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Les BD qui "donnent le frisson"

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Loup79
Taharqa
Totoche Tannenen
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Raymond

Raymond
Admin

Autre humoriste féroce ayant collaboré au journal Pilote (et au "Nouvel Obs" et bien sûr à Charlie Hebdo), Jean-Marc Reiser était capable de tout. Ses petites BD (ou ses dessins de presse) réveillaient parfois un curieux frisson, qui mélangeait l'humour et l'horreur.

Parfois l'humour l'emportait, comme par exemple avec ce gag (oserai t-on d'ailleurs encore le faire aujourd'hui ?).

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Et parfois, c'était plutôt l'horreur, comme par exemple ce gag (déjà montré dans un autre sujet) paru dans Hara Kiri.

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Reiser était unique !  sunny


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Totoche Tannenen

Totoche Tannenen
vieux sage
vieux sage

Amusant, ce poisson chat : il fait penser au chat-bus de Miyazaki dans Totoro !

Raymond a écrit:La poésie est une autre qualité de certaines de ces BD qui donnent le frisson. Les premiers albums de Broussaille, par exemple, dessinées par Frank Pé et scénarisés par Bom, sont totalement dédiés aux rêveurs et à une certaine poésie du quotidien.

Broussaille aime rêver, et dans Les baleines publiques, une simple promenade dans la rue lui suffit pour que le monde environnant prenne soudain un aspect irréel et frémissant.

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Cette surprenante poésie, qui remplace l'humour aussi bien que le suspense, était totalement inhabituelle au moment où cette BD était publiée dans Spirou. Elle avait néanmoins immédiatement envoûté le grand public, ravi de découvrir cette "BD pas comme les autres".

Il y a aussi de merveilleuses petites confidences, dans Les baleines publiques, et on devine tout de suite que derrière les personnages, les auteurs y parlent aussi d'eux-mêmes.  Wink

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Tout comme les poèmes, les albums de Broussaille peuvent se relire de multiples fois.  sunny

http://planbd.blogspot.com

Raymond

Raymond
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Euh ... silent  ...  je n'ai jamais vu ce dessin animé. Mais j'imagine que mes filles (qui adorent Miyazaki et qui font encore mon éducation en matière de manga) vont bien me le faire découvrir un jour.  Wink

A  part cela, "les Baleines Publiques" a été publié avant la sortie de Totoro.  Frank Pé a donc bien tout inventé.


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Raymond

Raymond
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Parfois, les frissons viennent d'un album que l'on attend pas. Ce fût le cas par exemple en 2015 avec la publication de Martin Bonheur, une "BD heureuse" (pourrait-on dire) créée par Jérôme Félix et Louis.

On a discuté à l'époque de cet album dans la rubrique "je viens de lire".  

https://lectraymond.forumactif.com/t60p175-je-viens-de-lire

C'est le genre de livre qui est bien soutenu par un scénario original et par un dessin séduisant. Mais ce qui compte le plus, ce sont certains détails narratifs ou graphiques, qui renforcent la séduction des dialogues, des situations ou des personnages.

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C'est en tout cas un livre que l'on referme avec le sourire !  sunny


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Raymond

Raymond
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Les comic books ont bien souvent un caractère industriel qui me pousse à garder une certaine distance. Mais on y trouve tout de même quelques chefs d'oeuvre dignes d'admiration.

Je me souviens bien du premier comic-book qui a réveillé chez moi une certaine émotion. Il s'intitule "My world" et il a été dessiné (et écrit) par Wallace Wood.  

C'est en fait une longue confidence de l'auteur sur son travail et ses aspirations. Cette BD autobiographique a (oh surprise) été publiée dans une revue de science-fiction (Weird Science N° 22) en 1953.

En voici les dernières images !

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On peut cette histoire en ligne, à cette adresse :
https://marswillsendnomore.wordpress.com/2012/09/17/wally-wood-my-world/

En lisant les dernières phrases orgueilleuses de Wallace Wood ("je suis un artiste de la science-fiction), on peut presque comprendre pourquoi cet artiste s'est suicidé à l'âge de 54 ans (en fait parce qu'une maladie des yeux ne lui permettait plus de dessiner).

L'orgueil nous pousse souvent à faire des folies, mais il peut aussi favoriser la création de petits chefs d'oeuvre.  sunny


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Raymond

Raymond
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Les américains ne sont pas tous d'accord pour savoir qui a été le plus grand auteur de comic book au XXème siècle. Certain d'entre eux pensent que c'est Carl Barks, mais  beaucoup d'autres amateurs penchent plutôt pour Harvey Kurtzman. J'appartiens pour ma part à cette deuxième catégorie.

