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Le fleuve de jade

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jfty
stephane
Lion de Lisbonne
Raymond
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1Le fleuve de jade Empty Le fleuve de jade Sam 25 Sep - 0:00

Raymond

Raymond
Admin

On n'a jamais beaucoup parlé du Fleuve de Jade dans les forums d'Alix. Cet épisode a eu un certain temps la réputation d'être l'album le plus faible de la série, mais je crois que ce n'est maintenant plus le cas.

Pour ma part, je l'avais lu assez rapidement à sa sortie. Sept ans après, j'en gardais le sentiment d'une histoire un peu ratée. Mes souvenirs étaient devenus approximatifs et j'ai pensé qu'il y avait sûrement des choses à redécouvrir.

Première observation, on voit de beaux paysages au début de l'album. La première partie du récit représente presque un voyage touristique dans l'Egypte du temps des romains. Après avoir regretté la rareté des paysages d'Alexandrie dans le Démon du Pharos, j'ai apprécié que Morales offre de belles images de cette cité dans le Fleuve de Jade. L'oeil se perd parfois dans les détails des décors, tandis que Cléopâtre complote pour envoyer Enak et Alix au sud de l'Egypte. Il doivent y retrouver le roi Djerjkao.

Le fleuve de jade Fleuve11

Ayant accepté la proposition de Cléopâtre, Alix et Enak entame un long périple vers la Nubie. Ce voyage sur le Nil est également dessiné avec beaucoup de détails, et le plaisir de l'archéologie prédomine sur l'intérêt du récit.

Le fleuve de jade Fleuve10

Une fois les voyageurs arrivés dans le pays de Méroé, Alix et Enak découvrent la famille de Djerkao. Les intrigues de cour prennent le dessus et l'intérêt de l'histoire faiblit. Morales ne maîtrise pas la représentation des visages (on le sait déjà) et on se demande presque pourquoi les héros s'enfuient immédiatement vers le sud en compagnie de la princesse Markha, qu'Enak est sensé épouser.

Le fleuve de jade Fleuve12

Cette fuite des fiancés qui ne veulent pas se marier (vainement poursuivis par Djerkao) a pour but de mener Alix vers une Afrique légendaire, dangereuse et peuplée de monstres. L'idée principale de Jacques Martin est de confronter son héros à des créatures légendaires qu'il nomme "les Titans". Ces bipèdes à tête de reptile devraient être effrayants, mais les images de Morales n'arrivent pas à les rendre crédibles. Il aurait peut être fallu un grand illustrateur comme Cuvelier pour leur donner de la vie, et pour que l'on croie à cette histoire. Faute de cette crédibilité, certaines scènes qui devraient être cauchemardesques tombent malheureusement à plat.

Le fleuve de jade Fleuve13

Comme on pouvait s'y attendre, Alix et Enak échappent à ces créatures, de même qu'aux soldats de Djerkao qui les attendent. Malheureusement, les lecteurs banals de mon espèce ont déjà "décroché" depuis longtemps à ce stade du récit. Dès lors, la fin de l'album n'amène pas de grand commentaire.

Lorsque j'essaie maintenant de définir une impression globale sur l'album, il me semble d'abord que cette aventure est plutôt bien construite. En faisant abstraction de certaines images peu convaincantes, je pense même que c'est un bon scénario et j'en viens alors à me demander pourquoi  l'album laisse un sentiment final de déception. Est à cause des faiblesses (évidentes) du dessin des personnages ? Est-ce en raison d'une idée (les Titans) qui parait vraiment trop irréaliste ? Je n'ai pas de réponse définitive à cette question, et cela m'intéresserait d'avoir vos impressions (avant de donner mon propre avis  Very Happy  ).



Dernière édition par Raymond le Dim 25 Mai - 16:43, édité 1 fois


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2Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 25 Sep - 0:54

Lion de Lisbonne

Lion de Lisbonne
grand maître
grand maître

C'est vrai que c'est un album où on peut trouver des magnifiques paysages. pouce
Je trouve l'idée d'envoyer Alix et Enak en Nubie une bonne idée, et l'album est, en general, bien construit.
Je n'ais jamais aimé les Titans ; à mon avis c'est une idée trop irréaliste. No
Pour le reste, je pense que le retour de Alix et Enak vers le nord serait beaucoup plus intéressant si ce retour était faite par bateau, vers la mer Rouge Exclamation

3Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 25 Sep - 9:06

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

J'ai donc repris le fleuve de Jade pour le regarder. Et pour te répondre, je pense que ce "sentiment final de deception" ne vient pas spécialement des Titans. Non, je pense qu'il vient des dessins des personnages qui ne ressemblent pas à Alix et Enak. Il sufit de regardes les gros plans. Quel dommage, car l'encrage, la reconstitutions des décors sont quand même réussis. J'aime les couleurs aussi. Mais pas Alix et Enak...Les visages des pesonnages de Moralès , d'albums en albums sont de moins en moins réussis,dommage, surtout que l'album "" les Barbares" était plutôt réussi!
Après, et je sais que Jorge n'a pas du tout accroché aux Titans, j'ai préféré l'aventure des Titans aux rugissements de Sorg dans Le pharaon, d'Orion.
D'ailleurs, dans les années 90-2000, J.Martin a eu sa période "animaux fantastiques mytologiques ou sauvages": elle commence avec le lion Kar dans Kéos, suivi de Orion le Styx (que j'aime beaucoup) , le Pharaon, le fleuve de Jade , un dessin animé dont il a écrit le synopsis Le lion de Nabatée, et pour finir, il voulait écrire un scénario que nous présente Jacques Grand sur son blog, Le gorille. Je ne sais pas à quoi sont dûes chez Martin d'amener de tels animaux (en particulier le lion) dans ses récits,et ce vers la fin de sa carrière.

http://alixmag.canalblog.com/

4Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 25 Sep - 10:21

Raymond

Raymond
Admin

Je suis d'accord avec Stéphane. La BD peut nous faire croire à beaucoup de choses, y compris des histoires invraisemblables, mais il faut que le dessin soit à la hauteur des attentes. En repensant au récit (du Fleuve de Jade) une fois l'album terminé, je suis arrivé à l'idée que l'irréalisme des Titans ne m'aurait probablement pas choqué si Jacques Martin avait dessiné lui-même cette aventure. Je crois qu'il serait arrivé à donner plus de vie (et de réalisme) aux personnages, et que son perfectionisme aurait produit un dessin plus juste pour animer ces créatures reptiliennes. C'est ainsi que, dans le Styx, l'apparition des hommes-lions est tout aussi étrange mais elle ne choque pas, parce qu'il y a plus d'homogénéité entre dessin et scénario, et aussi d'avantage d'exigences de la part du dessinateur.


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5Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 25 Sep - 11:26

Invité


Invité

Raymond a écrit:

[...] et j'en viens alors à me demander pourquoi l'album laisse un sentiment final de déception. Est à cause des faiblesses (évidentes) du dessin des personnages ? Est-ce en raison d'une idée (les Titans) qui parait vraiment trop irréaliste ?

