A noter que la série Los Gringos ne marchait pas trop bien, même à ses débuts quand elle était scénarisée par Jean-Michel Charlier, qui a reconnu (je ne pense pas en public, mais en tout cas ses propos m'avaient été rapportés à l'époque) que les héros étaient confrontés à une multiplication de personnages forts, dont surtout Pancho Villa lui-même (on se rappelle - voir mon site jmcharlier.com - que JM Charlier avait réalisé un documentaire en deux volets sur Villa et la révolution mexicaine, pour sa série télé Les Dossiers noirs ; la documentation accumulée avait incité Charlier à imaginer et à lancer une série de BD mettant en scène ce Villa).
Or, dans certains passages de la BD, Villa prend le pas sur les deux héros. Le lecteur s'est senti un peu perdu, d'autant que Villa s'oppose aux héros (d'où l'importance de ce que je disais ailleurs sur ce forum, au sujet de la présence d'un héros principal que le lecteur repère rapidement et auquel il s'attache).
Le thème de la série, à ses débuts en tout cas, était perturbant pour le lecteur pour une autre raison. On ne savait pas sur quel pied danser : était-ce des aventures aéronautiques au Mexique (= fiction, même si le contexte est réel), ou un récit historique sur Pancho Villa et l'histoire mexicaine (= la BD devenait parfois un documentaire avec de gros pavés explicatifs, et même avec des photos d'archives introduites dans les cases).
Enfin, puisqu'on parle de lui (à l'occasion de son décès), je crains que le dessin de de La Fuente, s'il est excellent, ne soit pas vraiment commercial et ait quand même rebuté le lecteur Lambda.
A la mort de Charlier, Guy Vidal a pris la suite de l'écriture du scénario. Silence radio de ma part sur cette péripétie... Toujours est-il que la série a plongé pour ne plus se relever. Ce qui me permet adroitement de replacer ici ma rengaine habituelle, que vous connaissez bien maintenant : à la mort d'un scénariste, on doit enterrer ses personnages avec lui et ne pas les confier à un autre scénariste.