https://www.youtube.com/watch?v=hpdvAL5Tn_I
Huck Finn a fait une promesse à Charley Williams et une promesse à un ami, c'est sacré, même s’il est noir. Désormais, la trace de celui qui se fait appeler "Lucius no fingers" se perd dans les rues de Memphis. En cette cité de légende, où naquit le Blues, le jeune garçon et Suzy ne ménagent ni leur temps, ni leur peine pour le guitariste de génie, véritable fantôme que tous semblent avoir écouté, mais que les deux adolescents peinent à retrouver. Du triage de la Missouri Pacific Railroad en passant par les bouis-bouis de la rive droite du Mississippi, ou les coulisses sordides du Palace Theater, l’ombre de Lucius fait courir les jeunes gens à travers une ville gangrénée par la Grande Récession. Mais le Diable n’a pas voulu du musicien prodige et Huck pourra arracher ce qu’il en reste aux griffes du shérif Bull, du moins temporairement !
Dernier volet de ce premier cycle où nos deux héros échouent dans un Memphis qui peine à digérer le krach de 1929. À mille lieux des mirages vendus par Hollywood, le scénario offre un regard moins édulcoré du rêve américain. En ces temps de misère, l’Amérique gère sa paupérisation comme elle peut et si elle invente le Blues, elle est aussi le creuset d’excès dépeints avec minutie et qui servent de toile de fond à ce "rail movie". Initié comme une variation de Huckleberry Finn, O’boys acquiert progressivement une profondeur et une densité qui en font une belle série. Faut-il y voir la patte de Cuzor ou le maîtrise du sujet par Colman ? Vraisemblablement les deux.
Si les États-Unis des années 30 constituent le décor dans lequel s’inscrit l’album, le Blues lui donne le rythme et en marque le tempo. Chaque planche est imbibée des mélodies et des accords de ces guitaristes qui gémissent leur désespoir et, si Lucius a des airs de Robert Johnson, cela n’est pas forcément le fait du hasard ! Toutefois, au-delà de la musique, il y a surtout une multitude d’hommes et de femmes, de toutes couleurs, jetés sur les routes et dans les trains. Steve Cuzor sait les intégrer à son histoire et les dessine avec précision comme pour en rappeler l’importance. À noter, pour l’anecdote, la physionomie de certains seconds rôles, qui n’est pas sans rappeler celle de personnages célèbres tel Sammy Davis Jr… Parallèlement, la mise en couleurs de Meephe Versaevel sait mettre en exergue un feeling et une atmosphère particulière qui confèrent à l’album tout son attrait.
Indiscutablement, Midnight Crossroad consacre une série à l’indéniable qualité. Pour conclure, en plagiant un tant soit peu Calvin Russel, disparu dernièrement :
- Hey, Mister Cuzor,
- You’re standing at the Crossroad,
- There are many roads to take,
- ...
Par S. Salin
Une reliure EXCEPTIONNELLE de Petercriss :
Huck Finn a fait une promesse à Charley Williams et une promesse à un ami, c'est sacré, même s’il est noir. Désormais, la trace de celui qui se fait appeler "Lucius no fingers" se perd dans les rues de Memphis. En cette cité de légende, où naquit le Blues, le jeune garçon et Suzy ne ménagent ni leur temps, ni leur peine pour le guitariste de génie, véritable fantôme que tous semblent avoir écouté, mais que les deux adolescents peinent à retrouver. Du triage de la Missouri Pacific Railroad en passant par les bouis-bouis de la rive droite du Mississippi, ou les coulisses sordides du Palace Theater, l’ombre de Lucius fait courir les jeunes gens à travers une ville gangrénée par la Grande Récession. Mais le Diable n’a pas voulu du musicien prodige et Huck pourra arracher ce qu’il en reste aux griffes du shérif Bull, du moins temporairement !
Dernier volet de ce premier cycle où nos deux héros échouent dans un Memphis qui peine à digérer le krach de 1929. À mille lieux des mirages vendus par Hollywood, le scénario offre un regard moins édulcoré du rêve américain. En ces temps de misère, l’Amérique gère sa paupérisation comme elle peut et si elle invente le Blues, elle est aussi le creuset d’excès dépeints avec minutie et qui servent de toile de fond à ce "rail movie". Initié comme une variation de Huckleberry Finn, O’boys acquiert progressivement une profondeur et une densité qui en font une belle série. Faut-il y voir la patte de Cuzor ou le maîtrise du sujet par Colman ? Vraisemblablement les deux.
Si les États-Unis des années 30 constituent le décor dans lequel s’inscrit l’album, le Blues lui donne le rythme et en marque le tempo. Chaque planche est imbibée des mélodies et des accords de ces guitaristes qui gémissent leur désespoir et, si Lucius a des airs de Robert Johnson, cela n’est pas forcément le fait du hasard ! Toutefois, au-delà de la musique, il y a surtout une multitude d’hommes et de femmes, de toutes couleurs, jetés sur les routes et dans les trains. Steve Cuzor sait les intégrer à son histoire et les dessine avec précision comme pour en rappeler l’importance. À noter, pour l’anecdote, la physionomie de certains seconds rôles, qui n’est pas sans rappeler celle de personnages célèbres tel Sammy Davis Jr… Parallèlement, la mise en couleurs de Meephe Versaevel sait mettre en exergue un feeling et une atmosphère particulière qui confèrent à l’album tout son attrait.
Indiscutablement, Midnight Crossroad consacre une série à l’indéniable qualité. Pour conclure, en plagiant un tant soit peu Calvin Russel, disparu dernièrement :
- Hey, Mister Cuzor,
- You’re standing at the Crossroad,
- There are many roads to take,
- ...
Par S. Salin
Une reliure EXCEPTIONNELLE de Petercriss :