Aujourd'hui est un grand jour !
Je vais enfin pouvoir sortir !
Avec mon épouse, nous étions en effet tous les deux en isolement complet car nous étions touchés par le Covid 19. Maintenant, nous sommes plus ou moins guéris et nous avons à nouveau le droit de sortir ... même si c'est le moins souvent possible et pour des motifs sérieux. La pandémie n'est bien sûr pas terminée et ce n'est donc pas la grande liberté, mais c'est déjà ça !
Je reprendrai donc mon travail dès la semaine prochaine (il y en aura beaucoup) et j'aurai bien sûr beaucoup moins de temps à consacrer au forum. La rubrique "Gasoline Alley" ne sera dès lors plus quotidienne mais très intermittente. Ce n'est cependant pas trop grave puisque les choses les plus importantes ont largement été dites, je pense. Cela s'est même fait plus vite que je ne m'y attendais car l'isolement et l'absence de travail m'ont donné beaucoup de temps libre pendant ces deux dernières semaines. Mais grâce à Walt et Skeezix, cela n'a heureusement pas été du temps vide, et je suppose que le message est maintenant bien passé.
J'y ajouterai encore une petite touche aujourd'hui, en évoquant brièvement l'humour de Frank King. Il y a en effet beaucoup de gags dans Gasoline Alley, même si je l'ai peu signalé jusqu'ici. Et pour mieux les découvrir, je vais vous commenter cette planche du 13 mai 1923.
Au départ, la série s'intéressait à un groupe de "passionnés de bagnoles" dont faisait partie Walt. Toutes les passions représentent bien sûr des points faibles et la voiture est logiquement devenue un vrai sujet de gags dans la série. Cet humour peut prendre différentes formes et dans cette planche, on découvre des gags qui se répètent mécaniquement, un peu à la manière d'un slapstick. Des promeneurs dérobent en effet des morceaux de la voiture de Walt et cette succession de vols s'accompagne d'un mécanisme d'escalade qui me fait beaucoup penser au fameux
Big Business, un film culte de Laurel et Hardy. Rappelons que dans ce court métrage des années 20, Laurel et Hardy détruisent systématiquement une maison tandis que leur adversaire dépèce leur voiture, morceau après morceau, d'une façon acharnée.
Comme dans le merveilleux petit film de Laurel et Hardy, on se demande jusqu'où l'humour de Frank King va pouvoir aller ? Et en fait, il ne semble pas vraiment y avoir de limite, puisque le premier passant enlève une porte, puis le deuxième enlève les roues, et le suivant enlève le moteur, avant que le dernier emmène la carrosserie toute entière. L'apparition de la petite grue derrière Walt prend d'ailleurs une dimension surréaliste et représente un excellent "gag dans le gag". Et bien sûr, comme dans un véritable cauchemar, Walt semble curieusement rester paralysé et incapable de réagir.
Puis à la fin, comme dans les bons vieux "slapsticks" de Charlot ou Laurel et Hardy, un agent de police fait son apparition. C'est la catastrophe finale (on pourrait voir ceci comme "la crème sur le gâteau") car le policier s'en prend bien sûr au gentil Walt qui est une simple victime. Toute la planche est ainsi imprégnée d'une folle drôlerie.
Mais bien sûr, il y a derrière ce gag une explication toute simple ! Walt s'est une fois de plus endormi et la page change ainsi de paradigme. La folie de Frank King reste plutôt mesurée (contrairement à celle de Laurel et Hardy) et on est rassuré de retrouver ensuite le monde des rêves.
Walt et Skeezix vivent dans un monde heureux et bienveillant.
Et Gasoline Alley est une des plus belles bandes dessinées du monde.