Comme la Bretagne ne manque pas de librairies de BD, j'ai moi aussi pu lire cet album dès le jour de sa sortie.
Et effectivement, la dernière case de l'album est émouvante. C'est l'adieu de Christophe Alvès à un scénariste auquel il doit beaucoup, et que l'on doit regretter !
Sinon, je n'ai pas considéré cette histoire comme un développement sur le thème de l'imposture, même si Hollywood est bien une sorte de miroir aux illusions. Pour moi, c'est plutôt une réécriture de l'histoire de la mort de Marilyn Monroe, sur laquelle beaucoup de choses ont déjà été écrites. D'ailleurs, avant même que le but de l'intrigue ne devienne évident, le dessinateur multiplie les allusions à cette actrice en redessinant quelques scènes fameuses de la vie de la star du cinéma américain. Il y a par exemple cette chanson que Marilyn a interprété lors de l'anniversaire de John. F. Kennedy.
Il y a aussi ces images bien connues de "Something's got to give", le fameux film inachevé de Georges Cukor dans lequel Marilyn se baigne toute nue dans une piscine. Elles ont fait saliver des générations d'admirateurs et Christophe Alvès en remet une louche, si j'ose dire !
Ce qui est certain, par contre, c'est que l'album joue avec les ressemblances. Comme le sosie de Marilyn (pardon, le sosie de Margareth Morrison) ressemble beaucoup à son modèle, on ne sait pas toujours très bien qui est qui au cours de cette histoire. Est-ce que le scénariste essaie de nous raconter la "véritable histoire" de la mort de Marilyn ? Je n'y crois pas trop. Il se livre plutôt à un jeu qui lui permet de dévoiler certains éléments réels et méconnus sur la fin de la star, tout en racontant une véritable fiction, qui à mon avis développe une intrigue plutôt improbable. Je n'imagine pas en effet la véritable Marilyn se livrer à un double jeu aussi sordide avec sa doublure.
J'ai donc davantage apprécié le côté "thèse sur Marilyn" que la fiction elle même. Il y a certes quelques idées savoureuses de scénario, comme le collègue de Lefranc qui ressemble à Libellule et qui rit comme lui, ce qui nous plonge dans une parodie momentanée mais bienvenue. Il y a sinon de nombreux rebondissements qui donnent du rythme au récit, ainsi que quelques trahisons surprenantes qui ne m'ont pas vraiment ému car le monde américain est un peu comme ça. Il y a en fait peu de suspense dans ce récit, et l'aventure est intéressante sans être passionnante.
Il faudra bien sûr que je relise cet album, que je ne considère pas comme une réussite complète. Il contient pas mal de séquences agréables, comme la jeune collègue de Lefranc qui a du tempérament et qui développe même une sorte d'amourette, mais je suppose que nous n'en saurons jamais la suite, avec la malheureuse disparition de Corteggiani.
Christophe Alvès nous livre pour sa part un travail presque parfait. C'est vraiment un excellent dessinateur pour Lefranc et j'espère qu'il continuera à travailler sur cette série.
Voilà ! il ne reste plus qu'à dire "Adieu" à François Corteggiani !