Il me semble que vous rechignez un peu tous à parler de ce 9ème opus d'Alix Senator. Est-ce que je me trompe ?
Alors je me lance une fois de plus avec, cette fois-ci pour préambule la couverture de l'album ordinaire !
Cette histoire se déroule en l'an 12 avant JC. Il avait déjà été signalé dans nos conversations précédentes que cette année-là correspondait à celle de la mort de Lydia (ou plutôt d'Olivia), la grande sœur de l'empereur Auguste. Ce sombre événement n'est bien sûr pas esquivé par la scénariste Valérie Mangin, et ce décès domine impitoyablement le déroulement de cette aventure romaine. Marquée ainsi par cette longue attente d'un deuil inévitable, toute l'intrigue est d'une incurable tristesse.
Mais il y a bien sûr l'aventure elle-même, qui est au départ de nature policière. Elle commence avec une suite de meurtres atroces atteignant des notables de la cité, que des rumeurs attribuent à des lépreux ou à des étrangers. Le préfet Barbarus y trouve ainsi un châtiment spectaculaire, et ceci renforce bien sûr l'ambiance macabre de cet album. Mais qui sont donc les coupables ? Alix n'hésite pas longtemps avant de se mettre sur leur piste.
On pourrait résumer (un peu malicieusement) les
Spectres de Rome en affirmant que cette aventure est tout simplement une "histoire d'eau". J'ose l'écrire car c'est bien en parcourant de vieilles canalisations souterraines qu'Alix va finir par découvrir l'identité des coupables, et c'est aussi au contact de cette eau contaminée que les coupables (et aussi certains innocents) vont souffrir de mille tourments.
Sans grande surprise, Alix découvre au bout de son enquête un nouveau groupe de conspirateurs. Ceux-ci veulent utiliser les dangereuses propriétés de l'orichalque pour se venger des romains, et Alix déjoue bien sûr leurs espoirs. Mais il reste les instigateurs qui sont toujours inconnus, et surtout les conséquences imprévisibles du combat final, qui vont briser les espoirs d'Alix et de Titus. En fait, le dénouement de cette aventure ne laissera personne indemne.
En tant que lecteur, j'avais refermé cet album avec une certaine amertume, et cette humeur expliquait l'aspect légèrement quérulent de certaines questions posées à Valérie Mangin, dans l'interview que Stéphane vient de mettre en ligne. Valérie Mangin y a répondu d'une manière tout à fait sensée, en précisant qu'Alix peut forcément souffrir au cours de certaines aventures, mais qu'il reste un héros bienveillant, et qu'il continuera à combattre pour défendre l'équité et la justice. La mort de Lydia est une épreuve dans sa vie, mais ce n'est pas le signe d'un inexorable déclin.
Cet épisode est donc une "page noire" de la vie d'Alix, si j'ose employer cette métaphore, mais ce n'est pas la conclusion de son existence. Beaucoup de choses peuvent encore se passer pour ce "sénateur dans la force de l'âge" (c'est ainsi que Valéie Mangin le considère), et le fait d'être un héros ne doit pas l'empêcher de rester humain.
Cette conclusion-là semble un peu moins pessimiste que la fin de cet album que, je crois, il faudra relire plus tard à tête reposée.