Les deux, "mon général". Smile

L'introduction de créatures fantastiques dans l'univers d'Alix (comme dans celui d'Orion d'ailleurs) ne m'a jamais tellement attiré; je préfère, et de loin, la faculté prodigieuse avec laquelle Jacques Martin nous faisait croire que les aventures de son personnage s'inséraient parfaitement dans un contexte historique. pouce

6Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 25 Sep - 11:41

Lion de Lisbonne

Lion de Lisbonne
grand maître
grand maître

Treblig a écrit:
Raymond a écrit:

[...] et j'en viens alors à me demander pourquoi l'album laisse un sentiment final de déception. Est à cause des faiblesses (évidentes) du dessin des personnages ? Est-ce en raison d'une idée (les Titans) qui parait vraiment trop irréaliste ?

Les deux, "mon général". Smile

L'introduction de créatures fantastiques dans l'univers d'Alix (comme dans celui d'Orion d'ailleurs) ne m'a jamais tellement attiré; je préfère, et de loin, la faculté prodigieuse avec laquelle Jacques Martin nous faisait croire que les aventures de son personnage s'inséraient parfaitement dans un contexte historique. pouce

Pour moi aussi, c'est pour les deux Exclamation

7Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 25 Sep - 11:43

Lion de Lisbonne

Lion de Lisbonne
grand maître
grand maître

stephane a écrit:J'ai donc repris le fleuve de Jade pour le regarder. Et pour te répondre, je pense que ce "sentiment final de deception" ne vient pas spécialement des Titans. Non, je pense qu'il vient des dessins des personnages qui ne ressemblent pas à Alix et Enak. Il sufit de regardes les gros plans. Quel dommage, car l'encrage, la reconstitutions des décors sont quand même réussis. J'aime les couleurs aussi. Mais pas Alix et Enak... Les visages des pesonnages de Moralès , d'albums en albums sont de moins en moins réussis,dommage, surtout que l'album "" les Barbares" était plutôt réussi!
D'accord avec toi ; et à mon avis le scénario de "Les Barbares" est un des mailleurs scénarios de Alix Exclamation


stephane a écrit:
Après, et je sais que Jorge n'a pas du tout accroché aux Titans, j'ai préféré l'aventure des Titans aux rugissements de Sorg dans Le pharaon, d'Orion.
Je ne suis pas d'accord avec toi pour l'aventure des Titans, mais moi non plus je n'ais pas aimé ces rugissements de Sorg dans Le pharaon. Exclamation


stephane a écrit:
D'ailleurs, dans les années 90-2000, J.Martin a eu sa période "animaux fantastiques mytologiques ou sauvages": elle commence avec le lion Kar dans Kéos, suivi de Orion le Styx (que j'aime beaucoup) , le Pharaon, le fleuve de Jade , un dessin animé dont il a écrit le synopsis Le lion de Nabatée, et pour finir, il voulait écrire un scénario que nous présente Jacques Grand sur son blog, Le gorille. Je ne sais pas à quoi sont dûes chez Martin d'amener de tels animaux (en particulier le lion) dans ses récits,et ce vers la fin de sa carrière.
Parce qu'il avait connaitre un autre Lion Question bedo

8Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 25 Sep - 11:59

jfty

jfty
vieux sage
vieux sage

Lequel de ces 2 là ? de Lisbonne où de Belfort Laughing

9Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 25 Sep - 14:18

Lion de Lisbonne

Lion de Lisbonne
grand maître
grand maître

Je ne conaissais pas le lion de Belfort ; alors j'ai fait une petite recherche en internet, et ... c'est vraiment magnifique le lion de Belfort Exclamation
Pour répondre à ta question ... les 2 Smile

10Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 25 Sep - 15:06

jfty

jfty
vieux sage
vieux sage

Le lion de Belfort est une magnifique sculpture de Bartholdi qui a fait la statue de la liberté( avec le concours de G.Eiffel),entres autres, offerte aux U.S.A et dont l'une des copies en modèle réduit se situe à Paris!
Le lion existe aussi en modèle réduit place Denfert-rochereau à Paris!
Nous manques juste le lion de lisbonne bounce

11Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Dim 26 Sep - 11:15

Raymond

Raymond
Admin

Revenons au Fleuve de Jade ! Il me semble que c'est la première aventure d'Alix qui contienne une scène ouvertement érotique.

Le fleuve de jade Fleuve14



Dernière édition par Raymond le Dim 25 Mai - 16:44, édité 1 fois


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12Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Lun 27 Sep - 10:51

Pierre

Pierre
vieux sage
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Raymond a écrit:On n'a jamais beaucoup parlé du Fleuve de Jade dans les forums d'Alix. Cet épisode a eu un certain temps la réputation d'être l'album le plus faible de la série, mais je crois que ce n'est maintenant plus le cas.

Laughing Ah oui ? Depuis la cité engloutie alors ? Very Happy

Je pense que le fleuve de Jade a l'avantage d'être un véritable album de Jacques Martin. Mais c'est vrai que le scénario et le déroulement de l'histoire est un peu curieux. Je trouve que c'est un album "reposant". Je ne dirais pas que c'est un mauvais album mais plutôt un album qui aurait pu être bien meilleur.

Je ne l'ai lu que très récemment, et pas du tout à sa sortie où c'était l'époque où j'avais mis un peu Alix entre parenthèses sachant toute fois que j'y reviendrais un jour, ce que j'ai fait Wink

13Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Lun 27 Sep - 18:34

Raymond

Raymond
Admin

Mmm ... on ne va pas faire le concours du plus mauvais album, tout de même. Mais en effet, je ne pense pas qu'il s'agisse du Fleuve de Jade. Rolling Eyes


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14Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Mar 22 Nov - 11:09

Invité


Invité

Un compte rendu récent à propos de cet album déjà ancien.

http://argoul.com/2011/11/15/alix-le-fleuve-de-jade/

15Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Mar 22 Nov - 11:34

Raymond

Raymond
Admin

C'est une belle critique, richement illustrée et écrite sur un ton ironique.

Je note que l'auteur a malgré tout apprécié l'album. Wink


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16Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Mar 18 Sep - 14:45

khephren


martinophile distingué
martinophile distingué

Auteur de l’article : Diego Jiménez

LE FLEUVE DE JADE

Il s’agit du dernier tome d’Alix issu de la collaboration entre Jacques Martin et Rafaël Morales publié fin 2003 avec la participation de Marc Henniquiau.

Mon but n’est pas dans cet article de formuler un jugement de valeur sur cet album mais d’en présenter une analyse construite.

La trame :

Je n’en dirai pas un mot ici car la neutralité objective n’existe pas, que je n’écris pas cet article pour dispenser le lecteur d’avoir à acheter l’album et enfin parce que c’est à chacun de se faire une opinion personnelle. Je ne dirai rien non plus sur le traité graphique des personnages et décors car je n’estime pas avoir les compétences techniques pour en juger et que mon but n’est pas de critiquer mais de construire une réflexion.

Les lieux :

C’est l’un des intérêts majeurs de cet album je pense. Comme dans beaucoup d’albums d’Alix publiés depuis 1949, on ne reste pas longtemps en place et le contraste entre les cultures distinctes mais pourtant en interaction plonge le lecteur dans une nouvelle conscience du monde antique. Ici nous nous déplaçons en Egypte, pays bien connu des lecteurs mais aussi en Nubie et sans doute en Ethiopie.

