C'est un lieu commun de toutes les séries populaires que de ressusciter le "méchant générique" que dans un précédent épisode on avait laissé pour mort et bien mort. Arbacès, Martin l'a ressorti de son chapeau je ne sais plus combien de fois... puis lui a prêté un frère (sorti de sa manche, celui-là), avant que les épigones ne le ranimassent dans C'ETAIT A KHORSABAD. Et maintenant c'est une autre équipe d'épigones qui nous le ramène !
Seul Henri Vernes a eu les couilles d'imaginer un "duplicateur" pour mettre en place ses "Yellow Shadow Returnees. Parfois le duplicateur déconne et nous le ressuscite en double exemplaire dans le même roman (bis repetita placent). Rémy Gallart et moi nous ne nous sommes pas gênés pour renvoyer l'Ombre Jaune dans l'Antiquité, essayer de corriger certaines erreurs de jeunesse et s'affronter lui-même à 2.000 d'intervalle ! (LES COLOSSES DE L'OMBRE JAUNE et LES RUSES DE L'OMBRE JAUNE).
Il faudrait qu'un futur scénariste d'Alix, possédant un sens du second degré urréaliste, ose sans ciller imaginer un semblable plagiat. On en a lapidé pour moins que ça ! Mais moi j'imaginerais très bien un Mage égyptien (l'Ombre d'Arbacès elle-même) ressuscitant sa momie d'album en album. Relisez des Contes Egyptiens compilés par Gaston Maspero... regardez du côté de Satni-Khamoïs et extrapolez un peu !
En Belgique, terre du surréalisme, on devrait bien trouver un coco capable de nous faire ça !
C'était une constante dans l'oeuvre de Martin (et pas que dans la sienne) de toujours épicer de fantastique les aventures d'Alix (ses rêves prémonitoires, par exemple).
Depuis longtemps, quand je lis Alix, je considère l'histoire en soi, indépendamment des autres albums. On y retrouve certes des personnages déjà rencontrés, mais je ne me tracasse plus pour y trouver un fil logique (si ce n'est la chronologie des albums). Martin avait le chic de faire courir Alix dans une bulle intemporelle fixée en -50. Ses épigones, eux, prennent dans le désordre des épisodes césariens en dépit de la chronologie. Alix est devenu sans le savoir un Voyageur du Temps. Je ne vais pas me retourner dans mon lit si, dans BRITANNIA (qui concerne des événements historiques survenus en -54), Alix y est un vieux pote du Grand Jules... Alors que dans ALIX L'INTREPIDE il ne faisait sa connaissance qu'un an plus tard, dans le second semestre -53. Je lis l'album pour lui-même et je regarde si l'aventure - telle que rapportée - est historiquement cohérente. Bien sûr, mauvaise langue que je suis, je ne manquerai pas de dénoncer ce nouveau saut temporel !