L'oeuvre la plus mémorable de Kurtzman reste bien sûr les malicieux scénarios qu'il écrivit pour MAD. Ils étaient dessinés principalement par Jack Davis, Wallace Wood et Will Elder et c'est ce dernier, avec son dessin fourmillant de détails et de gags, qui a travaillé le plus longtemps avec lui. Voici par exemple la première case de leur savoureux pastiche de la série "Wonder Woman".

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Le plus grand plaisir est certainement de relire ces petites histoires qui fourmillent de détails, ceux-ci restant souvent inaperçus en première lecture. Le dessin montré ci-dessus en est un exemple typique. Même lors de la 3ème ou 4ème  lecture, on peut encore découvrir des petits détails inconnus ... et ressentir un petit frisson de plaisir.  Wink

Gotlib et Goscinny (entre autres) étaient de grands admirateurs d'Harvey Kurtzman, et ils n'étaient pas les seuls. Il est certain qu'à travers ses nombreux admirateurs francophones, le créateur de MAD a beaucoup influencé la BD européenne.



Dernière édition par Raymond le Mer 18 Jan - 20:57, édité 1 fois


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Raymond

Raymond
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J'ai longtemps pensé qu'Harvey Kurtzman avait écrit le scénario de Master Race, un des plus fameux récits complets publié par les EC Comics, qui a été dessiné en 1955 par Bernie Kriegstein. Finalement, il semble plutôt que le scénariste soit Albert Feldstein, mais ce n'est qu'un détail.

Expliquons d'abord le titre ! Master Race (en français "la race des maîtres") se réfère à l'expression qu'utilisaient les nazis pour définir leur sentiment de supériorité. Cette certitude délirante a eu pour corollaire la création de camps d'extermination, la Shoah et de multiples horreurs sur lesquelles je ne m'étendrai pas.

Cette BD assez courte (8 pages) raconte la vie quotidienne d'un ancien tortionnaire nazi, qui s'est enfui aux USA. Il devrait s'y sentir en sécurité, mais il est au contraire ravagé par l'angoisse et persuadé que ses ennemis (et ses anciennes victimes) le poursuivent.

En prenant le métro, il voit un homme chauve et entend de sa part des menaces. Mais cet homme est-il vraiment un justicier qui veut le punir, ou bien n'est-ce pas plutôt la mauvaise conscience du nazi qui le poursuit, et qui crée des hallucinations ?

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Cette BD subtile peut en fait se lire de plusieurs façons, et je crois assez volontiers pour ma part que tout se passe dans la tête de l'ancien tortionnaire.  Wink

Mais vous pourrez vous faire vous même votre propre idée en lisant en ligne toute l'histoire sur cette page :
https://spaceintext.wordpress.com/2010/08/12/master-race-bernard-krigstein/

La fin du scénario est bien sûr prévisible, mais l'intelligence avec laquelle le récit est mené réveille tout de même une petite sensation agréable. Serait-ce un frisson ?

C'est en tout cas le plaisir de l'intelligence. sunny


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Autre époque (et autre continent), mais on reste toujours dans les BD intelligentes qui font frémir !   Wink

Lorsque j'ai découvert le Cahier Bleu dans A Suivre, au cours des années 90, j'ai au départ admiré le dessin de Juillard, qui a rarement été aussi bon. Je suivais un peu moins bien le scénario, qui ne comporte qu'une suite de scènes de la vie quotidienne, et qui relate souvent les événements importants par quelques allusions, ou par ellipses.

Sur le moment, ce récit ne m'avait pas impressionné, mais en relisant l'album un peu plus tard, j'avais trouvé plutôt intelligents les choix narratifs de Juillard. Tout le récit est en fait regardé à travers les petits événements de la vie réelle, et le ton du narrateur impressionne par sa pudeur. Seule les images finales réveillent une émotion délicate et légèrement triste.

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Avec le Cahier Bleu, Juillard prouvait qu'il était aussi un maître en matière de narration.  sunny


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Raymond

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Avant de dessiner ce genre de "one-shot", Juillard s'était fait remarquer par certaines BD historiques comme les "Sept vies de l'Epervier" et (surtout) "Arno". J'ai toujours gardé un souvenir ébloui de l'Œil de Kheops et du Puit Nubien, deux albums parfaits qui associaient l'efficacité et la rigueur narrative de Jacques Martin avec le charme élégant du dessin de Juillard.

De nombreuses séquences d'images me restent en mémoire, comme celle-ci, par exemple.

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C'est sensuel et érotique, mais également plein de tact. Le dessinateur évite toute vulgarité.