L’Egypte

L’histoire commence à Alexandrie que l’on n’avait pas vraiment revisitée depuis « Le Sphinx d’Or » et à peine survolé dans l’album improprement nommé « Ô Alexandrie ».
La description des lieux a un caractère légèrement fade dans la première partie de l’album : dès les premières vignettes nous sommes confinés dans le palais des Ptolémée que l’on avait aperçu dans le récit de Sénoris mettant en scène Ptolémée Aulète.
On y voit très succinctement Alix et Enak assis dans des divans de l’époque puis on enchaîne assez vite sur une croisière au large du quai d’Alexandrie avant que nos deux héros ne s’embarquent pour la Nubie.
La dernière partie de l’album qui voit le retour d’Alix et Enak à Alexandrie est à mon sens beaucoup plus soignée : on y voit notamment l’influence de l’architecture grecque sur le style architectural égyptien lorsque les marchands d’esclaves passent sous un pont dominé par une statue d’éphèbe.
On y apprend aussi que le magnifique palais royal, ou l’un d’eux, est situé en bordure du Nil de façon à faciliter les communications par bateaux. A ma connaissance il n’y a en Europe que deux villes à avoir repris cette politique d’aménagement territoriale : Bruges et Venise.

Passons ensuite aux autres lieux. Alix et Enak remontent le Nil en compagnie du dignitaire méroïtique pour visiter deux temples : celui de Sobek, le dieu crocodile à Ombos et celui de Philae.
Dans ces deux séquences j’ai été admiratif du savoir-faire de l’auteur qui parvient à nous cultiver tout en n’oubliant pas de nous rappeler le contexte.
Le temple d’Ombos est relativement peu décrit mais on apprend qu’il est célèbre pour ses momies de crocodiles. Le dieu Sobek est en effet un dieu à tête de crocodile et cet animal était sacré dans ses terres qui comprenaient également celles de Crocodilopolis.
La description de Philae est elle aussi assez lapidaire mais il faut admettre que l’architecture égyptienne est à peu près similaire en tout lieu si l’on excepte l’évolution des pyramides de Khéops à Djoser. Il y a surtout un détail intéressant à Philae : le fronton de l’édifice. Notre aimable vizir nubien commente en effet pour nos héros qu’y est représenté Ptolémée Neo Dionysos (présenté dans « Ô Alexandrie » sous le nom de Ptolémée Aulète et historiquement sous celui de Ptolémée XII), massacrant symboliquement les ennemis de l’Egypte.

Il est remarquable que dans cette scène où l’on voit le pharaon brandir une hache-gourdin au dessus des têtes des captifs qu’il tient par la chevelure, Jacques Martin se cite lui-même. Il s’agit en effet d’une reprise d’une scène de la série « Kéos » où le pharaon Mineptah est prié d’occire les achéens faits prisonniers. Ici il y a un détail intéressant : le pharaon pour ptolémaïque qu’il soit est représenté de profil, à l’Egyptienne, ce qui témoigne de la volonté d’acculturation de la dynastie ptolémaïque.

Napata-Méroé

Nous nous retrouvons ensuite à Méroé qui est présentée plus ou moins explicitement comme une principauté vassale de l’Egypte. J’ouvre ici une parenthèse historique dont je déplore l’absence dans « Le Fleuve de Jade ». Le royaume de Napata-Méroé (du nom de ses deux capitales successives) a été fondé par le pharaon nubien Piankhi en 730 av J.C et fut détruit par celui d’Aksoum (Ethiopie) en 350 de notre ère. De 730 à 660 av J.C l’Egypte eut pour la première fois de son histoire des pharaons nubiens issus de ce royaume sous la XXVe dynastie. Il s’agit d’un des premiers royaumes africains historiquement constitués et qui resta indépendant de Rome jusqu’à sa chute.
Le traité graphique de Méroé est assez pauvre dans l’album, je suis contraint de l’admettre, et c’est très dommage car celui de Sakkarah située dans la même région était magnifique dans « Le Prince du Nil ». A la décharge de Jacques Martin, les vestiges de Méroé sont assez peu nombreux et se réduisent surtout à des pyramides. On sait beaucoup de choses sur les pratiques funéraires des méroïtiques qui étaient assez proches des pratiques égyptiennes, quelques détails sur leurs pratiques religieuses (on a retrouvé un temple d’Amon, un temple d’Isis et un temple dédié à Apademak, dieu à tête de lion typiquement méroïtique) mais très peu de choses sur leur architecture. Ce royaume ayant vécu de façon indépendante vis-à-vis de Rome on n’a pas encore réussi à déchiffrer non plus leur langue qui est pourtant hiéroglyphique.

Il existe une hypothèse très controversée selon laquelle les méroïtiques auraient introduit la métallurgie dans l’Afrique subsaharienne mais ce n’est pas prouvé.
Je terminerai en soulignant que la vision que Jacques Martin nous donne de Méroé n’est pas nécessairement erronée : aucun historien n’a le droit d’imaginer à quoi ressemblait une ville s’il n’en a trouvé aucun vestige et c’est à peu près le cas ici. Les Grecs et Romains tout en ayant connaissance de ce royaume le nommaient « Ethiopie » (terme qui désignait pour les Egyptiens le royaume de Pount) et les Egyptiens « royaume de Koush ». Toujours est-il que dans le « Fleuve de Jade » on ne voit guère de Méroé qu’une rade de débarquement, quelques logis assez rustiques, une salle de banquet et une piscine.

L’Ethiopie

Après leur fuite de Méroé, Alix et Enak, se retrouvent sur les chemins d’Ethiopie. J’utilise ce dernier terme car la carte politique de l’Afrique telle que nous la connaissons actuellement est très différente de celle de l’Antiquité : des Etats comme d’Ouganda étaient sans doute inclus dans le royaume d’Aksoum qui a longtemps revendiqué la possession de la source du Nil (le lac Victoria). Ils descendent donc vers le Sud en croisant au passage un village de Noirs, Jacques Martin a ici renoncé au terme de « nègre » utilisé dans la Griffe Noire qui est éthologiquement correct et sera utilisé par Sédar Senghor pour caractériser l’identité africaine mais a acquis une connotation raciste depuis le début des années 70, dont on apprend que la reine est la tante de Djerkao de Méroé. Ce fait est assez remarquable car il témoigne de l’identité africaine du royaume de Méroé.

Par la suite il n’y a pas grand-chose à dire sur les lieux jusqu’à l’arrivée au fleuve de Jade. Ce fleuve est un vrai mystère : Alix nous dit qu’il est un affluent du grand fleuve (le Nil) mais qu’il ne se jette pas dans ce dernier, ce qui rend son eau imbuvable et gluante. Nous sommes en face d’une énigme qui suppose plusieurs hypothèses. Soit nos amis ont atteint le Lac Victoria auquel cas ils se trouvent en Ouganda actuelle soit ils ont poussé jusqu’au Kenya et ont atteint l’une des branches de la Rift Valley qui s’étend sur 3.800 km de la Syrie au Mozambique et passe pour avoir séparé l’humanité des autres grands singes, l’obligeant à migrer vers l’Ouest et le Nord. S’ils sont sur la branche orientale de la Rift Valley alors Alix et Enak doivent se trouver sur les bords du lac Tanganikya où se situent des sources d’eau chaude que l’on peut assimiler à l’eau du fleuve de Jade.

