« Le sang des Valois » de Marc Jailloux, Didier Decoin et Jérôme Clément

On en sait un peu plus sur « Le sang des Valois » que dessine Marc Jailloux:
Le début d’une grande saga historique !

Depuis sa fameuse victoire à Marignan, François Ier n’a plus quitté ses rêves de conquête italienne. Le 24 février 1525, le roi de France est en Lombardie, aux portes de Pavie et il s’apprête à faire une erreur stratégique qui le mènera jusqu’aux prisons de Charles Quint. Il est relâché l’année suivante, mais cette libération se fait au prix d’un échange douloureux : ses deux fils sont envoyés en Espagne et y seront retenus jusqu’en 1530. Le jour de leur retour, le hasard les place sur la route d’un homme, Louis Tassin, qui les sauve in extremis d’une mort accidentelle. Cette rencontre bouleversera pour des générations le destin des Tassin et de la famille royale.

Ambitieuse saga de fiction historique, Le Sang des Valois suit, sur plusieurs générations, l’histoire de deux familles que tout semble opposer : les Tassin, des gens simples mais valeureux, et les Valois, issus de la dynastie des Capétiens. Un récit riche et érudit, vibrant de réalisme tenu par une intrigue faite de complots, d’alliances et de trahisons.

Biographie de l'auteur
Didier Decoin, président de l’Académie Goncourt et prix Goncourt lui-même, est un journaliste, écrivain et scénariste français né en 1945. Il commence sa carrière dans le journalisme en contribuant à France Soir, Le Figaro, Les Nouvelles Littéraires, en collaborant à la création de VSD et en participant à Europe 1. Parallèlement au journalisme, il écrit des romans dont le premier, Procès de l'amour est publié alors qu'il n'a que 20 ans. Douze années et sept livres plus tard, il reçoit le prix Goncourt pour John l'Enfer, son neuvième ouvrage. Didier Decoin travaille également pour le cinéma et écrit des scénarios de films réalisés par des cinéastes tels que Marcel Carné, Robert Enrico, Henri Verneuil ou Maroun Bagdadi. Avec ce dernier, il remporte le prix spécial du jury du festival de Cannes pour le film Hors la vie. Sur le petit écran, il a aussi le droit à sa récompense – un Sept d'or – pour son travail de scénariste sur la mini-série Le Comte de Monte-Cristo diffusée en 1998 sur France 2. En 1995, il est élu à l'Académie Goncourt au couvert de Jean Cayrolle et en janvier 2020, il en devient le président. Le Sang des Valois est sa première bande dessinée.



Jérôme Clément est un écrivain français et éminent personnage du paysage culturel francophone né en 1945. Il commence sa carrière en 1974 au ministère de la culture. Dix ans plus tard, il devient le directeur général du CNC (Centre National de la Cinématographie). Son mandat s'arrête en 1989. Il devient alors le président du directoire de La Sept et en 1991, sous son impulsion, la chaine de télévision franco-allemande ARTE est lancée. Entre 1997 et 2000, il est également le directeur général de La Cinquième (avant qu'elle ne devienne France 5). Jérôme Clément a été administrateur de nombreuses entreprises à caractère culturelle (Orchestre de Paris, Théâtre de Châtelet, Musée d'Orsay...) et il préside à de nombreux évènements culturels tels que le Festival Premiers plans d'Angers ou le Festival Ciné Salé Le Havres. Dernièrement, Jérôme Clément a publié deux ouvrages marquants : Urgences culturelle en 2016 chez Grasset & Fasquelle et Brèves histoires de la culture en 2018.

Marc Jailloux est un dessinateur de bande dessinée français. Ancien étudiant de l’école du Louvre et des Gobelins, il commence sa carrière dans le dessin animé puis le jeux vidéo avant d’intégrer en 2005 l'atelier de Gilles Chaillet. L’ancien collaborateur de Jacques Martin le prend comme assistant pour le tome 4 de La Dernière Prophétie, puis le diptyque Vinci. Plus de vingt ans après la naissance du personnage, il redonne vie à Orion en janvier 2011 avec un quatrième épisode, Les Oracles. Le comité Martin décide alors de lui confier le personnage d'Alix. Il devient alors l'auteur des épisodes La Dernière Conquête, Britannia, Par-delà le Styx, Le Serment du gladiateur et Les Helvètes. En 2019, il dessine le premier titre de la collection « Un pape dans l'Histoire » éditée chez Glénat. Réside à Paris.

Merci de cette belle présentation, Stéphane !   

