Raymond a écrit:il m'arrive souvent de faire des commentaires provoquants avec l'espoir de stimuler une discussion et ... je suis généralement bien déçu. Les réactions sont rares et je te remercie.
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Si je reste en retrait dans de nombreuses discussions, c'est souvent parce que je ne connais pas l'auteur ou la BD qui en est le sujet. C'est difficile de partager son avis sur une BD que l'on a pas lue. Ou que j'ai lue, il y a longtemps et dont je ne me souviens plus vraiment. Car il faut argumenter son avis et ne pas se contenter de dire que l'on aime ou non, l'auteur ou la BD.
Je dois aussi avouer que je n'ai pas "la plume facile", alors mon intervention sur le forum me demande parfois beaucoup de temps pour composer mon texte
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Raymond a écrit:
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Sinon, oui je suis médecin de campagne et c'est l'unique explication de ma détestation de l'individu nommé Charles Masson. Je ne me rappelle plus du titre du livre que j'avais emprunté à la bibliothèque, que je n'avais d'ailleurs pas lu en entier (tellement il m'avait énervé). Je ne suis pas sûr que ce soit "Soupe froide" car c'est une histoire qui se passe dans la région lyonnaise, et le début (très quérulent) de l'album commence avec la présentation d'une triste banlieue que l'auteur déteste manifestement. La narrateur y travaille comme médecin généraliste et il parle d'une façon hautaine et méprisante de ses patients ... qu'il présente comme des moins que rien. J'ai trouvé cette posture totalement haïssable et j'ai aussitôt détesté Charles Masson, que je considère comme un individu prétentieux et peu intelligent. J'ai par ailleurs arrêté de lire ce livre répugnant.
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Il ne s'agit pas de
Soupe Froide. Peut être de Bonne Santé ?
Godot a écrit:
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Personnellement, cette BD et cet auteur me disent absolument rien. Il faut que je la lise afin que je puisse dire ce que j'en pense. Promis, je vais le faire, afin de pouvoir te dire ce dont j'en pense.
J'avais complètement oublié
Soupe Froide et en faisant des recherches, je vois qu'elle est dans ma bibliothèque
J'ai certainement dû l'acheter lors de sa parution en 2003. A cette époque, j'achetais facilement, car le choix en bibliothèque était assez réduit. Même si je connais très bien ma collection, je dois reconnaitre qu'il y a une minorité de BD dont je ne me souviens plus (Pas seulement de l’histoire, mais tout simplement que je l'ai)
Je viens donc de la relire.
Masson reprend des faits divers qu'il a connu (il en parle dans le postface) et décide de les assembler pour en faire une histoire.
Nous suivons un SDF qui a quitté la maison de convalescence où il est, parce que la soupe qu'on lui a servie est froide. Il avance à pieds nus dans la neige et il pense continuellement, à sa fille qui ne le reconnait plus, à sa famille qu'il a ignoré pour aller au bistro, à l'opération qu'il devrait avoir et surtout à cette soupe servie froide. Il le ressent comme un affront, une injure pour le SDF qu'il est. Pour lui, les gens, la société n'a aucune estime pour les SDF; ils en ont plus pour les chiens. Ce SDF trouve qu'il aurait au moins mérité une soupe chaude. Il ressasse cela continuellement, tout au long de la BD. Puis, à la fin, je comprends que le but de sa fugue est de retourner dans l'hôpital où il était avant qu'il ne soit envoyé dans une maison de convalescence. Le côté symbolique est qu'il retourne dans l'hôpital, afin d'avoir une bonne soupe chaude...
l’épilogue apporte une dose d'émotion
SPOILERLe SDF est revenu à l'hôpital et il y décèdera peu après son admission. Le médecin de garde allait partir quand il doit encore signer le certificat de décès. Après cela, ce médecin va rejoindre sa compagne dans un restaurant. Durant leur discussion :
A mon avis, la dernière image est symbolique et appelle à la réflexion.
Est-ce que la soupe lui a été servie parce que c'est justement un Clodo ou simplement parce que le micro-onde est défectueux? Est-ce que les autres résidents ont aussi au la soupe froide à cause de cela?
Le dessin est assez hésitant et imparfait et j'ai mis un moment avant de passer dessus. L'objectif de cette lecture est de donner mon avis, alors j'ai approfondi la lecture et j'ai essayé de mesurer l'intensité du récit. Il m'arrive d'oublier le dessin maladroit et imparfait, si l'histoire me captive. [Je pense à
(a)mère, de Raphaël Terrier qui parle de sa mère alcoolique. Même si le dessin me déplait, l'histoire me motive à la relire)
Mon avis est que l'histoire est prenante et c'est une belle tentative de narration dont la fin, m'a laissé pensif. Le dessin rend plus difficile la lecture, car je ne l'apprécie pas trop et en particulier les visages.
Remarque : la préface de Martin Winckler (médecin "militant") et la postface de Charles Masson, aident à la lecture et à la compréhension de la démarche de l'histoire.
Cher Raymond, je t'invite à lire cette BD, si l'occasion se présente, afin d'avoir ton avis.