Soit nos deux héros se trouvent sur la branche occidentale de la Rift Valley auquel cas Jacques Martin suggère qu’il y aurait eu à cet endroit un fleuve qui se serait tari.
Je penche plus pour la première solution qui me paraît justifier l’existence des hommes lézards dans cette région.

Les personnages :

Alix : Toujours aussi courageux et charismatique, il ne semble plus s’étonner de rien notamment lorsqu’il se trouve en présence de singes qui se tiennent debout ou d’hommes-lézards. Il affecte même un certain détachement de temps à autre, donnant l’impression d’être entraîné par Markha dans la fuite vers l’Afrique plus qu’il ne donne lui-même l’impulsion.
Il est toujours très fraternel pour Enak qu’il déculpabilise lors de la mort des hommes lézards et fait même preuve d’un remarquable esprit scientifique en théorisant l’évolution des espèces mille neuf cent ans avant Darwin et Lamarck. Il fait même un peu d’évergétisme en suggérant que les hommes lézards seraient en fait les modèles des Titans, divinités du panthéon grecque, que les grecs auraient combattu par « esprit de conquête ». Les théories historiques actuelles s’orientent plus vers une assimilation des Titans au panthéon Achéen et des Olympiens au panthéon Dorien qui leur succèdent. Son personnage est finalement assez spectateur dans cet album, il ne semble même pas s’émouvoir de la mort d’un esclave par sa faute indirecte et accepte assez docilement les caresses de Cléopâtre.

Enak : J’ai été assez surpris de lire qu’il avait quatorze ans dans les premières pages de l’album. Je serais assez curieux de savoir depuis combien de temps il est avec Alix et combien de garçons de quatorze ans ont déjà été centurions. Mais le procédé de vieillissement ralenti des personnages est très fréquent dans les bandes dessinées.
Il a très mauvais caractère dans cet album, jusqu’à la misogynie que l’on a pu observer dans la chute d’Icare à l’égard de Julia et qu’il ne semblait pas éprouver à l’égard de Malua dans les « Proies du Volcan » ou Ariela dans « Iorix le Grand ». Cela dit l’antiquité est assez misogyne en général. Il doit épouser Markha en tant que prince Menkhara, ce qui laisse à penser qu’il est effectivement de rang princier puisque des souverains lui reconnaissent cette qualité. Il se montre très courageux face aux Titans qu’il repousse à coup de braises et pour la première fois il montre du plaisir devant la violence : lorsqu’il blesse Djerkao au bras d’une flèche, il crie « Hourra ! ». Dans le même temps il semble sincèrement regretter la disparition des hommes lézards dont l’attachement à leurs enfants lui rappelle peut-être qu’il n’a pas de mère. Il semble également plus affecté qu’Alix par le sacrifice d’un vieil esclave par Cléopâtre. La dernière partie de l’album permet de lui faire retrouver son rôle de talon d’Achille d’Alix lorsqu’il est assommé par les marchands d’esclaves. Le personnage apparaît toujours très humain mais aussi davantage porté à l’emportement et à la témérité dans certains cas.

Cléopâtre : Belle, dangereuse, cruelle, sensuelle, vénale sont sans doute les adjectifs qui la caractérisent le mieux dans cet album. Elle accepte le pot de vin de Djerkao comme elle a accepté celui d’Enak sans qu’on sache l’usage qu’elle va en faire. Elle sacrifie les deux garçons sans aucun scrupule et ne se montre repentante qu’à la toute fin.
Elle témoigne toujours du même mépris pour son frère, Ptolémée XIII mais aussi d’un certain mépris pour la vie humaine comme en témoigne l’empoisonnement de l’esclave (sûrement grec), ce qui n’était pas une chose courante même dans l’Antiquité.

Qaâ : Grosse surprise pour ce personnage que l’on a connu prophète un peu fantasque dans « Le Prince du Nil » et dont on a découvert l’affection pour le mode de vie nomade dans « Ô Alexandrie ». Il est ici l’amant soumis d’une jeune femme dont on ne sait absolument rien et qui témoigne d’un certain snobisme. Misanthrope mais pas misogyne donc.

Markha : Personnage un peu décevant que cette soeur de Djerkao qui ressemble à Saïs par son désir de suivre Alix à Rome mais n’en a ni le charisme ni le courage.
Elle entraîne Alix et Enak dans une fuite éperdue vers le Sud en pensant naïvement que son frère les laissera échapper puis témoigne d’un dédain très aristocratique pour Madoo qu’elle blesse avant de laisser tomber Alix et Enak à leur sort pour aller demander la clémence de son frère. Elle meurt finalement noyée dans le fleuve de Jade, ce qui clôt la vie d’un personnage assez limité.

Djerkao : Surprise pour lui aussi. On l’avait quitté veuf inconsolable et touchant dans « Le Prince du Nil », très amoureux de Saïs je ne pensais pas qu’il pardonnerait à Alix d’avoir été la cause indirecte de la mort de sa promise. On le retrouve ici remarié à une femme très semblable à Markha. Il témoigne ici d’un sens politique discutable en proposant de réunir deux provinces dont l’une a été absolument anéantie par un cataclysme.
Plutôt manipulateur il n’exclut pas de marier sa soeur à Alix car celui-ci a l’oreille de César.
Blessé par Enak, il veut la tête de Alix et son compagnon qui ont compromis ses plans d’annexion. Violent, il brûle le village de sa tante. On ne saura pas s’il survivra à sa blessure, je dirais que non : lorsque Auguste annexera l’Egypte il signera un traité avec une reine de Nubie.

Madoo : Personnage intéressant très représentatif des héros de la littérature de la négritude de Sédar Senghor. Pasteur nomade, il se dit sorcier et membre d’une tribu africaine, les Inkars, sur laquelle je n’ai aucune information.
Il s’exprime dans une langue compréhensible pour Alix et Enak, je suppose donc qu’il appartient à l’ethnie Amhara (ethnie dominante en Ethiopie dont la langue est sémitique, c’est-à-dire proche de l’hébreu et de l’arabe), on peut supposer qu’il appartient au royaume de Pount ou à celui d’Aksoum.
Très amoureux de Markha, il abandonne Alix et Enak à la mort de celle-ci pour mieux voler à leur secours par la suite, offrant un superbe exemple d’amitié spontanée. Depuis « La Griffe Noire », il est le premier africain avec lequel Alix sympathise et sans doute le plus intéressant.

Ptolémée : Cruel, immature, ivrogne. Il ne change guère. Je reste quand même sceptique sur la cohérence du personnage : en 51 av J.C, Ptolémée XII décède, Cléopâtre lui succède, elle a 17 ans et épouse son frère qui en a… dix. Sachant que Cléopâtre est exilée en 48 av J.C et que César envahit l’Egypte en 47 av J.C, Ptolémée a dans Alix entre 10 et 13 ans. Sachant que son père est encore vivant dans « Ô Alexandrie », il est sans doute plus proche de 10 que de 13.
Or on a rarement vu un enfant de cet âge faire plus d’1 mètre 50, résister à l’alcool et à une tentative de noyade (voir « Ô Alexandrie »).