Remarquons de Jacques Martin a aussi imaginé pour d'autres dessinateurs des scènes semblables (dans Alix par exemple), mais je n'aurai pas la cruauté de les comparer à celle de Juillard, dont la souplesse du trait, l'élégance et la sensualité sont sans égal. Wink


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Parfois, ce n'est pas l'album qui suscite une réaction, mais au contraire une simple image qui sort de l'ordinaire.

Je me souviens ainsi de ma première découverte de Blondin et Cirage au Mexique, un album dessiné par Jijé au début des années 50. L'aventure est assez bien racontée, les séquences d'images sont bien rythmées et la lecture est plutôt plaisante, mais la BD n'a au fond rien d'exceptionnel. Puis vers la fin du livre, lorsque le dénouement intervient et que le "grand méchant" est puni, il y a ce gag plein de tendresse.

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Est-ce de la malice ? Est-ce de la naïveté ?

Les deux à la fois, peut être ... Jijé était comme cela.

Et ensuite, le méchant meurt réellement.  

Mais cette image-là, j'ai adoré.  sunny


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Au cours des années 70, la version mensuelle du journal Pilote était plutôt méprisée par certains critiques. Il est vrai que le contenu n'atteignait plus le niveau exceptionnel du journal hebdomadaire pendant ses grands années. Et pourtant, si on relit aujourd'hui ces vieux numéros, on y retrouve beaucoup de dessinateurs intéressants, voir même des vedettes comme Fred, Mézières, Bilal, Lauzier, F'Murr, Caza, Solé ... ou Régis Franc.

Tiens, parlons un peu de Régis Franc, dont les meilleures BD ont justement été publiées dans Pilote. Cela a commencé avec les Histoires immobiles et récits inachevés, et cela s'est poursuivi avec toute une série d'histoires courtes recueillies dans d'autres albums Dargaud sous divers titres.

La plupart des récits s'articulent autour d'une référence culturelle assez précise, qu'elle soit littéraire, musicale, cinématographique ou simplement géographique. Le ton décalé et le dessin caricatural apportent cependant des intonations inattendues à ce qui était au départ une anecdote historique ou une vieille chanson célèbre. C'est le cas par exemple de cette histoire de 4 pages intitulée "le Marin grec", qui raconte en parallèle l'arrivée d'un marin dans un bistrot au bord de la mer, ainsi que la discussion entre deux clients du même bistrot (une prostituée et un homme qui se nomme "monsieur Milaur").

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On saisit très vite le détournement ironique de la chanson d'Edith Piaf ("Mylord"), en se demandant toutefois si l'on ne manque pas d'autres allusions culturelles moins évidentes. Le lecteur ressent en tout cas un plaisir très vif, proche du "frisson", qui nait de la connivence établie avec l'auteur de la BD.

Si le but d'une telle BD est bien sûr de faire de l'humour, il y a aussi à mon avis une ambition secrète, que l'on pourrait appeler ... de la poésie

Régis Franc, qui a hélas par la suite quitté le monde de la BD, était un véritable artiste.   sunny


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Il y a bien longtemps que je n'ai pas relu des histoires de Schtroumpfs, mais si je me remémore les lectures de mon enfance, il faut bien admettre que les premières BD de la série exerçaient une fascination irrésistible.

La grande force de Peyo, c'était de créer des scénarios en apparence enfantins, mais qui contenaient quand même des allusions malicieuses (voir même des leçons) en lien avec le monde adulte.

Les successeurs de Peyo n'ont malheureusement pas retrouvé la bonne recette. Les histoires actuelles de Schtroumpfs sont enfantines, rien de plus.

Dans le Schtroumpfissime. l'auteur décortique avec adresse et pertinence les jeux de pouvoir qui peuvent surgir au sein d'une collectivité. Un démagogue rusé parvient à devenir le chef du village, et il se transforme ensuite en dictateur endurci.

Dans cette histoire qui captive déjà le lecteur par son intrigue, Peyo glisse des gags ou des allusions savoureuses. J'avais ainsi particulièrement apprécié cette utilisation espiègle du mot de Cambronne.

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Peyo était un véritable maître, dont les albums réveillaient de vrais frissons de plaisir.

Et cet album est un chef-d'oeuvre, accessible aussi bien aux enfants qu'aux adultes.   sunny


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Deux générations plus tard, pendant les années 90, l'Association bousculait les habitudes et les règles de la bande dessinée. Les nouveaux albums étaient d'abord publiés à des petits tirages, et n'étaient plus pensés et dessinés pour des enfants.

Certaines de ces BD rencontrèrent un net succès, et furent réédités de multiples fois. Ce fut le cas par exemple du Journal d'un album, dessiné par Dupuy et Berberian, qui est devenu en quelques années une véritable oeuvre classique.

