Tête de chien est une série écrite par Vincent Brugeas, dessinée par Ronan Toulhoat et coloriée par Yoann Guillo.
Le premier opus vient juste de paraître et il a été choisi par les libraires du réseau Canal BD comme faisant partie des deux meilleurs ouvrages parus en mai et juin 2023.
Josselin et Jehan, deux chevaliers errants vont de tournoi en tournoi pour gagner leur vie en y défaisant leurs adversaires. Paulin, le tout nouveau et fort débrouillard écuyer de Jehan, les accompagne et veille à leur bien être. Au hasard des rencontres, les deux amis combattent un mystérieux et redoutable concurrent. Le vaincre devient l'obsession de Josselin cependant que Paulin s'endette en pariant des sommes importantes sur la victoire de ses maitres. Et pour compléter le tableau, signalons que Jehan est en fait une jeune femme qui dissimule son sexe pour pouvoir jouter.
Le scénario nous emmène au moyen âge et se focalise sur les tournois. L'auteur connait parfaitement son sujet et nous donne moult détails sur cette pratique comme la constitution d'équipes et l'enjeu des rémunérations. Néanmoins, j'ai peu apprécié la répétitivité des joutes. Elles occupent une grande partie de l'histoire et laissent peu de place à l'histoire qui se résume à un pari truqué. Notons que la présence d'une chevaleresse apparait quelque peu sous-exploitée car le principal atours de l'héroïne consiste à se battre "aussi bien qu'un homme"
. Et au final, son sexe importe peu. Le personnage le plus intéressant est manifestement Paulin dont la rouerie n'a d'égal que la fidélité à sa maitresse. On croirait voir une transcription en BD de Teddy, le héros du Dernier
Indiana Jones.
Le graphisme constitue le point d'orgue de cette BD. Une belle page d'illustration introduit chaque chapitre et on y retrouve un subtil mélange de dessins réalistes et de pseudo-miniatures. Les nombreux combats affichent un beau dynamisme que renforce des cadrages audacieux et bien pensés. Je me demande si Toulhoat n'a pas été inspiré par les mangas japonais car il utilise une mise en scène très épique et déconstruit le gaufrier pour focaliser sur la furie de la lutte.
Finalement, nous avons une BD très classique, mais manquant d'émotion et de souffle. Elle me semble plus destinée aux adolescents qu'aux adultes, ne serait-ce par exemple que par l'auto-censure sur le sang.
Entre
EE et
EEEEléanore