Les costumes et détails anthropologiques :

Les Titans : Je ne les ai pas mis dans les personnages car cela suppose une dimension d’individualité que ces sauriens n’ont pas.
Ils sont assez étonnants : leurs pattes sont reptiliennes et griffues, la forme de leur crâne fait penser à celle d’un dinosaure du Cétacé mais en même temps ils détiennent des caractéristiques propres aux mammifères : leurs femelles ont des mamelles et surtout ils ont des cheveux ou une crinière sur le crâne, ce qui est une caractéristique des équidés et des félins mais aussi des humains. Oui j’ai bien dit « humain » : la composition des cheveux n’est pas la même que celle des poils.
A ma connaissance il n’existe qu’une seule espèce réunissant ces attributs à l’heure actuelle : les ornithorynques qui pondent des oeufs et les couvent mais allaitent leur progéniture, ce qui a posé un gros problème aux scientifiques pour savoir s’ils étaient des oiseaux ou des mammifères d’ailleurs.
Ils ont également un certain niveau de culture : on les voit porter des pagnes pour couvrir les parties génitales, ce que l’homo sapiens est le premier à faire, ils se déplacent en groupe, ce qui en fait des êtres sociaux et ils possèdent des armes en pierre taillée, ce qui est également une caractéristique de l’humanité à un certain stade de son développement. Ce qui est assez surprenant c’est qu’avec toutes ces caractéristiques, ils ne soient pas devenus l’espèce dominante d’Afrique australe. J’ajoute qu’ils obéissent apparemment à des ordres de la part de leur chef et ont l’intelligence de déraciner un arbre pour en faire tomber des singes. Alix les appelle « Titans » en suggérant que leur nombre réduit s’explique par leur lutte passée contre les Grecs.

A ma connaissance, c’est la première fois que Jacques Martin va aussi loin dans la science-fiction : on avait connu les moteurs à vapeur dans « l’île noire », la poudre avant l’heure dans « Le Sphinx d’Or », l’orichalque atomique dans « Le Spectre de Carthage » et même la fission nucléaire et l’alchimie dans « L’Enfant Grec », voilà que nous revenons en arrière, aux origines de l’humanité.
Je trouve cela d’autant plus intéressant que si l’on admet que l’on se situe à côté de la « Rift Valley », cela suppose que les êtres humains et ces lézards ont la même origine et des traits communs : la station debout, les cheveux, l’usage des armes, la sociabilité et l’appartenance à l’espèce mammifère. Cela dit il est certain que l’apparition de ces sauriens a de quoi déconcerter le lectorat.

Les Méroïtiques : Peu de choses à dire sur eux. Il n’y a pas de critère de différenciation très net entre eux et les Egyptiens si ce n’est la couleur de la peau. Ils connaissent l’usage du cheval, de l’arc, des flèches etc. Ils ont un niveau culturel égal à celui de l’Egypte. Du reste peu de choses qui nous sont connues permettent de les différencier des Egyptiens : on sait d’après les sépultures que leurs rois étaient rarement embaumés et souvent placés en position foetale, ils se faisaient enterrer avec leurs armes et leurs serviteurs et leur tombe est souvent recouverte d’un tumulus. A part ça on sait peu de choses sur eux surtout dans la mesure où leur langue n’est pas encore traduite.

Les marchands d’esclaves : Apparemment grecs, on ne sait pas où ils ont capturé Alix et Enak, probablement entre la cinquième et la sixième cataracte du Nil où se trouve Méroé. Il est assez étonnant de trouver des Grecs dans cette région où les échanges économiques étaient peu denses. Ils sont cependant habillés d’une façon assez arabisée qui laisse à penser qu’ils pourraient avoir des relations avec la péninsule arabique. Ils sont peut-être des intermédiaires entre les Egyptiens et les Nabatéens (peuplade du Nord Ouest de l’Arabie) que Pline le Jeune désigne sous le nom d’ « Arabes » et accuse de spolier Rome d’une partie de ses ressources par des droits de douanes trop élevés. Région annexée par Rome en 106 après J.C.

Les gardes de Cléopâtre : L’exemple même de l’influence hellénistique en Egypte sous les Ptolémées. Dans « Le Sphinx d’Or », Jacques Martin identifiait les forces de police et forces armées égyptiennes aux « archers royaux » dont le design était objectivement très mauvais : on n’a jamais vu de soldat égyptien porter une tiare. Quelques cinquante ans plus tard,
Jacques Martin revient sur son erreur et nous présente des soldats profondément hellénisés. Il s’agit là d’un détail intéressant de la dynastie ptolémaïque : depuis la période des Néchao et des rois Saïtes dont un autre personnage de Jacques Martin, Orion, est le contemporain, les pharaons ont pris l’habitude de recruter des mercenaires grecs qui ne se montrent pas toujours fidèles. Les Ptolémées ont renoué avec cette tradition imposée par les guerres des diadoques qui suivent la mort d’Alexandre le Grand et Cléopâtre est sans doute la dernière reine d’Egypte qui lorsqu’elle est contrainte de s’exiler en Syrie en 48 av J.C suite à un coup d’Etat raté lève des troupes grecques contre son frère.

Repères historiques :

69 av J.C : Naissance de Cléopâtre

67-66 av J.C : Pompée est chargé par le Sénat de détruire les pirates en Méditerranée
Se déroule peut-être à l’époque de la « Chute d’Icare »

58 av J.C : Début de la conquête des Gaules par Jules César

53 av J.C : Crassus vaincu à la bataille de Carrhes trouve la mort
Première apparition d’Alix dans « Alix l’intrépide »

52 av J.C : Défaite de Vercingétorix à Alésia

Seconde apparition d’Alix dans « Le Sphinx d’Or »

51 av J.C : Mort de Ptolémée XII Aulète. Mariage de Cléopâtre avec Ptolémée XIII
Evènement relaté dans « Ô Alexandrie »

49 av J.C : César franchit le Rubicon. Début de la guerre civile contre Pompée
Mentionné dans « Le Tombeau Etrusque » sans qu’on sache si la guerre est déclarée ou s’il s’agit d’affrontement de partisans.

48 av J.C : Cléopâtre s’exile en Syrie où elle lève des troupes et tente de faire valoir ses droits à la couronne d’Egypte

48 av J.C : Victoire de Pharsale de César sur Pompée qui se réfugie en Egypte et est peut-être assassiné sur l’ordre de Ptolémée XIII frère de Cléopâtre.

47 av J.C : César arrive en Egypte et donne le trône à Cléopâtre.
Donc l’intrigue du « Fleuve de Jade » se situe après 51 av J.C et avant 49 av J.C puisque César est encore en Gaule et que Pompée est encore vivant dans « Les Barbares ».
Le « Fleuve de Jade » se déroule donc dans l’intervalle de ces deux dates. Toutefois il est difficile d’établir une chronologie cohérente historiquement des aventures d’Alix : si l’on s’en tient aux dates, il se passe au plus un an entre « Le Sphinx d’Or » et « Ô Alexandrie » qui sont publiés à une cinquantaine d’années d’intervalle.
De plus dans « Le Sphinx d’Or », le courtisan Amon dit du pharaon « qu’il est encore bien jeune et n’écoute pas toujours ses conseils », il parle évidemment de Ptolémée XIII donc le « Sphinx d’Or » se déroule après la mort de Ptolémée XII, c’est-à-dire soit en même temps que « Ô Alexandrie » soit après.