Cette BD a été créée parallèlement au 3ème tome de la série Monsieur Jean, dont elle raconte la difficile genèse. Elle dévoile avec honnêteté la gestation interminable d'une BD "grand public", avec en particulier les doutes et les difficultés créatives des auteur. Elle raconte aussi la création du "Journal d'un album" lui-même, d'emblée destiné à être publié par l'Association. C'est ainsi que l'on découvre les "associés" (Lewis Trondheim, David B, Stanislas etc.) en train de commenter à vif les premières planches dessinés par Philipe Dupuy.

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Lorsque je relis aujourd'hui cette BD emblématique de toute une époque, je reste fasciné par la clairvoyance et l'originalité du regard des auteurs.

C'est probablement le plaisir de l'intelligence.

Est-ce aussi un frisson ? Peut être pas, au fond, mais c'est en tout cas de la fascination.   sunny


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Pendant les années 90, il y eu aussi la découverte du manga.

A cette époque, je n'étais pas fasciné par Akira, dont tout le monde parlait, et je cherchais péniblement des mangas destinés au adultes. J'ai fini peu à peu par les découvrir, ces œuvres que l'on appelle aussi "gegika", et elles m'ont permis de lire de véritable petits chefs d'oeuvre.

Parmi ceux-ci, j'ai tardivement découvert Ayako, mélodramatique histoire d'une jeune fille emprisonnée pendant son enfance, et véritable"diamant noir" de l'oeuvre de Tezuka. Les séquences finales sont impressionnantes et très éloignées de l'ambiance que l'on trouve habituellement chez le "Walt Disney" japonais.

A la fin d'une longue épopée que je n'essaierai pas trop de résumer (et qui est digne de Charles Dickens), les principaux protagonistes se retrouvent tous enfermés dans une grotte sans issue. Seule Ayako, qui a vécu toute sa jeunesse dans de telles conditions, serait éventuellement capable de survivre et les passions se déchaînent.

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La méchanceté règne sur le monde, mais la pureté n'est jamais totalement vaincue.

Tout amateur de BD devrait essayer de lire Tezuka.  sunny


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La BD pour les jeunes reste elle aussi capable de produire de nos jours des chefs d'oeuvre, capables de réveiller des frissons.

Il y a par exemple Marzi, une BD autobiographique qui parait périodiquement dans Spirou.  Elle est scénarisée par Marzena Sowa (qui raconte sa jeunesse en Pologne) et dessinée par son compagnon Sylvain Savoia.

Vue à travers le regard d'un enfant, l'existence en Pologne avant la chute du rideau de fer n'est pas à priori épouvantable. La vie quotidienne a ses moments de tendresse, mais cette évocation réveille tout de même des remarques ironiques et des souvenirs parfois douloureux.

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Relevons au passage que cette série a son propre "topic" dans notre forum.

En fait, tout est vrai dans Marzi, et cette authenticité "locale" se reconnait immédiatement à la première lecture. Mais la scénariste ne se contente pas de faire un tableau de la société communiste polonaise, et elle réussit aussi une description de l'enfance qui touche à l'universel. Beaucoup de lecteurs occidentaux y reconnaîtront donc aussi leur propre enfance.

Au delà du journal Spirou, l'honnêteté et la sensibilité de Marzena Sowa ont maintenant conquis des lecteurs de tout âge.


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En passant en revue les artistes de la bande dessinée, on ne peut pas ignorer certains dessinateurs italiens comme Hugo Pratt, Guido Crepax ou Guido Buzzelli. Parlons un peu de ce dernier, dont j'avais déjà signalé l'oeuvre très originale il y a quelques années dans mon blog.

Ce dessinateur avait été révélé par Linus, puis surtout par Charlie Mensuel pendant les années 70, où il a créé plusieurs BD mémorables comme la Révolte des ratés, Labyrinthes ou Zil Zebub. Ces œuvres font partie des premières réussites de la "BD adulte", au sens noble du terme.

Zil Zebub est une BD curieuse, presque psychotique, dans laquelle l'auteur se dessine lui-même avec un corps déchiré en plusieurs morceaux. Le personnage lutte désespérément contre cette calamité et on peut se demander jusqu'à quel point cette fable illustre un certain nombre de conflits intrapsychiques.

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Je ne raconterai sinon pas toute l'histoire, mais sachez que c'est une des BD les plus désespérées que je connaisse. La conclusion déclenche un véritable frisson d'horreur.

Buzzelli a vraiment exploré toutes les possibilités de l'art adulte. C'était un pionnier. sunny


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Autre dessinateur dramatique, Chris Ware a créé des œuvres qui appartiennent déjà au panthéon de la bande dessinée.

