Bonsoir
Les deux auteurs viennent de livrer le dernier opus des Carnets de Cerise, le tome 5, intitulé Des premières neiges aux perséides. Voilà donc l'occasion rêvée de revenir sur une BD pour la jeunesse, mais aussi pour les adultes, et un petit phénomène éditorial comme en témoigne les ventes de Des premières aux perséides, 4ème meilleure vente de cette semaine d'après Bdzoom : http://bdzoom.com/123334/meilleures-ventes/zoom-sur-les-meilleures-ventes-de-bd-du-13-decembre-2017/. Chaque tome peut se lire indépendamment des autres. Néanmoins, le cycle est profondément cohérent, avec des personnages secondaires qui refont surface, et des références qui ne prennent leur sens que si on a lu les opus précédents.
Les carnets de Cerise racontent la vie de Cerise, une jeune fille de 10-12 ans (10 ans dans le premier carnet et 12 ans dans le dernier). En fait, ces carnets sont écrits par Cerise, et Joris Chamblain, le scénariste, et Aurélie Neyret, la dessinatrice, n'ont fait que se les procurer pour notre plus grand plaisir . Les deux auteurs jouent sur cette mise en abyme. Aussi, les pages du carnet font partie de la BD, et en constitue a minima les 3 ou 4 premières pages (cf ci-dessous) .
Chaque carnet raconte la résolution d'une énigme. Et chaque mystère cache en fait une blessure secrète, un traumatisme ancien, dont la révélation permet la guérison du malade qui s'ignorait. La psychanalyse n'est donc pas si loin... Ce type d'intrigue n'est pas nouveau et a, par exemple, contribué au succès de la série Alice de Caroline Quine, publiée voilà bien longtemps dans la bibliothèque verte. N'allez surtout pas en déduire que Chamblain se contente de réutiliser des matériaux existants ! Non ! Ses scénarios sont clairement ancrés dans la société contemporaine, et il en explore de nombreuses facettes, comme l'homosexualité dans le tome 4 ou encore la famille recomposée dans le tome 5. A mille lieux des Nombrils, les intrigues sont douces-amères, sans aucun humour grinçant ou cynique. Les fins heureuses sont la règle, comme dans toute psychanalyse réussie . Chamblain, avec un talent certain, saisit l'essence de la vie, dans ce qu'elle a de triste et de beau. Et derrière Cerise, la détective en herbe, l'héroïne capable de faire bouger le monde des adultes, se cache Cerise, une petite fille avec ses joies et ses peines, une enfant sans père et entretenant une relation complexe avec sa mère. L'émotion est clairement un des ressorts des histoires, et il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas retenir une larme ou un sourire une fois la dernière page tournée.
Les dessins d'Aurélie Neyret fleurent bon l'illustration. Les personnages ne sont pas totalement réalistes mais on peut y voir plus une marque de style qu'une caricature. Comme Edith, Aurélie Neyret maitrise parfaitement son art, et ses vignettes sont tout simplement belles. Les couleurs sont aussi d'Aurélie Neyret, et l'artiste utilise sa palette pour donner un ton à la narration. Ainsi, le tome 1 est automnal, comme Michel Langer, le personnage-invité de cet opus. Et le tome 3 est blanc, pâle, comme les souvenirs de Sandra, l'hôte du 3ème livre. Etc.
J'ai été très heureuse de parler de cet ouvrage, qui ne doit nullement être cantonné au rayon jeunesse. D'ailleurs, à Paris, la librairie Album du boulevard Saint-Germain l'a placé sur la table des BD pour adultes. Pour les explorateurs souhaitant découvrir la série, je conseille Le zoo pétrifié, dont l'idée est fort poétique et originale.
Bon réveillon
Eléanore
Les deux auteurs viennent de livrer le dernier opus des Carnets de Cerise, le tome 5, intitulé Des premières neiges aux perséides. Voilà donc l'occasion rêvée de revenir sur une BD pour la jeunesse, mais aussi pour les adultes, et un petit phénomène éditorial comme en témoigne les ventes de Des premières aux perséides, 4ème meilleure vente de cette semaine d'après Bdzoom : http://bdzoom.com/123334/meilleures-ventes/zoom-sur-les-meilleures-ventes-de-bd-du-13-decembre-2017/. Chaque tome peut se lire indépendamment des autres. Néanmoins, le cycle est profondément cohérent, avec des personnages secondaires qui refont surface, et des références qui ne prennent leur sens que si on a lu les opus précédents.
Les carnets de Cerise racontent la vie de Cerise, une jeune fille de 10-12 ans (10 ans dans le premier carnet et 12 ans dans le dernier). En fait, ces carnets sont écrits par Cerise, et Joris Chamblain, le scénariste, et Aurélie Neyret, la dessinatrice, n'ont fait que se les procurer pour notre plus grand plaisir . Les deux auteurs jouent sur cette mise en abyme. Aussi, les pages du carnet font partie de la BD, et en constitue a minima les 3 ou 4 premières pages (cf ci-dessous) .
Chaque carnet raconte la résolution d'une énigme. Et chaque mystère cache en fait une blessure secrète, un traumatisme ancien, dont la révélation permet la guérison du malade qui s'ignorait. La psychanalyse n'est donc pas si loin... Ce type d'intrigue n'est pas nouveau et a, par exemple, contribué au succès de la série Alice de Caroline Quine, publiée voilà bien longtemps dans la bibliothèque verte. N'allez surtout pas en déduire que Chamblain se contente de réutiliser des matériaux existants ! Non ! Ses scénarios sont clairement ancrés dans la société contemporaine, et il en explore de nombreuses facettes, comme l'homosexualité dans le tome 4 ou encore la famille recomposée dans le tome 5. A mille lieux des Nombrils, les intrigues sont douces-amères, sans aucun humour grinçant ou cynique. Les fins heureuses sont la règle, comme dans toute psychanalyse réussie . Chamblain, avec un talent certain, saisit l'essence de la vie, dans ce qu'elle a de triste et de beau. Et derrière Cerise, la détective en herbe, l'héroïne capable de faire bouger le monde des adultes, se cache Cerise, une petite fille avec ses joies et ses peines, une enfant sans père et entretenant une relation complexe avec sa mère. L'émotion est clairement un des ressorts des histoires, et il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas retenir une larme ou un sourire une fois la dernière page tournée.
Les dessins d'Aurélie Neyret fleurent bon l'illustration. Les personnages ne sont pas totalement réalistes mais on peut y voir plus une marque de style qu'une caricature. Comme Edith, Aurélie Neyret maitrise parfaitement son art, et ses vignettes sont tout simplement belles. Les couleurs sont aussi d'Aurélie Neyret, et l'artiste utilise sa palette pour donner un ton à la narration. Ainsi, le tome 1 est automnal, comme Michel Langer, le personnage-invité de cet opus. Et le tome 3 est blanc, pâle, comme les souvenirs de Sandra, l'hôte du 3ème livre. Etc.
J'ai été très heureuse de parler de cet ouvrage, qui ne doit nullement être cantonné au rayon jeunesse. D'ailleurs, à Paris, la librairie Album du boulevard Saint-Germain l'a placé sur la table des BD pour adultes. Pour les explorateurs souhaitant découvrir la série, je conseille Le zoo pétrifié, dont l'idée est fort poétique et originale.
Bon réveillon
Eléanore