Ce qui est rigolo, c'est que je suis en train de lire une série historique récente, intitulée simplement Valois. Elle se passe semble t-il plus tard, au temps de Charles VIII (fin du XVIème siècle), et ce n'est pas vraiment la même chose parce qu'il n'y a quasiment que des personnages réels. L'Histoire vraie est à peine romancée et c'est une sorte de vulgarisation pour le grand public.

Mais c'est amusant. Voilà une dynastie dont personne n'a parlé pendant des décennies, et elle devient maintenant à la mode !

Si vous voulez découvrir quelques planches, foncez sur le site Glenat!
https://www.glenat.com/24x32-glenat-bd/le-sang-des-valois-tome-01-9782344039861

Le tome 1 du Sang des Valois est sorti en début octobre, dans la plus grande discrétion ! Je l'ai trouvé en librairie il y a un peu peu plus d'une semaine et il s'intitule L'Homme du Fleuve. Je n'ai par contre pas eu le temps de le lire, tout occupé que j'étais par mon départ en vacances à Chypre.



En le feuilletant, on y retrouve assez bien le style graphique que Marc avait adopté pour "Saint-Pierre", même si les teintes y paraissent plus sombres.



Gilles Ratier en dit clairement du bien sur BDZoom !

http://bdzoom.com/171250/actualites/marc-jailloux-sans-influence%e2%80%89/

J'en parlerai bientôt, dès que je l'aurai lu !  

J'ai lu ce week-end le tome 1 du "Sang des Valois", qui s'intitule L'Homme du fleuve et qui semble être le début d'une longue saga !

Le jeune héros de cette série est fictif et il se se nomme Gautier Tassin. Son père est maître charpentier et c'est un homme qui sympathise avec les huguenots, ce qui n'est pas sans poser de problème (la haine entre catholiques et protestants est déjà très forte en 1530, même s'ils ne sont pas encore en guerre). Gautier est sinon très vite remarqué par le Roi François 1er qui lui confie une mission diplomatique délicate à Constantinople ... bien qu'il ne soit encore un enfant. Le roi l'envoie ainsi chez le sultan Soliman le magnifique (rien que ça) et c'est un peu invraisemblable ... mais il est vrai qu'avec Alix, nous y sommes habitués.  



Gautier revient de cette mission quelques mois ou quelques années plus tard (c'est un point qui n'est pas très clair) et il est accompagné d'une épouse musulmane. L'irruption de cette jeune byzantine ne simplifie hélas pas la situation familiale. J'avoue que cette idée du scénariste m'est au fond apparue un peu étrange, bien qu'une telle union ne soit pas totalement impossible pour l'époque. Il y avait bien eu des mariages inter-religieux de ce genre pendant les croisades mais ... cela se passait en Orient, donc dans un autre contexte. Et au sein de cette population ultra-catholique déjà fanatisée contre les huguenots, la jeune musulmane tombe un peu comme un cheveu dans la soupe, si j'ose dire.



Tel est le départ de cette curieuse saga qui va probablement raconter (dans les albums suivants) les guerres de religion de la France du 16ème siècle. L'album se termine étonnamment avec la mort un peu prématurée de François 1er, un événement qui est survenu en 1547 alors que le début de l'histoire semble plutôt se dérouler en 1530, après que le Roi de France ait perdu sa première guerre contre Charles Quint, puis qu'il ait laissé ses deux fils en otage, puis que ces derniers soient enfin libérés. Dix-sept ans se seraient donc déroulés entre le début et la fin de ce premier album mais ... aucun repère ne permet vraiment de le confirmer, que ce soit à travers les récitatifs du scénariste ou par l'aspect visuel de Gautier qui aurait dû normalement beaucoup évoluer (pendant ces 17 ans !).  



Le scénario manque donc de précision (et d'exactitude historique) et je trouve cela bien regrettable. Marc Jailloux, de son côté, fait normalement son travail de dessinateur. Il choisit avec délicatesse les costumes, les décors et les châteaux typiques de la Renaissance, et il compose souvent de belles images. Dommage que le récit ne soit pas vraiment à la hauteur.



Disons le tout net, j'espérais un peu mieux de cet album, surtout sur le plan du scénario. L'histoire reste certes tout fait lisible mais ... son manque de rigueur par rapport au temps qui passe lui enlève beaucoup de crédibilité. Peut-être suis-je trop exigeant, mais j'aime que les BD historiques respectent avec précision le déroulement des événements réels qui ont fait l'histoire de France. Didier Decoin est en principe un excellent romancier et il a fait ses preuves, mais peut-être a t-il envisagé avec trop de légèreté les exigences que l'on peut avoir envers la bande dessinée.