Parmi celles-ci, il y a bien sûr Jimmy Corrigan, qui a reçu de nombreux prix à travers le monde (dont le Prix du Meilleur Album à Angoulême en 2003). Cette BD raffinée et intimiste raconte l'histoire d'un vieux garçon solitaire et légèrement dépressif, qui essaie de recréer des liens avec sa famille. Le livre raconte toutefois bien plus que cela, car à travers une série de flash-backs, l'auteur nous fait aussi découvrir toute la famille du personnage au cours du siècle qui a précédé, esquissant ainsi une étude psychologique ainsi qu'une analyse de la société américaine au XXème siècle.

Le dessin de Chris Ware se veut avant tout descriptif et narratif, mais il choisit de plus un style "art déco" fait de simplicité et d'élégance, qui apporte en plus à son oeuvre des qualités esthétiques indéniables.

Il y a en fait peu de scènes intenses dans Jimmy Corrigan, car l'ensemble du récit adopte plutôt une lenteur majestueuse. Les moments dramatiques deviennent ainsi encore plus frappants. C'est le cas en particulier de la scène finale de rupture entre Jimmy Corrigan et sa sœur. On découvre alors (et enfin) des manifestations d'émotion sur le visage de Jimmy Corrigan, qui est injustement rejeté, qui est maintenant submergé par le chagrin.

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Ce mélange de beauté et de chagrin, cette quête esthétique qui cherche à vaincre la dépression, c'est le grand art de Chris Ware !  sunny


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La plupart des œuvres que j'ai mentionnées jusqu'à présent sont des BD largement "reconnues", du moins par la critique. Il existe cependant aussi beaucoup d'albums méconnus ou oubliés, qui restent de grande qualité. Parmi ceux-ci, j'ai envie de citer ici une oeuvre autobiographique touchante, au ton très personnel, dont on avait un peu parlé au début des années 2000 et qui est maintenant bien oubliée. Elle s'intitule Sainte Famille et elle a été dessinée par Xavier Mussat.

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Editée à l'époque par "Ego comme X", une association indépendante qui a aujourd'hui mis la clé sous la porte, Sainte Famille raconte avec sincérité et sans fard la jeunesse et la progression vers l'âge adulte de l'auteur. Le dessin caricatural, assez proche de celui de certains créateurs underground, souligne avec justesse le désespoir ou le dégoût de soi que l'on peut ressentir pendant les "années d'apprentissage". Xavier Mussat réussit par ailleurs un petit miracle d'équilibre, car malgré cette véritable "mise à nu" que l'on découvre au fil des pages, Sainte Famille reste une oeuvre très "composée". L'étalage des sentiments n'est jamais gratuit, et la lecture permet au contraire de savourer une BD réfléchie et artistique.

Ai-je ressenti un frisson en lisant cette oeuvre`? Pas immédiatement, il faut bien l'avouer ! Mais aujourd'hui, en relisant Sainte Famille, j'y retrouve des confidences fraternelles et sincères qui réveillent une émotion délicate, celle que l'on éprouve en fait devant la beauté, même si cette évidence n'est pas immédiate.

A côté de la BD industrielle (qu'il ne faut certes pas dédaigner), il y aura toujours des purs que produisent des œuvres d'art.  sunny


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Mais retournons de l'autre côté de l'Atlantique, dans le pays des comic books qui a été bouleversé au début des années 80 par une nouvelle génération de brillants scénaristes. Parmi ceux-ci, Alan Moore est certainement le plus original et le plus important.

Le chef d'oeuvre d'Alan Moore est probablement the Watchmen (en français "les Gardiens"), une minisérie qui raconte les mésaventures d'une équipe de super-héros vieillissants. Après avoir été les héros de la nation pendant leur jeunesse, ces derniers affrontent trente ans plus tard les critiques des médias et la méfiance du grand public. N'ayant plus d'autre choix que de se réfugier dans l'anonymat des américains moyens, Rorschach, le Hibou, Laurie ou Ozymandias s'interrogent sur leurs rôles de super-héros, leurs justifications anciennes et leurs motivations actuelles.

Cette analyse psychologique des héros américains est bien sûr une des originalités de la série, mais ce n'est pas le seul aspect intéressant. Alan Moore y ajoute une énigme policière (qui a tué "le Comédien", un autre super-héros retraité) ainsi qu' une description (voir même une critique) pertinente de la vie et de la violence urbaine aux USA. Il y introduit en plus de petites intrigues parallèles et divers détails secondaires qui n'ont souvent plus grand lien avec l'histoire principale, mais qui arrivent (paradoxalement) à "ancrer" le récit et ses héros très fantaisistes dans la réalité américaine actuelle.

