J'ai donc lu cette nouvelle "aventure helvétique" d'Alix !
Il y a plusieurs façons d'apprécier cet album, et la première est bien sûr de suivre tout simplement l'intrigue qui est racontée. Alix reçoit au départ un ordre de mission de Jules César, qui l'amène à traverser tout le pays des Helvètes. Il y surmonte diverses difficultés et découvre des adversaires qui veulent le faire échouer. Et c'est ainsi qu'il affronte en particulier la fameuse Sénaca, dont parle eleanore-clo ! Je ne trouve pas pour ma part que cette veuve helvète ressemble à Adréa. Sénaca déteste les Romains tout autant qu'Adréa, c'est vrai, mais elle n'est pas sensible au charme d'Alix et elle manque surtout d'une certaine séduction. Elle complote et se comporte d'une façon assez sournoise, et son principal mérite est d'être une adversaire redoutable pour Alix. C'est plutôt un personnage que l'on a du plaisir à détester, à mon avis, alors que personne n'a envie de détester Adréa.
Parmi les tracas que rencontre Alix pendant son voyage, il y a aussi les incartades et les sottises du jeune Lucius. Dès les premières pages, ce sale gamin se comporte en ennemi et on se demande ensuite jusqu'où il osera aller. Je ne dévoilerai bien sûr pas trop le scénario de cet album et je me contenterai donc de dire que c'est un des plus beaux personnages du récit. Avec ce jeune romain vaniteux, Alix a vraiment beaucoup à faire !
On se doute bien que le héros ira jusqu'au bout de sa mission, mais indépendamment de l'intrigue, il y a aussi le plaisir du voyage lui-même en Helvétie ! En tant que vaudois, je ne pouvais bien sûr pas rester indifférent aux merveilleux paysages lémaniques et aux sommets enneigés des Alpes, qui semblent avoir réellement séduit Marc Jailloux. Rehaussées par les couleurs de Jean-Jacques Chagnaud, certaines grandes ilustrations prennent l'allure de véritables petits tableaux.
Il n'était pas trop difficile de restituer les paysages naturels qui sont éternels, mais il était en revanche bien plus difficile d'imaginer les oppidums helvétiques au temps de Jules César. Les rares vestiges romains qui subsistent permettent difficilement de savoir comment il se présentaient, et le dessinateur a dû faire preuve d'ingéniosité pour dessiner des sites comme Avenches ou Berne. Ce qu'il nous propose est en tout cas complètement convaincant.
C'est donc un très bel album que nous proposent Marc Jailloux et Mathieu Bréda, qui associe un scénario très crédible avec de belles images qui me rendent un peu nostalgique. Le plateau suisse est en effet presque complètement urbanisé aujourd'hui, et ces images antiques ont une apparence presque paradisiaque. Mais cette nostalgie "de l'ancien" a toujours fait partie du charme de la série.
Et puis, pour répondre à la question d'eleanore-clo, je ne crois pas que la dernière case rende hommage à l'intervieweur de Marc Jailloux. Elle lance plutôt une hypothèse audacieuse ! Je comprends en effet dans cette image que la petite troupe menée par Valentus a fondée la ville de Lousonna (dont la réelle date d'apparition reste inconnue).
Mais toutes les interprétations peuvent être légitimes.