Continuons un peu dans le domaine des comic books, où l'on peut rencontrer quelques artistes intéressants.
Et parmi ces grands auteurs de comics américains, il y a en tout premier Will Eisner. C'est dans le journal
Tintin des années 70 que j'ai découvert sa série intitulée
Spirit, mais il m'a fallut lire pas mal d'épisodes avant de vraiment apprécier l'humour, la liberté de ton et les inventions graphiques permanentes de cette BD policière déjantée.
Une des particularités de Spirit provenait du titre des récits, dont l'aspect changeait constamment et qui fusionnait parfois avec la première
case de la planche. Cette grande variété de présentations me rappelait un peu les lettres du Trombone illustré, qui étaient dessinés par Franquin et qui changeaient d'environnement à chaque numéro. Cette prodigieuse fantaisie calligraphique permettait au lecteur de découvrir d'une façon complice et amusée l'inspiration hebdomadaire du dessinateur, et c'est exactement ce genre de plaisir que l'on retrouvait à chaque épisode du Spirit. Souvent, les lettres y étaient tracées d'une façon assez simple mais Eisner était capable de tout et certains titres pouvaient prendre l'ampleur d'une œuvre sophistiquée. Et ce qui était le plus
mémorable dans ces comics, ce n'était pas les aventures très parodiques du héros, mais bien cet aspect changeant de la première
case qui prenait tour à tour des aspects fantomatiques, humoristiques, poétiques, champêtres, surréalistes ou horrifiques. En fait, Eisner pouvait tout se permettre et cette prodigieuse liberté était séduisante.
J'ai hésité un bon moment avant de choisir une image pour ce sujet, et il me semble finalement que le titre de l'épisode intitulé
le Revenant (provenant de l'album "L'Ecole des Détectives") illustre parfaitement mon propos. Elle est spectaculaire et pleine d'humour, et elle prouve surtout qu'Eisner n'était jamais à court d'idées !