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Relectures

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1Relectures Empty Relectures Sam 19 Mar - 18:57

Raymond

Raymond
Admin

Lire une BD, c'est bien, mais la relire, c'est parfois encore mieux !   Smile

Il est vrai qu'avec la pléthore de nouvelles BD, le temps consacré à la relecture a spectaculairement diminué depuis quelques années. Mais avec le forum, et certains de ses sujets qui m'obligent à relire divers albums (surtout de Jacques Martin il est vrai), c'est un plaisir que je m'offre tout de même assez souvent.

On n'a pas toujours envie de parler de nos relectures, certes, mais de temps en temps ... pourquoi pas ?    Wink

Il est assez clair que la plupart des relectures seront chroniquées dans les sujets consacrés aux auteurs ou aux séries de BD. Mais ces sujets spécifiques n'existent pas tous les titres !

Comme le sujet *je viens de lire" est déjà très fournis, il me parait opportun de créer maintenant ce sujet plus spécialement dédié aux relectures. On verra si vous êtes inspirés.   Wink


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2Relectures Empty Re: Relectures Sam 19 Mar - 20:59

Raymond

Raymond
Admin

Julie Doucet vient de remporter le Grand Prix d'Angoulême 2022 et c'est une surprise monumentale ! Il faut bien avouer que pour ma part, je n'aurais pas voté pour elle.

Ceci m'a donné envie de me replonger dans ses œuvres ! Précisons toutefois que je n'ai pas beaucoup d'albums de cette autrice ! J'en possède un seul, acheté d'occasion il y a une vingtaine d'années, et il s'intitule Ciboire de Criss ! Le livre a été publié par l'Association en 1996 et c'est un recueil de nombreuses petites histoires qui font entre une et plusieurs pages. On n'est ainsi pas obligé de tout lire en une fois.   Wink

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J'avais le souvenir d'une BD profondément underground, dessinée dans un style caricatural et agressif, qui racontait le vécu intime et quotidien de Julie Doucet, et j'ai effectivement retrouvé un univers qui est assez typique des marginaux ! Le sujet principal du livre, c'est la vie morose et ordinaire de Julie dans un monde où elle se sent souvent mal à l'aise. L'autrice ne cherche jamais à se mettre en valeur et c'est peut-être cette honnêteté qui avait séduit à l'époque les membres de l'Association, lorsqu'ils ont décidé de la publier. Voici par exemple la manière dont la dessinatrice raconte le début d'une de ses journées !

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Parfois, "l'honnêteté" de la dessinatrice l'incite à dessiner une réalité ordinaire très crue, voir même un peu choquante. C'est ainsi qu'elle n'hésite pas à raconter en détail le caractère pénible de ses menstruations, et l'image ci dessous pourrait sembler épouvantable. Mais quand on y pense, il y a là surtout une belle métaphore graphique (et une ironie) efficace qui correspond à un style très personnel !

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Par moments, le graphisme devient un peu trop chargé et le dessin beaucoup trop décoratif. Il abandonne tout efficacité narrative et l'œil se rebelle devant cet excès de noir et de détails difficilement compréhensibles. Il faut s'arrêter pour en comprendre le sens et les BD de Julie Doucet ne peuvent donc pas se lire rapidement ! La dessinatrice ne fait  pas de cadeau au lecteur.

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Les rêves sont souvent présents dans les bandes dessinées de Julie Doucet et c'est une caractéristiques qu'elle partage avec de nombreux auteurs de l'Association. Tantôt plaisants et tantôt absurdes, plutôt pessimistes mais aussi fantaisistes, ces recueils méthodiques de l'activité onirique de la conteuse complètent opportunément le journal de la vie quotidienne. C'est une confidence de plus et il n'y a pas de message spécifique à chercher là-dedans. Telle est la chose, pourrait-on dire, et telle est la vie de l'autrice !

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Les histoires se suivent et ne se ressemblent donc pas, mais il y a  tout de même une constante (et une ambiance) qui finit par émerger de cette suite d'essais graphiques, de regards courroucés et d'anecdotes mortifères. A mon avis, l'aspect dominant de ce livre est la présentation d'une difficulté d'être, associée à la confession d'une jeune femme qui ne sent pas conforme aux standards de la société qui l'entoure. Tout cela a un côté assez sympathique, qui provient de la sincérité de ces aveux, et Julie Doucet ne propose aucun arrangement avec la réalité. Elle nous livre tout en vrac : les joies, les peines. les rêves, la solitude, les illusions, les moments sordides et les craintes, et elle ne veut pas que cela soit obligatoirement beau.

