Bonjour
Dans le cadre du futur 80ème anniversaire du personnage de Spirou, les éditions Dupuis poursuivent ici leur exploration de la naissance du jeune groom. Ce nouvel opus est une vertigineuse mise en abyme. En effet, la BD se veut une des Belles histoires de l'Oncle Paul ! Puis, elle se paie le luxe de mettre en scène le créateur de Spirou, le dessinateur Robert Velter ! Et il me semble qu'en mélangeant la réalité et la BD, l'ouvrage adresse un clin d’œil à Yvan Delporte, le rédacteur en chef de l'âge d'or du Journal de Spirou.
Le scénariste, Yves Sente, développe une intrigue dense, très riche, animée par de multiples rebondissements. Elle imbrique et assemble plusieurs fils : un conflit social, une traversée de l'Atlantique et un amour d'enfance.
Sans déflorer le sujet, la Compagnie Générale Transatlantique est confrontée aux prémisses de la Grande Crise et les actionnaires de la société demande à son directeur de licencier une partie du personnel, et aussi d'aller négocier à la baisse les tarifs de location des quais. Ce directeur est le papa d'une petite Juliette, qui souffre d'une malformation cardiaque. En même temps, dans un petit cirque provincial, une jeune acrobate se tue, laissant son fils, le jeune Ptirou orphelin. Le jeune homme décide alors de tenter sa chance en Amérique et il embarque clandestinement sur le même transatlantique que Juliette, son papa, Robert Velter et quelques délégués syndicaux.
Bien évidemment, l'action se déroule autour de la Noël, ce qui donne une allure de conte à l'histoire. Les bons sont sublimement bons et héroïques. Et les mauvais ne sont pas vraiment mauvais. En fait, Sente use et abuse du pathos, et les sentiments "coulent à flots" . La lectrice (le lecteur) sensible aura bien du mal à retenir une larme, une fois la dernière page tournée. Derrière une(fausse) naïveté, l'auteur n'hésite pas à stigmatiser la gouvernance de la Compagnie Générale Transatlantique, avec beaucoup de subtilité certes, mais aussi avec beaucoup de fermeté. Le capitalisme égoïste si souvent dénoncé trouve ici un superbe pourfendeur.
Les dessins sont de Verron, le dessinateur actuel de Boule et Bill. Son trait est plein d'assurance, dynamique (les nombreuses acrobaties de Ptirou), et les perspectives sont très bien faites. Plongées et contreplongées se suivent sans heurs, et les images panoramiques du bateau et de l'avion (si, si, ...) émerveillent l’œil. Les traits sont superbes et notamment les multiples hachures. Les coloris explorent toutes sortes de gamme et épousent la météo voire la ligne temporelle puisque les scènes se passant en 1959 sont en noir et blanc.
Au final, je conseille à tous les amis du Journal de Spirou de se plonger dans ce récit archéologique, sensible et beau.
Bon week-end
Eléanore
Dans le cadre du futur 80ème anniversaire du personnage de Spirou, les éditions Dupuis poursuivent ici leur exploration de la naissance du jeune groom. Ce nouvel opus est une vertigineuse mise en abyme. En effet, la BD se veut une des Belles histoires de l'Oncle Paul ! Puis, elle se paie le luxe de mettre en scène le créateur de Spirou, le dessinateur Robert Velter ! Et il me semble qu'en mélangeant la réalité et la BD, l'ouvrage adresse un clin d’œil à Yvan Delporte, le rédacteur en chef de l'âge d'or du Journal de Spirou.
Le scénariste, Yves Sente, développe une intrigue dense, très riche, animée par de multiples rebondissements. Elle imbrique et assemble plusieurs fils : un conflit social, une traversée de l'Atlantique et un amour d'enfance.
Sans déflorer le sujet, la Compagnie Générale Transatlantique est confrontée aux prémisses de la Grande Crise et les actionnaires de la société demande à son directeur de licencier une partie du personnel, et aussi d'aller négocier à la baisse les tarifs de location des quais. Ce directeur est le papa d'une petite Juliette, qui souffre d'une malformation cardiaque. En même temps, dans un petit cirque provincial, une jeune acrobate se tue, laissant son fils, le jeune Ptirou orphelin. Le jeune homme décide alors de tenter sa chance en Amérique et il embarque clandestinement sur le même transatlantique que Juliette, son papa, Robert Velter et quelques délégués syndicaux.
Bien évidemment, l'action se déroule autour de la Noël, ce qui donne une allure de conte à l'histoire. Les bons sont sublimement bons et héroïques. Et les mauvais ne sont pas vraiment mauvais. En fait, Sente use et abuse du pathos, et les sentiments "coulent à flots" . La lectrice (le lecteur) sensible aura bien du mal à retenir une larme, une fois la dernière page tournée. Derrière une(fausse) naïveté, l'auteur n'hésite pas à stigmatiser la gouvernance de la Compagnie Générale Transatlantique, avec beaucoup de subtilité certes, mais aussi avec beaucoup de fermeté. Le capitalisme égoïste si souvent dénoncé trouve ici un superbe pourfendeur.
Les dessins sont de Verron, le dessinateur actuel de Boule et Bill. Son trait est plein d'assurance, dynamique (les nombreuses acrobaties de Ptirou), et les perspectives sont très bien faites. Plongées et contreplongées se suivent sans heurs, et les images panoramiques du bateau et de l'avion (si, si, ...) émerveillent l’œil. Les traits sont superbes et notamment les multiples hachures. Les coloris explorent toutes sortes de gamme et épousent la météo voire la ligne temporelle puisque les scènes se passant en 1959 sont en noir et blanc.
Au final, je conseille à tous les amis du Journal de Spirou de se plonger dans ce récit archéologique, sensible et beau.
Bon week-end
Eléanore