En 2015, les Inrocks reprennent le thème des "BD indispensables", en augmentant cette fois la limite à 150,
On y retrouve bien sûr beaucoup de titres déjà mentionnés dans les "100 BD", mais les oeuvres qui s'y sont ajoutées sont souvent bien moins convaincantes. Et il émerge assez rapidement de cette nouvelle sélection une constatation irritante : la BD classique franco-belge est très (et même trop) réduite par rapport à la masse d'albums qui représentent les années 2000. De même, les œuvres classiques du comic strip et du comic book restent largement ignorées par rapport aux "indépendants américains" contemporains. Et comme conséquence de ces remarques, on en conclut que l'augmentation du nombre d'album a surtout permis aux "sélectionneurs" d'ajouter à leur choix quelques œuvres inconnues (qui connait par exemple "la Fourmillière" de Michael Deforge) ainsi que de nombreux de titres discutables, essentiellement actuels. Et on se demande bien sûr où sont passés les tout grands dessinateurs américains comme Hal Foster, Milton Caniff, Chester Gould, Elsie Segar ou Alex Raymond, qui sont les grands absents de ce numéro. Quant aux classiques franco-belges, ils apparaissent un peu mieux représentés (j'en ai compté 27) mais certaines absences sont quand même assez malvenues quand on découvre (avec un peu d'énervement) qui sont les dessinateurs modernes qui les remplacent (je ne donnerai pas de nom).
Bref, c'est un numéro totalement inutile, qui n'arrive pas à remplacer le précédent "BD indispensables".
Heureusement, en 2016, l'éditeur publie un autre Inrocks de la même série, consacré cette fois à
La BD d'auteur américaine en 80 albums, et ce numéro est bien meilleur.
Ce florilège de la BD américaine d'auteur (notion qui exclut presque d'emblée tous les comic books traditionnels) accorde cette fois une place un peu plus grande aux classiques du comic-strip. Bon, j'y compte en fait 7 œuvres d'avant 1960, ce qui n'est pas beaucoup, mais des auteurs de référence comme Frank King ou Alex Raymond sont ainsi quand même mentionnés. Après eux, on découvre quelques auteurs underground (comme Crumb bien sûr), puis bien sûr beaucoup de dessinateurs indépendants actuels, et enfin … beaucoup d'auteurs inconnus. Mais cette sélection ne m'a pas choqué. Après tout, le titre n'annonce pas "le meilleur" de la BD américaine, mais simplement "80 albums américains". Les rédacteurs ont manifestement favorisé un certain genre de bande dessinée, et c'est leur droit. Ce numéro est en fait utile pour découvrir la richesse de la BD indépendante américaine, et c'est déjà pas si mal.
C'est donc un numéro réservé aux afficionados de la BD indépendante.
Et je suppose que beaucoup d'entre vous ne s'y sont pas intéressés.