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Au final, je n'ai pas vraiment ressenti d'affinité élective (si j'ose employer ce terme) avec l'univers de la dessinatrice, mais j'ai tout de même apprécié ce tableau d'une jeune femme qui est en désaccord avec un monde dominé par le fric, la technique et la rudesse des rapports sociaux. L'esthétique très "underground" du dessin me semble assez conforme à l'univers de la BD alternative et l'œuvre de Julie Doucet est par ailleurs une énorme confidence qui ne peut qu'interpeler le lecteur adulte. Ciboire de Criss n'est donc pas une bande dessinée négligeable, même si certaines pages peuvent être contrariantes ou rebutantes.

La plupart des livres de Julie Doucet sont aujourd'hui épuisés mais j'imagine que ce prix d'Angoulême va donner quelques idées aux éditeurs. Il y aura certainement une grande exposition l'année prochaine lors du prochaine festival et on va donc certainement reparler d'elle. Et peut-être, qui sait ...  au fond ... qu'elle va devenir une dessinatrice importante.   Wink


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3Relectures Empty Re: Relectures Dim 12 Mar - 16:45

Raymond

Raymond
Admin

Je n'alimente pas souvent cette rubrique, d'une part parce que je relis assez peu (il y a trop de nouveautés) et d'autre part parce qu'il me semble plus intéressant de commenter l'actualité. Mais il m'arrive tout de même de relire mes vieux albums usés par le temps (et aussi par des manipulations multiples). Ce week-end, il n'y avait pas de nouveauté importante et j'en profite pour donc vous parler d'un "vieux classique" de la BD franco-belge.   Very Happy

Connaissez vous Timour contre Attila ? C'est une tout bonne histoire de la série des Timour, ou plutôt des Images de l'Histoire du Monde pour reprendre le titre originel (un peu plus ronflant) du scénariste Xavier Snoeck. Pendant mon enfance, bien avant de posséder cet album, j'avais beaucoup rêvé devant cette couverture splendide qui montre le visa raffiné et rusé d'Attila, le terrible et légendaire Fléau de Dieu. Je fus un peu surpris par la suite de le voir faire preuve d'une étonnante générosité vis-à-vis de Timour, mais les héros ont toujours une certaine grâce qui leur est propre.  Wink

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Les aventures historiques des Timour sont souvent de belles aventures au grand air, qui alternent la rêverie du voyage avec les folles cavalcades. Timour contre Attila ne fait pas exception à cette règle, car on n'y trouve presque pas de monuments ni d'architecture. Et cette image introductive en pleine campagne montre donc bien le ton général de cette histoire, composée de multiples explorations et de cruels combats.

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Timour et ses compagnons avancent dans une campagne hostile où règne la peur de l'invasion des Huns, et on ressent tout de suite cette tension. Nous sommes en l'an 451, pendant les dernières décennies d'existence de l'Empire Romain et l'affrontement du héros contre les Huns commence. Au début, il n'y a que des escarmouches et la violence est uniquement suggérée. Il est vrai que l'on est dans le journal Spirou, envers qui la Censure se montre parfois sévère. Les auteurs utilisent donc souvent l'ellipse. Ils suggèrent la violence plutôt que de la montrer et si on devine facilement ci-dessous qu'un homme est mort, on ne le voit pas.

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Les scènes de combats sont très présentes, mais pas toujours spectaculaires. Les coloristes en sont en partiellement responsables car on voit beaucoup de scènes de foules qui sont maladroitement recouvertes d'une teinte uniformément brunâtres. Les détails graphiques s'estompent ainsi et seul le récitatif de Xavier Snoeck permet au lecteur de se repérer dans le récit. On constate cependant sans peine que l'on meurt beaucoup dans cette histoire, et vous ne serez pas surpris d'apprendre que Sirius a souvent connu des problèmes de censure pendant ces années-là.