Une de ces intrigues parallèles concerne justement les comic books eux-même. Elle se présente d'abord sous la forme d'une scène récurrente située dans la rue, montrant un vendeur de journaux (qui tient un petit kiosque) et un jeune noir qui lit gratuitement (avec l'assentiment du vendeur) des fascicules contenant des BD de pirates. Ces personnages très réalistes ne jouent pas de rôle actif (ils commentent plutôt l'actualité) et le scénariste pourrait les supprimer sans gêne pour le récit, mais ils prennent néanmoins une place et une importance croissante au cours de l'aventure. Alan Moore en profite d'ailleurs au passage pour commenter la censure des comic-books qui avait sévi aux USA pendant les années 50, et attribue ces petites BD fictives à des dessinateurs ayant existé.

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Soulignons encore que pour compléter la description de cet univers parallèle au nôtre (dans lequel vivent des superhéros), Alan Moore ajoute après chaque épisode des "articles de journaux" qui racontent en quelques pages des aspects particuliers de certains personnages (comme Rorschach ou Dr Manhattan) ou justement de certaines intrigues parallèles, comme celle des comic books de pirates. Cette multiplication d'explications insistantes, qui pourraient paraître accessoires, n'est en fait jamais ennuyeuse et crée au contraire un saisissant "effet de réel". Cela m'a rappelé les procédés utilisés par E. P. Jacobs, qui arrivait presque à convaincre ses lecteurs de l'existence de la "Mega Wave" ou de la Chambre d'Horus, en n'hésitant pas à multiplier les commentaires et les détails explicatifs sur ses hypothèses.

Alan Moore est en fait un raconteur intarissable qui finit par submerger le lecteur avec son récit, mais ce dernier lui en est tout de même reconnaissant.   Wink

Ajoutons que la série est par ailleurs fort bien dessinée par Dave Gibbons, dans un style simple et classique qui équilibre à merveille la complexité du scénario.

Les Watchmen est au final une série jubilatoire, que l'on a du plaisir à lire et à relire, en retrouvant à chaque fois de nouveaux détails que l'on avait oublié.

Et certaines retrouvailles procurent par moment un petit frisson de bonheur.  sunny


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C'est au cours des années 70 que la BD destinée aux adultes a lentement commencé à apparaître. Elle était au début plutôt infantile, cherchant davantage à taquiner la censure (ou à choquer le lecteur) qu'à créer des œuvres adultes dignes de ce nom. Et puis, certains auteurs trouvèrent tout de même le ton juste. Parmi ces derniers, il faut mentionner Munoz et Sampayo, révélés par leur série Alack Sinner qui paraissait dans Charlie mensuel.

En relisant aujourd'hui les albums de cette série, on retrouve d'abord le plaisir de lire un bon polar, tandis que l'aspect adulte est devenu moins évident. Il est vrai que les "polars adultes" se sont multipliés avec les années, mais il reste tout de même dans Alack Sinner une dimension supplémentaire, qui provient de la forte implication des auteurs dans leur oeuvre (qui était loin d'être uniquement alimentaire). En racontant la vie de leur héros (qui vieillit au cours des années en même temps que ses créateurs), Munoz et Sampayo n'ont pas hésité à y incorporer leurs propres expériences du quotidien, et les errances ou réflexions de leur personnage principal acquièrent un vrai parfum d'authenticité.

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Les réflexions d'Alack Sinner sont en fait celles d'un homme qui a déjà beaucoup vécu. Il s'adresse au lecteur d'une façon fraternelle, sans adopter des poses de circonstance, et ses remarques sur la solitude ont sûrement été inspirées par les expériences personnelles des auteurs qui menaient une vie d'exilés.

En lisant aujourd'hui cette BD, je retrouve un sentiment amical et rassurant, qui contraste singulièrement avec les ambiances glauques et les récits souvent tristes des enquêtes de Sinner. Ce n'est pas un vrai frisson, mais plutôt une émotion délicate, accompagnée d'une certaine admiration pour le style parfois audacieux de l'oeuvre elle -même.

Alack Sinner est aujourd'hui considéré comme un grand classique.  sunny


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Il est difficile de ne pas parler ici d'Yves Chaland, qui tient une place à part dans le monde de la BD. Après avoir imité puis rendu hommage aux anciens maîtres pendant toute sa carrière, il est étrangement devenu un "dessinateur culte", peu avant de disparaître prématurément.

Les BD de Chaland se caractérisent d'abord par la séduction immédiate de leur dessin, mais aussi par l'âpreté étonnante de ses scénarios. Il est en effet souvent difficile d'y démêler l'humour et le drame, la création et l'hommage, la tendresse cachée et la férocité joyeuse, la profondeur psychologique et la superficialité. Faut-il prendre ses histoires au sérieux, ou n'y voir qu'une parodie au "Xième" degré des grandes œuvres classiques ? Chacun aura sa propre réponse.

