Bon, il m'aura fallu du temps, je rattrape ma pile de BD en retard et je viens enfin de lire ce Bouclier d'Achille.
Je conviens bien volontiers que ce titre s'inscrit parmi les bonnes reprises post-martiniennes. Je ne pense pas faire injure à Roger Seiter en trouvant toutefois quelques peu exagérées les comparaisons dithyrambiques avec Le Dernier Spartiate…
Côté scénario c'est solide, même si j'ai eu l'impression qu'il souffrait du format imposé des 46/48 planches. On sent par moments quelques raccourcis et la volonté de développer l'histoire un peu plus… La bataille navale, par exemple, est expédiée en quelques cases, et la tension dramatique en pâtit. On pourrait multiplier les exemples de ce type au long de l'album. Il aurait sans doute mérité un diptyque, même si j'ai bien compris que ce n'était pas à l'ordre du jour du comité Martin.
Dessins et couleurs sont irréprochables, tout a été dit à ce sujet, inutile d'en rajouter!
Amusant comme Roger multiplie les références à d'autres albums (Démon de Pharos, Or de Saturne, Dernier Spartiate, Hélvètes…). Chacun sait que la chronologie des albums, et particulièrement des reprises, est particulièrement casse-gueule. Particulièrement gonflée est la référence à un personnage des Hélvètes… album qui se déroule APRES Le Bouclier d'Achille! Mais ça passe, tout semble cohérent sur ce plan là aussi!
Je ne suis pas un grand fan du personnage d'Arbacès, et j'avais cru comprendre que Jacques Martin non plus. Je me rappelle avoir lu quelque part que Jaques Martin détestait ce personnage manichéen et simpliste, qui lui avait été plus ou moins imposé, et qu'il s'en était rapidement débarrassé avant qu'il ne devienne le méchant récurrent (Olrik, sort de là!); et de fait, par la suite, les méchants martiniens se feront remarqué par leur caractère nuancé et leur psychologie et motivations complexes. Au moins Roger Seiter a-t-il eu la bonne idée d'affubler Arbacès de motivations pan-héllénistiques tout à fait originales par rapport à son égocentrisme et sa vénalité habituelles!…
Bref, un album solide, qui me console après les décevantes Amazones de Valérie Mangin…