17Le fleuve de jade Empty Bof... Sam 11 Avr - 23:59

PEB


lecteur émérite
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Le Fleuve de Jade était l'album d'Alix le plus récent que j'avais lu avant de ranger mes albums au fond d'un placard pendant une dizaine d'années. De fait, il n'était pas étranger à cette décision: à l'époque, il m'avait singulièrement déçu et convaincu d'arrêter d'acheter les albums d'Alix.

Je viens de le relire et je ne puis qu'adhérer aux critiques et commentaires qui précèdent. Le récit lui-même n'est pas mauvais: une Cléopâtre manipulatrice attire Alix et Enak (qui, après 23 albums, a toujours 14 ans) de faire marier ce dernier à une "vieille" princesse nubienne. Alix et Enak, qui ont voyagé une dizaine de semaines pour arriver jusqu'en Nubie prennent la fuite 3 jours après leur arrivée, errent dans l'Afrique profonde (marais, savane, animaux exotiques...), affrontent des créatures mythiques, et sont finalement capturés par des esclavagistes. Il y a matière à construire un récit à suspense.

De fait, ça tombe à plat. La faute, incontestablement, à l'incapacité de Moralès à dessiner correctement des personnages (et des animaux! ces éléphants, quelle horreur!), et plus encore à mettre en images cette histoire de Jacques Martin. Il n'y a pas que la qualité du dessin qui pêche chez Moralès, il y a toute la conception des vignettes destinées à illustrer le récit et à donner vie aux dialogues. Ces dialogues, à nouveau, ne sont pas toujours très bons.

Le résultat de ce ratage? Le noble et énamouré Djerkao du Prince du Nil est devenu un banal potentat local, le fantasque et redouté Qâa fait du bateau-stop sur le Nil avant de rentrer chez Bobonne, quant à la promise d'Enak on ne sait pas très bien ce qu'elle veut vraiment. C'est finalement Cléopâtre qui est la moins malmenée - sauf sur le plan du dessin pur (elle était tellement plus belle dans Ô Alexandrie!).

La martinade de l'album: que viennent faire ces bédouins arabes dans la vallée du Nil à l'époque ptolémaïque?

A l'image de sa couverture, cet album est moins mauvais que dans mon souvenir, mais ne vole tout de même pas bien haut...

18Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 12 Sep - 14:13

Inky

Inky
compagnon
compagnon

J'aime plutôt bien le Fleuve de Jade.
Avant même d'entrer dans le vif du sujet, rien que le titre de l'album est déjà magnifique et stimule l'imagination par sa poésie mystérieuse.

Bien que le maître reste aux commandes, la maladresse du dessinateur empêche malheureusement d'y reconnaître pleinement un album "Martin" et d'y adhérer sans réserve. C'est déjà un "album post-Martin", d'une certaine façon. Et il est sûr que cela le dessert : comme il a été dit plus haut, gardez exactement la même histoire mais dessinée par un Jacques Martin en pleine forme, et il n'est pas du tout certain que cet opus aurait été si mal aimé que ça.

Ce qui est sûr, c'est que contrairement à d'autres albums "post-Martin" (ou "à demi Martin", vous me comprenez) il laisse indéniablement un souvenir marquant, ne serait-ce qu'en raison de l'apparition saisissante des Titans. À mon sens ils participent pleinement à l'ambiance très particulière, presque onirique, de cette fuite éperdue à travers le désert jusque vers les sources du Nil et de la Création, comme un voyage à rebours dans le temps qui nous entraîne au bout de l'épuisement jusqu'au cœur d'une Afrique millénaire et mythique, magnifiée, écrasée de chaleur et de dangers.

L'effet général est réussi et les Titans valent largement l'intervention invraisemblable des loups dans Vercingétorix, avec Alix qui leur parle dans leur langage ! En fait, bien plus que les Titans ce sont les singes qui font tâche, avec leur comportement anthropomorphique et amical qu'Alix accueille comme une évidence allant de soi.

La manigance politique qui motive l'intrigue me semble très bien trouvée et très conforme à l'histoire personnelle de ses principaux instigateurs : on retrouve la situation tendue de la cour de Cléopâtre vue dans Ô Alexandrie, où le besoin d'argent de la couronne et l'avidité de la reine motivaient déjà l'incarcération de Sénoris. Rien de changé sous le soleil de ce côté-là : une nouvelle aubaine se présente et Cléo saute dessus.
Djerkao a déjà tenté d'unir sa maison à celle de Menkharâ par le passé, et le voir refaire une tentative est tout à fait logique.

Ce qui s'avère tout à fait sidérant de mon point de vue en revanche, c'est le refus d'Énak ! Ce gamin des rues, éternel second rôle, faire-valoir maladroit bouffi de frustration, vaniteux et ombrageux, avait enfin connu son heure de gloire dans le Prince du Nil. Il ne se sentait plus péter de recevoir les honneurs et d'être comblé de luxe, au point de ne plus rien en avoir à faire d'Alix... Et cela n'ayant guère duré, dans les albums suivants il ne cesse de fanfaronner et de se prévaloir de son titre de prince d'Égypte sans convaincre beaucoup de monde à cet égard. Et quoi ? Là, ENFIN, pour la première fois on lui reconnaît de nouveau ce titre de plein droit et on se propose de le marier à une riche et puissante princesse, et de lui offrir un royaume flambant neuf et IL REFUSE ??!!
Je me serais plutôt attendu à le voir se rengorger comme un paon et à s'empresser d'accepter en laissant Alix sur le carreau une fois de plus !
Mais non, pas la moindre seconde d'hésitation : il en recrache même son verre de vin ! "QUOI?! Tu m'as bien regardé Cléo ? Tu oses me traiter comme un vulgaire prince d'Égypte alors que je suis... un prince d'Égypte ?! Moi les princesses topless pleines aux as qui m'apportent un royaume sur un plateau, c'est où je veux quand je veux, alors remballe ta quincaillerie ma vieille !"

Les motivations de la sœur de Djerkao ne sont pas très claires non plus : richement dotée, protégée par un frère affectueux et puissant, on lui offre un royaume en propre, même s'il est à reconstruire, ce qui ne semble pas être un gros problème vu les finances florissantes du frangin. En outre avec un gamin tel qu'Énak comme époux, elle gagne la légitimité dynastique sans pour autant devoir redouter en lui un rival politique. Elle pourrait régner sans partage et devenir une véritable Cléopâtre du Sud !
Alors pourquoi s'embarquer en compagnie de deux gamins étrangers inconnus dans un périple inconscient vers des contrées dangereuses ? Elle avait tout à perdre, et elle a tout perdu.

19Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 12 Sep - 18:04

Raymond

Raymond
Admin

Bienvenue sur le forum, Inky !  Very Happy

Et merci pour ton point de vue original !

Bon, je suppose que tu as déjà lu nos commentaires au début du sujet. Le Fleuve de Jade ne fait pas partie de mes albums préférés mais le scénario est effectivement bien construit. Mieux dessinés, les fameux Titans auraient pu être plus effrayants et le dessin un peu trop grossier de Morales a malheureusement gâché une belle idée.