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De combat en combat, Timour est finalement capturé et c'est ainsi qu'il se retrouve devant Attila. Le guerrier franc interpelle avec audace le Rois des Huns et ce dernier se montre presque magnanime. Il épargne le frère de Timour mais s'offrira le plaisir de torturer le héros du récit. La cruauté s'associe à l'élégance et le récit va désormais raconter le duel des deux personnages principaux. Un grand souffle épique commence à naître.

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La cruauté du supplice de Timour n'était pas vraiment racontable en ce temps-là. Sirius utilise donc avec habileté les gros plans, afin que seuls les visages des protagonistes témoignent de la tension qui règne autour du poteau de torture. Le récitatif prend ainsi la place principale, comme bien souvent dans les BD de cette époque.

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Timour échappe à son supplice, bien sûr, et la cavalcade reprend. Le héros fait temporairement alliance avec un autre guerrier et un humour malicieux apparait à l'occasion, grâce à de nouvelles ellipses. En fait, ce genre de cassure est un truc que Sirius aime bien utiliser et par la suite, l'humour prendra une place de plus en plus grande dans son œuvre.

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Mais oublions les détails ! Le grand moment de l'album, c'est le récit épique de la bataille des Champs Catalauniques qui conclut toute l'histoire. Sirius prend pour une fois un peu de hauteur et compose d'intéressants plans généraux (assez mal coloriés d'ailleurs) qui montrent les adversaires en présence. Le général Aetius n'est que rapidement mentionné et c'est bien du côté de la cavalerie franque que le narrateur se place. Et au moment crucial du combat, ce sera le grand chef Mérovée qui sonnera la charge.

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Et puis, une fois la bataille perdue, Attila qui s'enfuit rencontre une dernière fois Timour. Ce dernier est blessé mais toujours aussi fier, et l'on retrouve dans leur conversation la nostalgie d'une amitié qui ne pouvait pas exister. Toujours le souffle du romantisme !

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Et Attila quitte à nouveau Timour en faisant un beau geste. Le héros se dresse alors devant ce qui reste du champ de bataille, et contemple paisiblement cette plaine remplie de cadavres. Et le vent qui souffle à ce moment-là soulève un grand nuage de poussière ... fin de l'histoire !

Soyons honnête ! Timour contre Attila n'est pas un chef-d'œuvre, mais c'est quand même une belle aventure, et une bonne BD qui est honnêtement dessinée par Sirius. Un lecteur moderne pourrait facilement y critiquer l'abondance du texte, le manque de détails dans le décor, l'idéologie un peu trop "scout" et les couleurs parfois épouvantables, mais il y a tout de même dans cette histoire un ton épique et des élans de générosités qui participent au romantisme évident de cette histoire. Tout cela est un peu naïf, certes, mais le romantisme n'est pas un handicap pour une bande dessinée, surtout lorsque la cruauté, la mort et l'amitié y sont exposées d'une façon simple, avec un enchaînement logique et parfois avec une pincée d'humour. Malgré la censure qui veillait, les deux auteurs ont tout de même travaillé avec une certaine liberté.

Je n'arrêterai jamais de relire mes vieux albums de Timour !   Very Happy

Entre EE et EEE


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4Relectures Empty Re: Relectures Mer 29 Mar - 15:49

Raymond

Raymond
Admin

La publication de Roma Roma a été pour moi un moment charnière ! C'est après avoir lu cet album (au moment de sa sortie) que j'ai décidé d'arrêter de m'intéresser à Alix. Heureusement, cette décision n'a as été tenue très longtemps, car l'arrivée de Christophe Simon m'a conduit à nuancer la mauvaise opinion que je pouvais avoir sur les successeurs de Jacques Martin.  Very Happy

Il y avait en fait beaucoup de choses que je n'aimais pas dans cet album, mais c'était bien sûr avant tout le dessin qui me gênait !  Et puis il y avait des couleurs inhabituellement sombres, dures et bleutées qui écrasaient certains détails. La lecture en devenait très désagréable et ces teintes déséquilibrées étaient vraiment la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.

