Lefranc et les critiques

Après tout, pourquoi ne pas ouvrir un sujet parallèle à celui d'Alix ? Lefranc est également une série importante dans l'oeuvre de Jacques Martin.

La série a suscité des critiques très contrastées au cours de son évolution. Les premiers albums sont toujours accompagnés d'éloges et la reprise de Chaillet est souvent bien appréciée. Par contre, cela se gâte à partir du 12ème album.

On peut vérifier tout cela sur la page des critiques de BDGest.

http://www.bedetheque.com/avis-187-BD-Lefranc.html

Ca me paraît globabalement assez justifié, non ?
On est loin d'avoir gardé la rigueur qu'il y a avait du vivant de Jacques Martin. Les dessins pourraient passer mais le gros problème est scénaristique à mon avis. Le seul qui soit parvenu à approcher un peu le maître est Michel Jacquemart, me semble-t-il. Et puis, quelle drôle d'idée de multiplier les auteurs à cette série. Il n'y a plus aucune unité ni graphique, ni scénaristique. Sans compter que certains albums récents semblent avoir été dessinés en trois semaines... Je crois, qu'en tant qu'éditeur, j'aurais proposé à Gilles Chaillet d'écrire de nouveaux scénarios.

Il y a eu trois étapes, me semble t-il, après que Jacques Martin ait abandonné le dessin de Lefranc.

Tout d'abord, les premiers albums dessinés par Bob de Moor et Gilles Chaillet qui ont bien respecté le modèle. On peut considérer cette période comme bonne, voir excellente. Il faut souligner que Jacques Martin contrôlait alors activement la confection des planches.

A partir de la Camarilla apparaissent des problèmes de dessin : manque de qualité, puis écarts par rapport au modèle. Cela coincide ave.c le moment où Jacques Martin est devenu malvoyant. Le niveau graphique se redresse un peu avec l'arrivée de Taymans puis de Regric.

Ensuite, il y a aussi les problèmes de scénario, qui apparaissent déjà avec des récits de Jacques Martin, comme par exemple l'Ultimatum. Avec les changements de scénariste, le niveau des récits est bien sûr devenu très inégal.

Au total, je n'ai pas lu toutes les critiques de BD Gest, mais j'admets volontiers qu'un grand nombre de ces critiques sont justifiées.

bertrand labévue a écrit:Ca me paraît globabalement assez justifié, non ? [...] Et puis, quelle drôle d'idée de multiplier les auteurs à cette série. Il n'y a plus aucune unité ni graphique, ni scénaristique.[...]

C'est tout à fait ce que je pense depuis longtemps, de même pour Alix

Treblig a écrit:

bertrand labévue a écrit:Ca me paraît globabalement assez justifié, non ? [...] Et puis, quelle drôle d'idée de multiplier les auteurs à cette série. Il n'y a plus aucune unité ni graphique, ni scénaristique.[...]

C'est tout à fait ce que je pense depuis longtemps, de même pour Alix

Pour ma part, je pense que les personnages d'un auteur sont son propre reflet, sous des angles différents s'ils sont multiples, mais sont toujours identifiables à leur auteur !

Jacques Martin voulait que ses personnages lui survivent et a fait tout ce qu'il était possible pour cela.

C'était sans compter avec les éditeurs qui ne pensent qu'exploitation d'un filon (c'est toujours le fond de ma pensée) et se fichent du respect de la série et des critères imposés par le créateur, d'où cette prolifération de scénaristes et dessinateurs, de qualités inégales, et malheureusement moins impliqués dans le contenu de ces albums qu'ils sont tenus de sortir selon un planning trés serré.
Autant de points qui sont par nature inconciliables avec n'importe quelle oeuvre d'art, BD ou autre, et encore moins avec la continuité d'un oeuvre bien précise et dont les qualités étaient unanimement reconnues et faisaient référence .
L'art n'est pas une industrie, et tant que des "producteurs" ne laisseront pas le temps de maturation nécessaire à des artistes réels, nous ne pourrons pas assister longtemps à la survie de séries aussi représentatives que "Alix" ou "Lefranc", ceci étant valable pour d'autres séries et auteurs.

Ca ne veut pas dire que certains comme Michel Jacquemart ou Gilles Chaillet ne seraient pas capables de poursuivre dans la qualité initiale une série comme Lefranc, encore faut il leur faire confiance et ne pas les mettre sous pression !
Au lieu de ça, ils se trouvent souvent écartés au profit de "pigistes", plus rapides, voire expéditifs, dont les qualités peuvent être réelles mais pas forcément adaptées au challenge, immense, qui leur est proposé, d'où, souvent un résultat bien piètre, comme on le constate trop souvent !

Raymond Damned

Du temps de Martin, un album d'Alix ou de Lefranc était un évènement assez rare. Ces dernières années, les parutions se bousculent, sans exigeance, semble-t-il. Je trouve que la politique éditoriale autour de Blake et Mortimer est un bon exemple. On a fait appel à des grands pros pour essayer de prétendre à une qualité irréprochable. On n'y parvient pas toujours, certes, mais il y a l'intention. Pour Lefranc, ça frise parfois le pathétique.Un épisode comme "Le Chatiment", par exemple n'a aucun rapport avec la série. Le dessin est quand même très vite fait, alors que Taymans a les qualités requises, c'est évident. Les dernières pages sont baclées, ça crève les yeux. J'avoue que je ne comprends pas cela lorsqu'on reprend une série aussi illustre. Quant au scénario...

Il est vrai que le dessin des dernières pages du Châtiment ont été laissées à un assistant de Taymans qui se nomme ... hum ... je ne retrouve pas son nom (mais il est mentionné dans nos discussions consacrées à cet album). Malgré toute sa bonne volonté, ce collaborateur n'avait autant de métier de Taymans.

Raymond a écrit:Il est vrai que le dessin des dernières pages du Châtiment ont été laissées à un assistant de Taymans qui se nomme ... hum ... je ne retrouve pas son nom (mais il est mentionné dans nos discussions consacrées à cet album). Malgré toute sa bonne volonté, ce collaborateur n'avait autant de métier de Taymans.

Ne focalisons pas non plus sur le seul "Châtiment" qui est l'exemple type de ce qu'il ne faut pas faire, mais reconnaissons que, même sous la férule de Jacques Martin, le dessin des derniers albums était loin d'être aussi méticuleux que sous la main du maître, d'un Gilles Chaillet ou même d'un Bob de Moor !
Quant aux scénarios, si celui du "Châtiment" avait été bon, peut être aurions passé sur les défauts du dessin ..... Mais, comme ce n'était pas le cas .....

Raymond Damned