Il est vrai qu'il y a eu pire par la suite.  Cool


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20Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 12 Sep - 19:08

Inky

Inky
compagnon
compagnon

Merci pour l'accueil Raymond ! Very Happy

Je me relis et oui, Markha m'apparaît décidément comme une seconde Cléopâtre qui pousse le mimétisme avec l'originale jusqu'à reproduire avec nos héros (avec une visible prédilection pour Alix) la scène érotique du bain.

Hélas ses caprices incompréhensibles minent vraiment le personnage. Scénaristiquement parlant, sa personnalité ne tient pas trop debout. Au début elle est prête à tout plaquer instantanément pour suivre Alix à Rome sans même s'assurer auparavant de son adhésion au projet alors qu'elle vient tout juste de le rencontrer (Samthô avait l'excuse de l'avoir soigné et protégé, elle vivait mal sa réclusion souterraine et aspirait à la liberté et à la lumière qu'incarnait le solaire Alix, et en outre son personnage était manifestement celui d'une jeune fille écervelée et romanesque, ce que n'est visiblement pas Markha). Puis d'un coup elle se lasse du voyage qu'elle a elle-même organisé, passe du statut de fuyarde enamourée à celui de pétasse altière, irritable et impatiente et semble prête à planter ses compagnons en plein bled sans autre forme de procès.

Il y a d'ailleurs dans l'album plein d'autres incohérences mineures mais agaçantes. Par exemple Markha indique que son équipage lui est tout dévoué car composé d'hommes de la tribu de sa mère ayant reporté sur elle la fidélité qu'ils portaient à la défunte... sauf qu'il s'agit aussi de la mère de Djerkao lui-même puisqu'ils sont frère et sœur et qu'il n'est ni dit ni suggéré nulle part qu'ils puissent n'être que demi frère et sœur. Markha dit en outre page 19 que ses hommes "iraient jusqu'au bout du monde" pour l'aider... c'est-à-dire quand même pas au-delà de la page 27 où elle informe Alix que l'expédition va tourner court parce que "mon cocher ne veut pas aller plus loin". Oups.
Autre incohérence (invraisemblance serait peut-être plus juste) : l'utilisation à deux reprises par l'oracle de Kôm Ombo du mot "Titans" issu du folklore hellène. Très calé en mythologie grecque le gars, pour un serviteur des dieux égyptiens.
Qâa fait une apparition peu utile au récit, mais qu'on peut considérer comme un caméo : il est devenu un visage familier incontournable des voyages d'Alix en Égypte, alors cela peut suffire à justifier sa présence dans l'album. Par contre l'intervention de son guépard à la fin du récit est complètement inutile. Il se poste à l'avant de la barque "selon son habitude" nous dit Énak (alors qu'à notre connaissance la seule autre fois où il ait jamais vu le guépard sur une barque, c'est à la page 13 où il se tenait à l'arrière tandis qu'un récitatif attirait l'attention sur les deux vautours faisant office de figure de proue : encore une incohérence maladroite qui sent la relecture bâclée). Et lorsque le guépard pourrait avoir une utilité, il disparaît comme par enchantement entre le début et la fin du combat contre les marchands d'esclaves. Bref il ne sert à rien sinon à teaser l'apparition imminente de son maître... qui ne se pointera jamais au rendez-vous, retenu par des soucis domestiques un peu inattendus. Ça sent le fail.
Quant aux marchands d'esclaves, ils insistent sur la nécessité de préserver la marchandise de luxe que constituent les deux héros, mais présentent des épaves humaines à Cléopâtre, au grand courroux de celle-ci.

Bref (parce que je m'aperçois que j'en ai déjà écrit long sur le sujet  Embarassed ) l'album est truffé de ces petits moments maladroits où l'on dit blanc et où l'on montre noir quelques pages plus loin. Ça sent le produit pas peaufiné, mal fini. Si Jacques Martin avait été seul auteur, aurait-il vraiment laissé passer autant de négligences importunes ?

Ce sont elles (et le dessin défaillant de Morales bien entendu) qui affaiblissent ce tome pourtant plein de très bonnes choses, infiniment plus que les Titans qui ne sont qu'une incursion fantastique de plus dans un passif alixien déjà bien pourvu et ne constituent au final qu'une péripétie saisissante et mémorable mais finalement très mineure dans ce récit.

21Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 12 Sep - 19:35

PEB


lecteur émérite
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Ta remarque est intéressante; les Alix de cette période (à partir du Cheval de Troie de mon point de vue), sont truffés de ces détails agaçants, de ces contradictions, incohérences et maladresses scénaristiques généralement mineures, mais qui, répétées tout au long des albums, plombent l'histoire. Ça, et les dialogues parfois pontifiants et manquant par trop de naturel, font des albums de cette période les plus faibles de la saga. Quand on y ajoute le dessin de Moralès, qui dans le cas du Fleuve de Jade a raté les titans mais qui, de manière général, massacre à peu près tous les personnages, on obtient le déclin d'une série dont la réputation ne s'en est jamais vraiment remise, malgré la qualité du travail des repreneurs.

Moralès ne s'en est jamais remis non plus, il n'a plus jamais dessiné pour la bande dessinée à ma connaissance?

22Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 12 Sep - 19:43

Raymond

Raymond
Admin

Morales a dessiné ensuite Hotep, une BD située dans l'antiquité égyptienne dont il n'y a eu que deux tomes. Je crois qu'elle s'est arrêtée en raison de son manque de succès.

https://www.bedetheque.com/serie-16330-BD-Hotep.html


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23Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 12 Sep - 20:05

PEB


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Raymond a écrit:Morales a dessiné ensuite Hotep, une BD située dans l'antiquité égyptienne dont il n'y a eu que deux tomes. Je crois qu'elle s'est arrêtée en raison de son manque de succès.

https://www.bedetheque.com/serie-16330-BD-Hotep.html

Merci Raymond, j'étais passé à côté!

24Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Sam 12 Sep - 21:30

Inky

Inky
compagnon
compagnon

Dans cet album, je constate que le traitement du personnage d'Énak mérite qu'on s'y arrête.

Tout comme dans le Prince du Nil, c'est sa généalogie putative qui est le moteur de l'histoire. On pourrait voir le Fleuve de Jade un peu comme le Prince du Nil II avec cette fois quelque chose comme une velléité de racheter Énak et son attitude infâmante de jadis, une volonté de rejouer le match avec les honneurs. Cette fois, pas question de lâcher Alix et il tournera dos spontanément à la mégalomanie.

Énak est constamment acteur dans cette histoire, ce qui change agréablement de son rôle habituel de spectateur. Il refuse d'emblée le projet de mariage, il tente de s'évader durant le trajet pour Méroé et entraîne Alix à sa suite, il permet aux fuyards d'échapper à l'armée de Djerkao en réalisant une prouesse à l'arc et abattant le prince d'une seule flèche du premier coup, alors que les Titans menaçants sont à quelques pas il s'éloigne de la protection relative du feu pour s'enfoncer sous les arbres au péril de sa vie et ramener davantage de bois, c'est aussi lui qui leur balancera des braises incandescentes dans la tronche... Même dans ses dialogues, il prend plus d'une fois l'ascendant sur un Alix suiveur, et c'est lui qui exprime le plus de compassion envers les destins tragiques de Markha, des Titans et de l'esclave de Cléopâtre.

