Ambidextre ? Ca peut être un avantage dans le duel; mais je ne me fie pas trop à ces soucis de composition de l'image qui consistent à tenir les armes n'importe comment pour des raisons d'équilibre de la composition. En fait j'ai vu dans des BD, dans des films et même des docu-fictions des légions entières devenir gauchères pour ce motif
. Il eut suffit de placer Alix à droite pour que sans problème son bouclier vienne se positionner près du bord de l'image.
Mais il y aurait des choses plus pertinentes à observer à propos du provocator qui se tient près de lui...
J'identifie le provocator aux sangles dans son dos, qui maintiennent une plaque de poitrine (cardiophylax), que cette armatura est seule à porter. Celui-ci est manifestement droitier. Il a perdu son bouclier, qu'il aurait normalement tenu de la main gauche.
Le provocator est un
scutati (grand bouclier [scutum], par opposition aux
parmulati [thraces, hoplomaques] aux petits boucliers [parma]).
Et les scutati portent une seule jambière... sur le tibia gauche - celui qui s'avance sous le bouclier, car le combattant antique ou médiéval se présente derrière son bouclier, au contraire de l'escrimeur contemporain qui avance son flanc droit, l'épée en avant.
Les parmulati, eux, portent deux hautes jambières [ocrea] qui montent à mi-cuisse pour compenser le désavantage de leur petit bouclier.
Du fait de l'archéologie expérimentale, qui étudie entre autres les techniques de combat, il existe en français une abondante littérature sur la question. En général les provocatores sont représentés avec des casques fermés, dépourvus de crête, avec juste deux trous pour les yeux - d'après des exemplaires trouvés à Pompéi, donc antérieurs à +69 (Ier s.
de n.E. donc).
Ici Marc Jailloux a représenté son provocator avec un casque de type militaire, sans protection faciale. Typique du Ier s.
av. n.E. - donc l'époque d'Alix - comme l'atteste un célèbre bas-relief conservé au Musée des Thermes, à Rome.
J'ai apprécié ce souci du détail.