Dans Bob Fish, une de ses premières œuvres, on retrouve déjà toutes les caractéristiques de son art, qui se distingue par un perfectionnisme graphique et une imprévisibilité du récit.

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Avec ce retour dans la ville de Bruxelles des années 50, mais aussi son utilisation d'une bichromie un peu vieillotte, son évocation nostalgique des revues dans les kiosques, les allusions ironiques à certaines images de Tintin, ou le comportement joyeusement féroce du personnage principal, toute la séquence (et toute l'oeuvre) semble conçue comme une parodie. L'auteur fait de gros clins d'œil au lecteur et l'humour semble dominer, mais le récit évolue ensuite vers le drame et l'humour noir. Chaland a le sens du décalage, et son ton à la fois adulte et espiègle contraste avec la brutalité de l'intrigue. En fait, cette BD est difficilement classifiable.

Paradoxalement, cette incertitude a plutôt tendance à me mettre en joie !   Wink

Les BD de Chaland réveillent des frissons d'incertitude, mais aussi des émotions esthétiques complexes. sunny


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eleanore-clo

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vieux sage
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Bonjour

Pif Gadget fut une révolution pour beaucoup d'entre nous. Je me souviens parfaitement de la sortie du premier numéro où j'avais dû négocier avec mes parents le passage du Journal de Mickey à Pif Gadget. Le premier coutait 1 F alors que le second valait 2 F ! Shocked

Bien évidemment, le premier intérêt de Pif Gadget tenait à son gadget, souvent inséré dans la cahier central des jeux. Les gadgets les plus prestigieux comme les pifises (des crustacés dont les œufs se conservent au sec et éclosent dans l'eau) ou encore les pifitos (des pois sauteurs) bénéficiaient de la une du journal. Voici par exemple une carte pour la fête des mères.

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Cette première découverte achevée, la lectrice (le lecteur) pouvait se plonger dans les délices d'un journal riche. J'ai ainsi découvert de nombreuses séries dont certaines sont devenues célèbres (Gai Luron, Corto Maltese, etc.).

Ma préférence allait aux Pionniers de l'Espérance. Les histoires étaient scénarisées par Roger Lécureux et dessinées par Raymond Poïvet.

Les pionniers de l'espérance sont une équipe internationale de spationautes. Dans le magasine Vaillant, l'ancêtre de Pif Gadget, le collectif comprenaient des occidentaux (une Américaine, un Français, un Anglais) et des communistes (une Chinois et un Soviétique). Un choix très politique donc, dans la continuité de la Seconde Guerre mondiale, et rappelant le combat des alliés contre les dictatures totalitaires. Cependant, à l'époque de Pif, Lécureux "n'avait gardé" que l'Américaine, Maud, et le français, Tangha. Je crois qu'il faut y voir un désir d'universalité. Les pionniers n'ont pas de nationalité car ils incarnent toute l'humanité, et leur employeur, l'EMC (État Major Cosmique), est un avatar de l'ONU.

La série relève de la science-fiction. Très souvent, elle s’attache à démontrer que les conflits sont artificiels, provoqués par des difficultés à communiquer et à se comprendre. Ainsi, dans un des opus, les pionniers surgissent en plein milieu d'une guerre entre deux peuplades. Or, Tangha est équipé d'un casque lui permettant de comprendre tous les langages possibles et imaginales. Bien évidemment, le héros perd son casque qu'un membre des deux peuplades met, ce qui lui fait comprendre que les ennemis n'en sont pas. J’adore cet optimisme dont notre monde aurait bien besoin. J'étais aussi très heureuse du choix d'une héroïne. Maud est une femme, active, digne et fiable compagne. Quelle différence face aux sexistes aventures de Tintin !

Le dessin de Poïvet est aussi remarquable, épuré, tendant à l'essentiel. J'ai eu la chance de discuter un jour avec Richard Medioni (le rédacteur en chef de Pif, récemment décédé). Il m'avait expliqué que le dessinateur utilisait un crayon à mine dur, ce qui posait d'ailleurs des problèmes à l'imprimeur, tellement les traits étaient fins.

J'ai choisi le tremblement de fleurs car cette histoire de cités construites dans des fleurs géantes m'a séduite. La première vignette est magnifique, et décorer le forum avec une fleur me semble beau ! On va dire que c'est un bouquet que je pose au milieu de "notre" maison !  Very Happy  

Les pionniers de l'espérance comporte une dimension profondément humaine, à mille lieues des aventures de Flash Gordon. Ils sont en quelque sorte les ancêtres de Valérian et Laureline, sauf que mai 1968 étant passé par là, les héros de Christin, Mézières et Tranlé. sont plus écologiques, plus contestataires, plus désespérés aussi.

image frisson - Les BD qui "donnent le frisson" - Page 4 Pionni10

Je vous souhaite une belle journée, aux présents, comme aux retrouvés ( confused ).