Alix au contraire est très passif, que ce soit vis-à-vis des combines de Cléopâtre, du chaperonnage pesant de Sarkha, de l'initiative d'Énak, des projets politiques de Djerkao, de l'entreprise d'exfiltration mal fagotée de Markha, de la décision de celle-ci de le suivre jusqu'à Rome, de l'hospitalité encombrante et handicapante de la reine Herka, des avances de Cléopâtre, etc. Il se contente constamment de suivre le mouvement et la seule chose qui fasse illusion et le maintienne dans son "premier rôle", c'est sa blondeur qui le désigne comme le héros titulaire et amène les autres personnages à le choisir comme interlocuteur privilégié. Mais honnêtement à part être blond il fait du rien.
Les événements au bord du fleuve de jade poussent même le bouchon un peu loin à cet égard : pendant qu'Énak risque sa vie dans le sous-bois, il reste le cul sur son rocher ; alors qu'Énak balance à bout portant des braises au visage des Titans, Alix... tient son arc à la main et regarde !!! Shocked Shocked Shocked

Bref les conditions idéales étaient réunies pour réhabiliter pleinement Énak et lui donner un rôle de premier plan. Malheureusement, le scénariste n'a pu s'y résoudre complètement et nous livre une fois de plus le lot habituel d'énakeries qui entrave l'avènement du personnage, au point de masquer les bons points récoltés par celui-ci au cours de l'album. En effet la réaction épidermique et mélodramatique d'Énak à l'annonce du mariage s'apparente à celle d'un gamin immature et mysogyne dépourvu de tout sens diplomatique (en plus d'être peu en accord avec la soif d'honneurs qui constituait un trait fort de sa caractérisation depuis le Prince du Nil). Sa tentative de fuite est brouillonne et avortée. Sa compassion peut être vue comme de la faiblesse (deux poids deux mesures : dans d'autres albums c'est Alix qui réagit de la sorte et nul ne songerait à le traiter de faible). Enfin c'est son inaptitude au combat qui est présenté comme la cause de leur capture (alors qu'en vrai ils n'avaient pas la moindre chance et que ça n'a rien vraiment changé qu'il cède en premier).

Bref on présente une fois de plus Énak comme un boulet, mais ce coup-ci ça ressemble vraiment à un procédé un peu malhonnête de la part du scénariste pour cacher la misère véritable de cette aventure : un Alix très en dessous de sa légende...

25Le fleuve de jade Empty Re: Le fleuve de jade Dim 13 Sep - 11:28

Inky

Inky
compagnon
compagnon

Je sens que je vais finir par vous soûler avec mon Fleuve de Jade et que vous allez vous dire "non mais c'est quoi ce petit nouveau qui nous tient le crachoir avec cet album qu'on n'aime pas de toute façon?" ! Laughing

Désolé pour ça. Mais vraiment plus j'y pense plus l'album me semble intéressant, et il y a beaucoup à en dire malgré ses défauts avérés sur lesquels je ne reviendrai pas (quoique je n'adhère pas forcément à l'opinion exprimée ci-dessus selon laquelle les Titans sont mal dessinés : je dirais plutôt qu'ils sont dessinés comme ils sont dessinés, un peu rigides certes mais ils "font le job", là où ce sont selon moi les personnages humains qui laissent franchement à désirer, car on peut les comparer avec l'aspect qu'on leur connaissait précédemment du temps de l'Âge d'Or, et ils souffrent beaucoup de cette comparaison).

Aujourd'hui j'ai envie d'évoquer deux thématiques rattachées à l'album (je ne fais que lancer les sujets en espérant vous faire rebondir dessus pour déclencher de votre part une de ces analyses pleines de finesse que j'ai pu lire par ailleurs sur ce forum cyclops )

D'abord la thématique du miroir.

  • J'ai comparé le Fleuve de Jade à un Prince du Nil II, tant l'intrigue politique à l'origine de l'histoire est comparable.
  • Il y a un petit côté Griffe noire aussi : un groupe de jeunes gens s'enfonce toujours plus avant dans les profondeurs d'une l'Afrique dangereuse et sauvage, traqués par un adversaire supérieur en nombre qui perd sa trace et décide finalement de lui tendre un traquenard sur le chemin du retour. Au bout du chemin, un lieu tabou attaché aux terreurs ancestrales les plus profondes de l'Homme face aux forces inexplicables et terrifiantes d'une Nature préhistorique (un volcan "pompéien" dans un cas, un fleuve mortel dénaturé et des Titans reptiliens dans l'autre).
  • Le Nil est source de vie, le fleuve de jade est source de mort.
  • Cléopâtre et ses bains dénudés / Markha et ses bains dénudés.
  • Madoo le "bon sauvage" vit de rien au contact de la nature, incarne la liberté d'aller et venir et de penser et commande aux animaux sauvages. Contre toute attente il s'enamoure d'une courtisane arrogante et sophistiquée aux antipodes de son mode de vie. Leur histoire n'a aucune chance et il se prend un rateau. N'y a-t-il pas un étrange double-emploi entre lui et Qâa qui présente exactement les mêmes caractéristiques ? On voit au travers des déboires de Qâa ce que serait devenu le quotidien de Madoo si Markha l'avait suivi. Mais pourquoi deux personnages distincts pour raconter la même histoire deux fois, finalement ? Étrange jeu de miroirs pour montrer les 2 issues alternatives d'un même amour impossible...

Et je suis persuadé qu'en creusant encore, on pourrait trouver mille autres rappels, réminiscences et jeux de miroirs dans cette histoire.

Je lui trouve aussi une thématique biblique. Il y a là quelque chose de l'épisode de la fuite d'Égypte. Nos amis fuient la Haute Égypte pour retrouver leur Terre Promise (Rome, en l'occurrence) et entament une longue fuite dans le désert, traqués par la troupe des chars du prince. Et si Alix n'est pas le frère de Djerkao comme Moïse était le frère de Pharaon, en revanche Markha est bien sa sœur !
Et puis il y a le grand moment où les eaux de la Mer Rouge submergent l'ennemi malgré son nombre et sa terrifiante puissance militaire. Ici la Mer Rouge est un fleuve vert, mais le Deus Ex Machina est comparable. Curieusement ce ne sont pas ici les chars de Djerkao qui sombrent dans les eaux mortelles, mais un étrange mix : un char égyptien unique qui porte la sœur de Djerkao dans un premier temps, puis ensuite nous avons bien une "armée" qui s'apprêtait à ne faire qu'une bouchée de nos amis, mais elle est plus étrange qu'une simple troupe de chars. On peut néanmoins l'assimiler à une horde de démons, ce qui ne fait que renforcer le côté biblique du sauvetage de nos amis par l'ange Madoo.
Après avoir erré jusqu'à l'épuisement et avoir été capturés par une caravane de marchands d'esclaves, jusqu'au dénouement à Alexandrie on pourra vraiment dire que nos amis ont plus que jamais connu une traversée du désert.

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