Je ne l'avais relu par la suite qu'une fois, lorsque j'ai ouvert le sujet dédié à Roma Roma dans le forum, et ceci avait confirmé la mauvaise opinion que je gardais de l'album, pour des raisons essentiellement graphiques. Et puis Casterman a sorti il y a 5 ans une réédition avec des couleurs complètement refaites, à la fois plus claires et plus vives. Je m'étais promis d'acheter cette réédition pour réévaluer l'album, et c'est ainsi que je me suis lancé dans une tardive relecture !

Première constatation : les nouvelles couleurs donnent une impression un peu plus favorable ! Les jaunes et les rouges s'accordent mieux avec les bleus et les bruns qui sont plus clairs, et l'ensemble des teintes devient plus équilibré. Mais il reste hélas les maladresses du dessin de Morales. C'est ainsi que je n'ai jamais pu digérer cette image ci-dessous qui montre Alix debout devant sa propre demeure, à Rome. Les gesticulations du héros paraissent disproportionnées et l'image du mur laisse une impression désagréable de déséquilibre. On a l'impression que tout cela a été tracé par un débutant

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Roma Roma est par ailleurs une histoire de sosies ! Un comédien nommé Sulcius s'est grimé pour ressembler à Alix et avec son déguisement, il commet un assassinat. Il fallait donc particulièrement s'appliquer en réalisant le dessin des visages, afin que l'on comprenne la ressemblance des deux personnages tout en discernant quand même une certaine différence entre Alix et son imitateur. Mais voilà, Morales ne maîtrise pas le dessin des figures ! Résultat : on a parfois l'impression que c'est le sosie (en dessous à gauche) qui est Alix, tandis le héros lui-même (en dessous à droite) n'est presque pas reconnaissable. Avec cette imprécision du dessin des visages, on ne sait plus qui est qui et l'histoire devient presque incompréhensible.

Relectures Roma-r11                                Relectures Roma-r12

C'est un des principaux reproches que l'on peut faire à cette BD et la rénovation des couleurs n'atténue pas ce problème. Elle rend par contre la lecture moins irritante et le début de l'album se lit ainsi sans trop de désagrément. Morales dessine parfois assez bien les décors et les costumes, même si les silhouettes des personnages restent grossières.

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Après le meurtre du sénateur Quintus Arenus, Alix est emprisonné et l'intrigue suit son cours. Morales privilégie les plans lointains en dessinant les personnages et ceci lui permet d'éviter de les montrer en détail. Le dessin devient ainsi peu expressif, voir même ennuyeux.

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Jacques Martin fait ensuite réapparaître d'anciens personnages comme Fulgor et Corus Maler et c'est une bonne idée du scénariste. Mais comme on pouvait s'y attendre, le lecteur a de la peine à les reconnaître car Morales ne maîtrise pas les détails de ses dessins. C'est bien désagréable !

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Non seulement le dessin n'est pas beau, mais il lui manque aussi la précision des détails afin que le lecteur puisse s'y retrouver. La réfection des couleurs ne peut malheureusement pas changer ce défaut, ni améliorer la compréhension du récit. C'est l'album tout entier qu'il faudrait redessiner. Ceci dit, il nous reste tout de même quelques scènes d'anthologie dans cet album, comme par exemple l'étonnante  scène de marivaudage qui s'ébauche entre Alix et Lydia. Valérie Mangin s'en est d'ailleurs intelligemment inspirée par la suite, en écrivant l'histoire d'Alix Senator.

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L'enquête menée à Rome par Alix et Enak les amène à fréquenter le monde des comédiens et c'est plutôt une bonne idée. Mais là aussi, hélas, le lecteur se perd un peu en essayant de deviner si les images nosu montrent Alix ou son sosie. Comme le scénario raconte en parallèle ce qui arrive à Sulcius et ce que fait Alix, la lecture devient un vrai casse-tête ! C'est dommage, car avec un peu plus de recherche de clarté de la part du dessinateur, l'intrigue aurait peu être séduisante

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Il n'y a donc malheureusement pas beaucoup d'éloges à faire sur cet album, qui va désormais rester pour moi une "histoire maudite*. Dessinée par Jacques Martin lui-même, elle aurait pu être captivante, mais il fallait pour cela que les images soient réalisées par un artiste exigeant, et pas par un exécutant dépassé par l'ampleur de sa tâche.

Je n'attribuerai pas de note à cette BD, ca vous avez déjà compris qu'elle ne peut pas être bonne.   deso


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