Cet album m'a laissé quelque peu perplexe. D'abord par le style adopté par Marc Jailloux : ce n'est plus du Orion ou du Alix ( je n'ai pas lu l'album consacré à Saint-Pierre ), mais le dessin est sombre, et ce n'est pas dû seulement à la couleur, mais c'est bien en rapport avec le sujet, plus une chronique qu'une aventure. Je pensais que les auteurs du scénario, vu leur réputation, auraient trouvé mieux et mieux raconté.

Le sujet de fond semble être, à travers la vie et les vicissitudes de Gautier Tassin, un récit sur les guerres de religions, dans la France du XVI° siècle, avec leur cortège de combats et de violences fratricides ; mais cela a déjà été traité de nombreuses fois, en particulier par Robert Merle dans "Fortune de France" qui parcourt aussi tout le siècle en débordant sur le suivant ( 13 volumes publiés de 1977 à 2003 ! ). Cette rencontre entre la famille royale et les humbles Tassin pourrait être intéressante, mais on ne voit pas bien pour l'instant où les auteurs veulent en venir.

Il y a de curieux trous dans cette histoire, comme cette scène ( page 19 ) où Gautier reçoit des vêtements somptueux pour remplir sa mission à Constantinople... mais qui disparaissent ensuite de son maigre bagage, au cours d'un voyage aléatoire exécuté par ses propres moyens, sans escorte ni serviteurs. Je n'ai pas bien compris l'enchaînement : on dirait qu'il y a eu deux voyages successifs, l'un officieux, l'autre officiel, et qu'on n' a raconté qu'une partie de chacun...  

L'épisode byzantin comporte trois pleines pages superbes ( pages 23 à 25 ) dont les couleurs tranchent avec le reste de l'histoire, mais cette séquence, avec ses développements suggérés, dont le mariage de Gautier, aurait mérité un album à elle toute seule !

Cette histoire m'a laissé insatisfait et je ne sais pas si je la poursuivrai.


Pour me consoler, j'ai trouvé "Les enquêtes de Machiavel" ( Glénat ), par Gabriel Andrade au dessin et Jean-Marc Rivière ( ce n'est pas un parent ! ) au scénario, qui se situe presque à la même époque, vers 1500. C'est une enquête policière sans prétention, mais bien faite et bien documentée, qui met en scène le célèbre futur auteur du "Prince", alors tout jeune, dans la Florence du XIV° siècle. L'histoire est complète, mais ce tome 1, "La voie du mal", en annonce d'autres. A suivre aussi, mais j'ai plus confiance dans celui-ci.

je suis déçu, mais je pense que Marc vaut mieux que ça ! si c'est le style qu'il veut nous soumettre, j'abandonne

Charles-Louis Detournay a mis en ligne une critique nuancée de L'Homme du Fleuve, qui fait surtout l'éloge du dessin de Marc Jailloux. Cet article se trouve bien sûr sur ActuaBD :

https://www.actuabd.com/Le-Sang-des-Valois-T-1-Par-Marc-Jailloux-Jerome-Clement-et-Didier-Decoin-Glenat

Je pense comme lui que la série est potentiellement intéressante mais que le scénario du tome 1 ne concrétise pas tous les espoirs qu'elle soulève. Peut-être que le tome 2 rattrapera un peu les choses.  

Marc Jailloux est interrogé sur le tome 1 du Sang des Valois par ActuaBD !



L'entretien est sur cette page :

http://www.auracan.com/Interviews/478-interview-entretien-avec-marc-jailloux.html?fbclid=IwAR1jt9BDjHXqcXH6W3wHPkOOW4ILB_Fs6Sw3lEnkTFop3y3qMmvLhyzidtM

Le tome 2 des Valois arrive le 13 septembre!
Retrouvez les premières planches de ce nouvel album!
https://www.glenat.com/sites/default/files/liseuse/9782344048368/index.html

Montrons la couverture !



Je suis surpris que Marc soit arrivé à continuer le Sang des Valois tout en produisant un nouvel album d'Alix. Je le voyais comme un dessinateur très minutieux, travaillant à un rythme relativement lent ?

Tout simplement parce que l'album est terminé depuis plus d'un an. Le rythme de parution est décalé par rapport au rythme de production.

4ème case page 12
Catherine de Médicis dit :
"Hier encore Henri, mon mari, n'était que Dauphin. C'était son frère ainé François II qui occupait le Trône de France. Mais la mort de ce frère après seulement 17 mois de règne…"

Le frère ainé de Henri (futur Henri II) était François de France, connu également sous son titre de François III de Bretagne (1518-1536) , dauphin de France (1518) et duc de Bretagne (1524). Il n'a jamais régner !

Cela m'étonne des auteurs !!!

Ces albums manquent en effet de précision pour tout ce qui concerne les dates des événements ! C'est une des choses que j'avais déploré dans ma chronique du premier album.