Riad Sattouf le syrien

... Une intégrale que tu avais prévue, Raymond !
C'est un petit chef-d'oeuvre qui le mérite bien. Riad Sattouf est un formidable narrateur, un de ceux, rares, qui sait manier l'émotion sans pathos ni leçons moralisantes. C'est un peu dommage, mais comme Murakami je n'arrive pas à aimer son dessin, pourtant efficace.

1000% d'accord.
Le dessin n'est absolument pas à la hauteur du scénario. Il est plat, peu évocateur, imprécis, caricatural sans le "punch" des caricatures. Appelons un chat un chat.

Eléanore

Le dessin de Riad Sattouf est simplement au service du récit, c'est vrai, mais il est efficace.

En cette fin de printemps, il me faut tout de même rendre hommage à l'un des grands albums du mois de juin qui est le 9ème tome des Cahiers d'Esther.



Ce tome 9 raconte l'année des 18 ans d'Esther et il est difficile de séparer ce livre de tous les autres, tant la qualité de la série est constante. Cette longue suite d'historiettes vécues par une petite fille, puis par une collégienne, puis par une adolescente compose en fait une formidable description de la France au début des années 2000. C'est presque un document sociologique à la disposition des générations futures.

Le plus grand intérêt du récit, au delà des multiples anecdotes, c'est à mon avis l'évolution du personnage d'Esther. Elle est au départ une petite beurette, en partie étrangère à la France traditionnelle, puis elle devient peu à peu une véritable française bien éduquée, en grande partie grâce à l'école publique (il faut bien le dire). Au début de la série, le personnage m'avait un peu fait peur par son langage et ses idées (dans quel monde vivons-nous ?) et puis il est apparu un processus de mûrissement qui a rendue Esther tout à fait semblable aux français de souche, en considérant par exemple son éducation, ses idées et son langage. C'est une belle démonstration d'un processus d'intégration.

il faut aussi admettre qu'Esther est un sacré personnage ! Pleine d'innocence et de vivacité, elle a vécu un malicieux processus de dédoublement puisque ses parents ont soigneusement veillé à ce que cette situation ne soit pas connue du grand public. Il y a donc l'Esther "héroïne" qui est dessinée par Riad Sattouf et l'Esther ordinaire qui raconte ce qui lui passe par la tête sans que son entourage (excepté sa famille) ne le sache . La jeune fille jongle d'ailleurs avec cette situation dans le 9e album et on peut supposer que son "anonymat" dans le quartier ne va pas longtemps perdurer.

Esther nous fait maintenant ses adieux à sa manière habituelle, à la fois mutine et pragmatique, et c'est une belle histoire qui se finit bien pour les lecteurs. Elle a enfin rencontré un garçon mais on ne saura pas ce qui se passe ensuite. Cela est au fond préférable car il est souvent difficile de garder son humour quand il est question d'amour.



Inutile de préciser que cet album (ainsi que toute la série) est un EEEE !  

Planète BD confirme tout le bien que je pense des Cahiers d'Esther.

https://www.planetebd.com/bd/allary-editions/les-cahiers-d-esther/histoires-de-mes-18-ans/54558.html

J'adore Riad Sattouf, c'est un type bien ! Quant à lire tout Esther... on verra.
Je suis tombé sur un volume (le dernier de 3) Pauvre Jérémie, que j'ai trouvé d'une excellente qualité narrative. La jeune compagne de Jérémie est à la fois jolie et brillante (au final, elle dame le pion de Jérémie, sans vraie méchanceté). Au fond, Riad Sattouf est un grand amoureux des femmes et de leur mentalité, qu'il restitue avec finesse. En revanche ses personnages masculins pathétiques, peu ragoûtants, laids physiquement, calculateurs de b...sage, ne sont que "trop" bien rendus, et le dessin le suggère à merveille.

Pauvre Jérémie est une excellente BD de fiction, où l'on retrouve déjà l'ambiance très "vécue" des BD de Sattouf, mais cela reste une œuvre mineure. Il faut surtout lire l'Arabe du Futur qui est sans aucun doute son chef d'œuvre.

L'arabe du futur aura une suite ! Elle s'intitule Moi Fadi le frère volé et je ne sais pas exactement quand cela v sortir.



ActuaBD annonce cet événement bédéphile.

https://www.actuabd.com/+Riad-Sattouf-donne-une-suite-a-L-Arabe-du-futur+

Tiens, juste au moment où je décide de lire tous lesCahiers d'Esther
Mais pas L'Arabe du Futur, ayant feuilleté les tomes 1 et 2. Je suis incapable de supporter le père et sa pression, le mode de vie syrien à gerber... Il y a des gens qui en sont capables, sans doute, pas moi : lire tout cela aurait une terrible influence sur mes idées, sans compter mes souvenirs de Tunisie et de Turquie.
et que vois-je ? le père aurait kidnappé un des gosses (pour en faire un "vrai Syrien" sans doute ?). Ce sera sans moi. Bravo à Riad Sattouf de s'être arraché à ce père !

Mais justement, l'Arabe du Futur est une série plutôt optimiste, dans laquelle le petit Riad affirme progressivement son identité française. Le père de Riad est totalement islamiste et caricatural mais ce n'est pas lui l'Arabe du futur. C'est bien son fils, qui choisit d'être européen.

Je m'en doute, Raymond, et je conviens que c'est une excellente BD, mais je ne peux pas supporter les moeurs décrites, qui ne sont que trop vraies à coup sûr.

Me concernant, le scénario ne me pose pas de souci. Par contre, je trouve le dessin de Sattouf trop minimaliste. 

Eléanore