Vénus à son miroir est une bande dessinée scénarisée par Jean-Luc Cornette et dessinée par Matteo.
Grand amateur d’art, Philippe IV d'Espagne demande à son peintre attitré, Diego Velázquez, de lui rapporter des œuvres afin de compléter les collections royales. L'artiste part à Rome accompagné de son esclave, Juan de Pareja. L'Italie se révèle infiniment plus frivole que l'Espagne et son ambiance sensuelle séduit Velázquez. Inspiré et heureux, il profite de son voyage pour réaliser une série de chefs d'œuvre, dont les portraits du pape Innocent X et de son serf. Et surtout, il va peindre
Vénus à son miroir, un nu féminin que l'église espagnole n'eut point toléré. Et bien évidemment, l'artiste se lie avec son modèle…
Portrait de Juan de Pareja - 1649 - Metropolitan Museum of Art - New-York
Portrait d'Innocent X - 1650 - Galerie Doria-Pamphilj - Rome
Vénus à son miroir - 1650 - National Gallery - Londres
La bande dessinée s'attache à reconstituer l'histoire du seul nu connu de Vélasquez. Les auteurs émettent l'hypothèse que le modèle fut Flaminia Triunfi, une jeune peintre romaine. Ils s'attachent surtout à dénoncer l'hypocrisie des puissants. Le puritain Philippe IV rêve de tromper son épouse avec sa nièce alors que le pape propose à Vélasquez d'assouvir ses besoins charnels sur des religieux accommodants, hommes ou femmes ! Le frère de Flaminia la traite comme une domestique et méprise ses talents. Au final, seul le grand peintre espagnol fait preuve de noblesse, de sensibilité et d'empathie, en affranchissant son esclave et en donnant libre cours à ses sentiments pour son modèle.
Le dessinateur recourt à la couleur directe et rend hommage à la peinture de Velázquez en reproduisant maintes toiles. L'usage de grandes vignettes aère la BD et permet de mieux mettre en valeur Rome et ses chefs d'oeuvres. Après, ne rêvons pas. Les deux artistes ne "jouent pas dans la même cour" ! Par exemple, les visages dessinés par Matteo peuvent varier en taille et forme d'une case à une autre
Au final, voilà une BD qui séduira les amateurs de Vélasquez. Elle n'a pas ni l'ambition ni la qualité du récent diptyque de Manara consacré au Caravage. Néanmoins, la démarche est méritante, fraîche, et l'ouvrage se lit facilement.
EEE