Falaises, à pics et précipices

Certaines ascensions se terminent même par un gag

C'est amusant ! J'avais préparé des images provenant du Temple du Soleil, mais je n'ai pas choisi les mêmes que toi !  

Tout d'abord, il y a cette fameuse séquence qui montre Tintin attrapant un condor géant par les pattes, alors qu'il est en train de descendre une paroi. Il continue à descendre en s'agrippant aux pattes du condor, comme si c'était un parachute.



Il est clair que ce genre d'action est totalement impossible. Un condor ne peut pas soulever un homme de 60 kg, mais Hergé à donner à cette séquence une sorte de "vraisemblance graphique". C'est en quelque sorte un petit "miracle" de la bande dessinée (et un genre de gag que l'on peut aussi trouver dans le dessin animé).

Hergé était un génie.  

Autre séquence merveilleuse dans le Temple du Soleil : la fameuse scène de la casquette.

C'est d'abord un petit suspense qu'Hergé introduit dans une séquence qui était au départ purement narrative. Haddock franchit une dangereuse cascade en étant suspendu à une corde. Et voilà qu'Hergé trouve tout-à-coup l'idée qui va rendre cette séquence inoubliable.



Cette chute de la casquette va bien sûr compliquer la vie du capitaine, qui exécute une série d'acrobaties ridicules. C'est un gag qui me donne aujourd'hui encore l'envie de m'esclaffer. Et puis, Hergé dessine tout cela avec une précision stupéfiante, qui donne à la scène un réalisme étonnant.



C'est un petit chef-d'oeuvre !

Mais il me semble que l'on parle surtout des auteurs du journal Tintin.  

Reprenons un peu les dessinateurs de Spirou ! Il y a Fournier, pas exemple, qui dessine une belle dégringolade en voiture, dans l'Ankou. Il faut dire que Spirou et Fantasio ne se méfient pas assez des gangsters qu'ils poursuivent.  

C'est une séquence assez longue !



L'exploit du conducteur est assez peu probable, mais la suite d'images est bien composée, et Fournier arrive presque à nous convaincre du réalisme de cette scène.  

Jijé, pour sa part, compose une très belle séquence montrant l'ascension (difficile) d'une falaise verticale par Jean Valhardi. On trouve ces images dans le Secret de Neptune.

J'en reviens au Temple du Soleil, car la série ne serait pas complète sans cette séquence qui suit l'avalanche dont est victime Haddock. Heureusement une petite goulée de whisky a réveillé notre homme, qui part à la poursuite des lamas, ces "espèces de merinos mal peignés" ! Et il tombe, c'est le cas de le dire, sur une bande de tchouk-tchouk nougats qui finiront au fond de l'abîme, pas de chance.

Il est vrai que c'est aussi une excellente trouvaille graphique !

Puisqu'on est dans les falaises... Dominique Hé dessine une chute de sidecar dans un de nos albums communs, le tome 8 de Sophaletta...

Je retourne vers les dessinateurs de Spirou.  

Mitacq dessine une longue aventure qui se déroule dans un gouffre, dans l'album El Demonio.

Un gouffre, ce sont aussi des parois qu'il faut escalader.  

Avec Jérôme K Bloche, Dodier dessine lui aussi de belles BD d'aventure, et son détective tombe parfois dans le vide. C'est ainsi que dans l'Ombre qui tue, Jérôme perd l'équilibre sur le haut d'un toit. Heureusement, il a de la chance et bouscule la méchante de l'histoire, qui fait à sa place le "grand plongeon".

Le même genre de mésaventure arrive à Gil Jourdan, mais ce dernier ne peut pas éviter le grand saut. C'est une très belle séquence dessinée par Tillieux dans la Voiture immergée.



Vous remarquerez que le toit change de couleur. Les coloristes de Dupuis n'étaient pas très scrupuleux.

Passons maintenant aux dessinateurs américains. Carl Barks, par exemple, entraîne ses personnages dans un tourbillon d'aventures où les exploits sportifs sont monnaie courante. Donald est ainsi capable de toutes les performances, et l'on ne s'étonne même pas de le voir escalader à toute vitesse des parois vertigineuses dans Duel au Sommet. Cette histoire date de 1953





Les Andes recèlent toutefois quelques surprises inattendues. Avec Carl Barks, il faut s'attendre à tout.  





Mais comment un lion peut-il être présent dans un sommet des Andes ? Carl Barks résoudra le problème d'une manière très élégante.  

C'est insupportable! La suite!!!!

Mais volontiers. Tu risques toutefois d'être surpris, car cela devient de plus en plus délirant.



Les déclarations de Picsou semblent apporter une explication, mais ...



Mais ce n'est pas la bonne explication.

L'avant-dernière page de cette histoire !



Comment cela se termine t-il ?  

Alors ! Que va t-il se passer ?

J'attends que Monocle réponde avant de montrer la dernière planche.

En attendant, voici d'autres séquences américaines sur le thème des "falaises, pics et précipices".  

Je vous ai déjà montré des strips de Floyd Gottfredson. En voici 3 autres tirés de Mickey détective (1932), qui montrent une scène de poursuite. Mickey saute en bas d'une falaise sans la moindre émotion, avant de se retrouver sur le dos d'un élan. C'est une véritable séquence de dessin animé.  

J'ai déjà exposé des séquences d'images de Burne Hogarth, et en voici une autre qui montre Tarzan sur le point d'être poussé dans un précipice.

Inutile de dire qu'il ne se laissera pas faire.  

Raymond a écrit:Alors ! Que va t-il se passer ?

J'attends que Monocle réponde avant de montrer la dernière planche.  

Je réponds! Je réponds! mille excuses! C'est vrai que c'est délirant, du Donald de la meilleure veine!

Tu dis juste ! C'est un délire ... ou alors un rêve.  

Allez ! Voici la solution de l'énigme, et c'est en plus un gag.



Carl Barks était un excellent raconteur d'histoires.  

En effet, bien loin de la mièvrerie Disney actuelle.
...Et une petite image d'un précipice célèbre!

Je continue avec les BD des USA !  

Parmi les séries classiques, il y a aussi Johnny Hazard, aviateur aventurier qui parcoure tous les continents. Il lui arrive bien sûr d'être en face de parois ou de pentes dangereuses quoique pour cet exemple-ci, ce soit plutôt le méchant qui sauve une jeune femme en délicate position ... au dessus d'un précipice.





NB : Ces photos m'ont été envoyées par Totoche que je remercie.  

Il y a un héros qui tombe tout le temps dans le vide, parmi les BD classiques américaines, c'est Little Nemo.  

Heureusement, il atterrit toujours dans son lit.  

Voici une de ses chutes, aussi mémorable que poétique, tirée de Little Nemo in Slumberland.

Autre image semblable de Little Nemo ! Cette fois-ci, il tombe d'une rampe d'escalier, et se retrouve dans le vide.




Je trouve ces images splendides !  

De Winsor McCay, on passe tout naturellement à Marc-Antoine Mathieu, car pour ce qui est de tomber dans le vide, ce dernier en connait un gros chapitre.  

Dans La Qu..., Julius-Corentin Acquefaques fait en effet une longue chute dans le vide, et il va se recevoir dans un endroit imprévu.  

Au début, c'est tout simple : il tombe, il tombe.



Puis, comme la chute se prolonge (j'ai enlevé quelques images), les choses se précisent. On voit apparaître la table du dessinateur.    



Et finalement. on découvre le gag : il tombe dans la tasse de café du dessinateur.