Eléanore

Raymond

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Raymond Poïvet était en effet un maître du dessin, et Roger Lecureux un scénariste infatigable.   pouce

Je ne connais pas cette histoire (le Tremblement de fleurs, quel beau titre !) qui n'a pas été reprise en album, à ma connaissance, mais il est vrai que je n'ai jamais été un vrai collectionneur du Pif "période rouge". C'était en effet l'époque où Poïvet avait changé sa technique de dessin pour "les Pionniers", en lui donnant davantage l'aspect d'un crayonné que d'une planche destinée à l'impression. Ce choix "artistique" est toujours resté mystérieux pour moi, car ses BD des années 50 et 60 étaient vraiment splendides.

Je connais davantage les longs récits des Pionniers de l'Espérance, car ils ont été édités en albums par Futuropolis, et ils restent agréables à lire. J'ai eu par la suite l'occasion de les découvrir dans le journal Vaillant (à une époque où je collectionnais les reliures de ce titre) et j'ai pu découvrir que certaines de ces aventures sont ornées de belles couleurs. Ces BD mériteraient d'être rééditées ainsi.

Voici un exemple provenant d'une page d'Inaccessible 7, récit de l'exploration d'une planète inconnue datant de 1960. Je trouve que les couleurs bonifient agréablement le travail du dessinateur.

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Raymond Poïvet commence à être oublié, hélas !  Rolling Eyes


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Raymond

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Admin

Jiro Taniguchi, qui vient de disparaître, m'a lui aussi procuré de délicieux frissons de bonheur, à la lecture de certains de ses mangas.

Ses meilleures BD sont imprégnées d'un romantisme qui est parfois teinté d'hédonisme (comme par exemple les "Rêveries du Gourmet Solitaire"), et parfois de nostalgie (comme dans le "Journal de mon Père").

Son chef d’œuvre est à mon avis Quartier lointain, un manga fantastique dans lequel un japonais, suite à un excès d'alcool, doit vivre un retour dans le passé. Il se retrouve pendant son enfance, dans ses habits d'écolier, peu avant que son père ne quitte subitement toute sa famille. Ayant gardé ses souvenirs d'adulte, et décidé à intervenir, il va revivre cet événement sans pouvoir l'empêcher. Il en gardera toutefois un peu plus de compréhension, et un peu plus de sympathie pour son père.

Les retrouvailles entre le personnage principal et son père sont particulièrement émouvantes ... et intelligentes. Certains comportements sont incompréhensibles, mais ils deviennent plus fort que la volonté.

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Associant à la fois l'intelligence, la sensibilité et l'esthétique, les mangas de Taniguchi sont des joyaux du 9ème Art.  sunny


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100image frisson - Les BD qui "donnent le frisson" - Page 4 Empty Re: Les BD qui "donnent le frisson" Sam 18 Fév - 11:03

Raymond

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Admin

Parfois, le frisson que réveillent certains albums est lié à l'intelligente capture d'une ambiance, ou à l'habile reproduction de la beauté de lieux bien connus. Les classiques franco-belges (comme Hergé ou Jacobs) ont particulièrement excellé dans ce genre de travail, mais des auteurs plus modernes ont également su reprendre la recette. C'est le cas par exemple de Michel Plessix dans sa série Julien Boisvert, en particulier dans l'album "Grisnoir", deuxième opus de la série.

Je ne suis jamais allé à Guernesey, lieu dans lequel se passe le récit de "Grisnoir", mais j'ai tout de suite été convaincu par l'ambiance créée dans cet album. Cette grande île couverte de collines, de cottages et de champs de bruyère doit certainement être propice aux promenades et à la rêverie, et la rêverie tient un grand rôle dans les aventures de Julien Boisvert.

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Soulignons que l'intrigue semi-policière de cet album est fort réussie mais ... en fait, j'avais surtout gardé en mémoire la beauté des paysages. Curieusement, en relisant hier soir cette BD, je me suis me rendu compte les images champêtres y sont assez rares. Cela révèle l'excellence du travail graphique effectué par Michel Plessix.

L'ami Totoche, homme de goût, est allé récemment à Guernesey avec cet album à la main, et c'est un de ces petits plaisirs qu'autorise en effet la BD.

Et depuis lors, j'ai moi aussi envie d'aller visiter Guernesey en consultant ce livre, pour mieux y comprendre l'art du dessinateur.   Wink


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