la Marque Jaune. Ce n'est pas désagréable (bien au contraire), mais Jacques Martin intégrait dans ses histoires des lieux ou des choses qu'il avait observé lui-même sur place, et cela donnait une impression de vécu. Dans cet album, il y a plutôt une reconstitution (d'après documents) du Londres des années 50, et le résultat est différent. Je dirais qu'il y a peu de surprise, et que tout est attendu (les voitures d'époque, Winston Churchill, Big Ben, les "cops"... ). Une chose manque tout de même, c'est le brouillard, qui était omniprésent à Londres dans ces années là (maintenant, il n'y en a moins car on utilise moins le charbon). Ce Londres illustré avec des couleurs fraiches me laisse une impression curieuse, et c'est peut être un des points faibles de l'album.
Par la suite, l'intrigue avance vite, et tout est centré sur l'action. Il manque parfois ces temps morts, ou ces détails observés qui renforcent l'impression de réalisme. Le final en revanche est superbe, en particulier les 4-5 dernières pages qui m'ont beaucoup plu. J'ai bien aimé cette double narration, avec ce dialogue entre l'enfant et le computer en récitatif , parallèlement aux actions des personnages qui sont montrée en images. J'ai trouvé le dénouement assez original, même si c'est irréaliste, puisqu'à cette époque, ni l'informatique ni les biosciences n'étaient capables des performances réalisées dans cette histoire.
Je n'ai pas trop réfléchi à vos remarques sur le temps, car je me suis uniquement intéressé au "thriller". Effectivement, il semble que tout se passe en un jour, et cela peut dinimuer la crédibilité de l'histoire. Mais dans le fonds, est-ce qu'on y croit, à ce récit ? Pour ma part, ce n'est pas le cas, pour différentes raisons. Cet aspect peu crédible ne me gêne cependant pas, car c'est un Lefranc à l'ancienne, avec un récit un peu naïf, à lire au premier degré. Il ne faut pas trop l'analyser, car il y a de multiples détails qui montrent que cette histoire ne tient pas. Par exemple, Le scénariste ne tient pas compte de ce que les historiens savent sur la science des nazis, et cela me gêne. La bombe atomique qu'on leur fait fabriquer, c'est absolument invraisemblable, et je n'arrive pas à y croire une seconde. J'ai donc tendance à considérer cela comme une BD ancienne, avec ses naivetés pardonnables, qui nous offre surtout le plaisir du "revival".
Les nouveaux personnages sont plutôt intéressants. On retrouve un enfant, mais avec un caratère plus typé que Jeanjean, et sa présence est moins artificielle. On a envie de le retrouver dans d'autres histoires. Les méchants sont un peu conventionnels, mais le personnage féminin pourrait offrir d'autres idées de scénario, et permettre d'éviter le sempiternel Axel Borg. Quant au Dr Mengel (e), c'est un méchant qui ne fait pas peur. Je trouve que ce stéréotype manque un peu de chair, et je ne regrette pas sa disparition
Par rapport au dessin, je ne trouve pas qu'il y aie de vraie diminution de qualité. Bien sûr, cet album est fait par un studio, et pas par un artiste qui soigne tous les détails, mais cela me semble cohérent avec le reste. L'utilisation de 3 bandes par pages (au lieu de 4) permet d'avoir un récit plus rythmé, même si on s'éloigne du modèle de la
Grande Menace. J'ai apprécié ce changement.
Au total, c'est un album qui se situe "dans la moyenne". Ce n'est pas un des meilleurs Lefranc, mais pas non plus le moins bon. Il est meilleur par exemple que la
Momie Bleue. Je le relirai certainement avec plaisir, ne serait-ce que pour retrouver certaines allusions à Jacobs, ou pour revoir ce Londres des années 50.