Je ne pense pas qu'il faille réduire le talent de Blanc-Dumont à celui d'un "simple faiseur".
Jonathan Cartland a été créé en raison de la passion commune pour le western qui animait le dessinateur et sa scénariste Laurence Harlé.
Ne se sentant pas attiré par le scénario ("Le choc des photos",oui, "Le poids des mots", ma foi...Je suis plutôt un dictionnaire d'images"; cf. la monographie de Dargaud que tu as citée dans ton post), il s'est toujours beaucoup investi dans ses créations visuelles ("Savoir dessiner n'est pas toujours suffisant, il y a une façon de composer l'image et la forme même de cette image sert la narration", dit-il encore dans un autre passage de cet ouvrage).
Si Jean Giraud a fait appel à lui pour assurer la continuité de "La jeunesse de Blueberry", c'est qu'il était persuadé que Blanc-Dumont était le plus à même de la situer à un haut niveau artistique.
Après, on pourra toujours regretter que Blanc-Dumont ait préféré par la suite se consacrer uniquement à cette série dérivée.
Mais, là encore, ce serait une opinion un peu réductrice, car, quand Greg l'avait sollicité quelques années auparavant pour animer Colby, il avait accepté ce nouveau challenge qui l'éloignait pour un temps du Grand Ouest américain.
Si Greg n'était pas disparu peu après la fin du 3ème album, sans doute aurait-il pu continuer dans cette nouvelle voie...mais, comme il fallait bien vivre, il a accepté la proposition de Giraud pour retrouver définitivement son inclination originelle.