Un dessinateur nommé Pierdec

L'article Pierdec dans wikipédia fait référence au n°112 de Hop! (auquel je ne suis pas abonné) - mais je pense qu'il ne s'agit que d'une notice nécrologique.

Comme je l'ai dit, je ne suis pas un spécialiste de ce dessinateur dont la production est considérable. Outre l'histoire sur Anne de Bretagne que j'ai évoquée, j'ai également sauvegardé quelques planches de Quand les vautours ne volent plus, une histoire parue dans Bayard qu'à une époque j'ai cherché à reconstituer, car elles reprenaient le scénario du film homonyme de Harry Watt (1951), qui fut une de mes premières grandes impressions de cinéma étant enfant.
Je pourrais aussi retrouver pas mal de ses travaux dans mes collections de Coeurs Vaillants et d'Âmes vaillantes.

Concernant les thèmes qu'il traitait, il peut être rapproché d'Alain d'Orange, qui est de sa génération à trois ans près. Sans être un virtuose du dessin comme ce dernier, sa "patte" réaliste est bien reconnaissable (c'est au départ un TB dessinateur animalier), tout en faisant penser au Guy Mouminoux (Dimitri) de Blason d'argent.

Si tu veux mettre en ligne toute une histoire, il y aura certainement beaucoup de messages. Cela vaut donc la peine que je crée un sujet dédié à Perdec.

OK, j'imagine que tu transféreras les posts quand le sujet sera ouvert.

En attendant, voici la couverture (montage de la couverture d'Âmes vaillantes 1961/31 avec le bandeau, ainsi que la 1ère planche, publiée dans le n° 28.

Voilà, j'ai créé le sujet !  

Profitons en pour montrer un portrait du dessinateur !



Pierdec a eu tout de même droit a quelques albums ! Il y a par exemple eu cette histoire de Pirouli publiée en 1955 !



Il a dessiné une série intitulée Gilbert de Pontans et les éditions du Triomphe en ont sorti un album !



Sur la fin de a carrière, il a aussi dessiné quelques albums des Voyageurs de l'Histoire, publiés chez Bordas !

"Sur les pas d'Anne de Bretagne" est paru dans Âmes vaillantes en 1961, du n° 31 au n° 39, à raison de 3 à 4 pages par numéro (dont toujours 2 en couleurs) -> je vais envoyer un post par numéro, à commencer par les planches 2 à 4 (pour la couverture et la 1ère planche, voir "les auteurs maison de Fleurus années 50") - où bizarrement le messager Philippe de Guérande utilise kenavo dans ce coin de Haute Bretagne où, à ma connaissance, on n'a jamais parlé breton...

Planches 5 à 8 (n° 29 - erreur dans m/post précédent : l'histoire a démarré au n° 28)

Planche 8

Planches 9 à 12 (n° 30)

Planches 13 à 15 (n° 31)

Dantec a écrit:
L'article Pierdec dans wikipédia fait référence au n°112 de Hop! (auquel je ne suis pas abonné) - mais je pense qu'il ne s'agit que d'une notice nécrologique.

Le numéro 122 de HOP ! a en effet un article nécro sur Pierdec, mort le 3 juillet 2006 (à Toulouse où il est né le 7 juin 1920, dit encore l'article de Louis Cance).

Planches 16 à 19 (n° 32) - avec la TB planche 19 de l'arrivée à Nantes sous la neige de la troupe de Louis d'orléans.

Planches 20 à 23 (n° 33) - avec un suspense intenable, mais il faudra attendre demain pour savoir qui est "ce serviteur aux façons étranges"...

Planches 24 à 27 (n° 34)

Nota : il manque les cartouches en haut de la planche 25 - importants, car ils permettent de comprendre que les planches 26 à 28 constituent un flash-back qui se passe au moment du départ de Kerglaz. Ce n'est qu'à la dernière bande de la planche 28, avec l'introduction auprès d'Anne, que l'on retrouve la suite de la planche 24.

Notons au passage la vignette 26-III-2, qui pourrait s'appliquer à tous les personnages dessinés par Pierdec, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est ni portraitiste, ni caricaturiste, tant tous ses visages se ressemblent (c'était d'ailleurs aussi, de son propre aveu, le point faible de Jacques Martin).

Planches 28 à 31 (n° 35)

Planches 32 à 35 (n° 36)

Dantec a écrit:(…)

Notons au passage la vignette 26-III-2, qui pourrait s'appliquer à tous les personnages dessinés par Pierdec, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est ni portraitiste, ni caricaturiste, tant tous ses visages se ressemblent (c'était d'ailleurs aussi, de son propre aveu, le point faible de Jacques Martin).

Beaucoup de dessinateurs "réalistes" avaient cette tendance à dessiner toujours le même visage. Cela ne m'a jamais vraiment frappé chez Jacques Martin, mais c'était par contre évident pour des auteurs très connus comme Jean Graton ou Raymond Reding.

Planches 36 à 39 (n° 37)

Planches 40 à 42 (n° 38)

Planches 43 à 45 (n° 39)

En bonus, la suite de l'histoire d'Anne de Bretagne, dessinée par Manon Iessel, qui est considérée comme une des toutes premières autrices françaises de BD - mais dont on ne reconnaît pas ici le style art déco qui fit les beaux jours de La semaine de Suzette.

Planches parues dans le n° 41 d'Âmes Vaillantes du 11 octobre 1959.

Quelques beaux dessins de Pierdec .

Sujet intéressant avec des beaux scans des planches de Pierdec, et l'info sur l'une de nos premières autrices (auteures...?), Manon Iessel, inconnue pour moi.

Inconnu aussi, Jorda Renault, scénariste de Sur les pas d'Anne de Bretagne. Je trouve sur le Net (lien : https://www.breizh-info.com/2019/05/04/117980/anne-de-bretagne-bande-dessinee-manga ) cette curieuse info au sujet de Jorda Renault, qui est une femme :
"Auparavant, deux bandes dessinées avaient déjà vu le jour sur la duchesse Anne. Mais elles ne peuvent plus être trouvées, avec un peu de chance, que d’occasion…
La plus ancienne, intitulée Anne de Bretagne en bande dessinée, avait été réalisée en 1977 par Ronan et Jorda Caouissin (scénario) et leur fils Hoël (dessin). L’écrivain Ronan Caouissin, alias Ronan Caerléon (1914-1986), écrivain nationaliste breton, était un proche de l’abbé Perrot, fondateur du Bleun-Brug, association catholique bretonne. En 1939, il épouse Jorda Renault, une jeune infirmière rencontrée au pardon de Koat Kéo. Avec son frère Herry Caouissin, il s’occupe du journal pour la jeunesse Ololé, puis tente de créer un cinéma breton : Brittia-films. C’est en 1977 qu’il réalise le scénario de cette bande dessinée consacrée à Anne de Bretagne. Il y décrit la richesse économique et culturelle de la Bretagne sous François II. Il détaille la défaite de Saint-Aubin-du-Cormier et le siège de Nantes. Le dessin en noir et blanc d’Hoël Caouissin est soigné. Si les cartons sont en français, les bulles sont en breton et traduites en français."

Merci bcp pour ces infos, car elles montrent que la (puisqu'il s'agit d'une femme) scénariste de "Sur les pas d'Anne de Bretagne" savait de quoi elle parlait.

Malgré le manque de rythme du découpage, la monotonie des cadrages et le pb des physionomies évoqué plus haut, qui nuisent à la lisibilité de l'histoire, j'avais gardé cette BD pour 3 raisons :
- le sujet évidemment, Anne de Bretagne,
- les qualités du dessin de Pierdec,
- et le grand soin apporté à la vraisemblance historique : tout "sonne vrai" dans cette histoire, non seulement le contexte général (la "guerre folle" menée par le futur Louis XII et le Duc François II de Bretagne, qui se termine à la bataille de Saint-Aubin du Cormier en juillet 1488), mais aussi certains détails comme l'évocation des débuts de l'imprimerie (page 33, avec ce bohémien venu d'Allemagne qui fait de la pâte à papier à partir du lin, et les caractères achetés à un marchand juif), l'utilisation de la boussole (Anne évoque page 35 la "pierre-guide", faisant probablement allusion à l'héliolite des Vikings) ou les rêves de voyage de Tanguy Mériadec (page 34), tout à fait "tendance" à cette époque où commençaient les grandes explorations par mer, sous l'impulsion notamment de Jean II du Portugal (avec Diogo Cão et Bartolomeu Dias) - même si l'évocation, dès 1488, de la caraque de Christophe Colomb est un peu tirée par les cheveux... (il est vrai cependant que le célèbre Gênois navigait depuis 1474).

Ces rêves de voyages de Tanguy m'avaient d'ailleurs fait penser à un autre Breton étonnamment assez méconnu, Pierre-Olivier Malherbe, qui, un siècle plus tard, devint celui que Georges-Gustave Toudouze appela "le premier globbe-trotter" - son histoire fut reprise récemment par Roger Faligot ("Les sept portes du monde", 2010), mais je me suis toujours étonné qu'elle n'ait jamais fait le sujet d'un film ou... d'une bande dessinée!

Merci pour ces considérations érudites.
La scénariste Jorda Renault paraît bien documentée - et tu as l'air de bien connaître l'histoire de la Bretagne et d'Anne -, en revanche, Pierdec, malgré son talent, ne me semble pas avoir bien représenté la géographie des villes de Nantes et de Rennes (mais bon, à l'époque où la BD a été faite, ce n'est pas facile d'avoir la bonne doc rapidement).
Et le coup de la boussole détenue, comme par hasard, par un cavalier à terre, qui se trouve être un ancien marin (planche 10), c'est un peu tiré par les cheveux... Fait réel ?

Je suis incapable de te répondre - j'ai été très intrigué par cette histoire de "pierre-guide", que j'ai rapprochée, peut-être à tort, de la pierre de soleil (le spath d'Islande) des Vikings, mais à l'époque de la BD (1961), les données archéologiques sur le sujet devaient être assez maigres -> voir ci-dessous l'article de Laurent Sacco dans Futura-sciences :

https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/physique-pierre-soleil-navigateurs-vikings-ne-serait-pas-mythe-34379/