Merci de ta présentation, Raymond, et voilà , c'est reparti après une trève estivale un peu prolongée !
Pour recommencer en douceur, voici une brève analyse portant sur "La chute d'Icare". Pourquoi avoir choisi cet album ? Tout simplement parce que je l'aime bien et qu'avant la pause, je m'étais arrêté sur "L'enfant Grec". Or, "La chute d'Icare" remet en scène deux des personnages du précédent, Numa et Archéloa, ce qui me permet de faire la liaison.
En route pour Icarios, sa statue d'Icare, son temple d'Asclépios... et ses pirates !
LA CHUTE D'ICARE
Vingt-deuxième aventure d'Alix
Le résumé
Alix et Enak rendent visite à Numa Sadulus et à Archéloa qui se sont installés sur l'île grecque d'Icarios, dans les Cyclades. Cette île doit sa prospérité à son commerce et aussi au sanctuaire d'Asclépios, le dieu guérisseur, très fréquenté. Mais Alix trouve étrange l'attitude de certains autres visiteurs qu'il soupçonne de mauvaises intentions. Il s'en ouvre auprès du gouverneur, Caro Curtius, et se fait éconduire. Le gouverneur a tort, car ces voyageurs sont bien des pirates en reconnaissance et leur attaque est proche...
Quand cela se passe-t-il ?
Toujours au cours de la même période, et du vivant de Pompée, dont il est souvent question ici, donc entre -52 et -49.
Où cela se passe-t-il ?
Dans les îles grecques des Cyclades, d'abord à Icarios, puis à Délos, et enfin retour à Icarios.
Icarios
La description de cette île semble imaginaire, tout comme son sanctuaire d'Asclépios.
En revanche, il existe bien une île d'Ikaria ou Icarie, située entre Délos et Samos, mais elle ne semble pas avoir fait parler d'elle dans l'Histoire, du moins à cette époque. D'après la tradition, c'est près de là qu'Icare serait tombé dans la mer après son évasion du labyrinthe de Crète, d'où le nom de l'île. La légende d'Icare est trop connue pour que j'ai besoin de la rappeler ici.
Rien à voir non plus avec la ville d'Icara dont il est question dans La griffe noire.
Il y eut aussi une île d'Ikaros ( ou Failaka ), mais elle se trouve dans le Golfe Persique, en face du Koweït ; les Séleucides y établirent une forteresse entre les -IV° et -II° siècles.
Par ailleurs, deux personnages de la mythologie grecque ont porté le nom d'Icarios :
Icarios de Sparte fut le père de Pénélope ;
Icarios d'Athènes enseigna aux hommes l'art de fabriquer le vin, qu'il avait reçu de Dionysos, mais ceux qui en burent les premiers se crurent empoisonnés et le tuèrent.
Délos
Cette île-ci est bien réelle, même si elle est minuscule: 3,5 km2 ( 5 km du nord au sud et 1,3 km d'est en ouest ), mais elle joua un rôle important dans l'Antiquité, d'abord par son sanctuaire d'Apollon, qui y était né, selon la légende, ensuite parce qu'elle fut, au -V ème siècle, le siège de la Ligue des cités grecques contre les Perses, sous l'égide d'Athènes qui administrait le sanctuaire, enfin par son rôle commercial. A partir de l'époque des rois macédoniens, au -IIIème siècle, le commerce prend le pas sur les pèlerinages et la population atteint 25 000 habitants. Les échanges portaient sur les céréales, l'huile, le bois, le vin et les esclaves, ces derniers surtout prisonniers de guerre ou victimes des razzias des pirates ; on y vendit jusqu'à 10 000 esclaves en un seul jour. Tous les peuples de la Méditerranée : Grecs, Italiens, Égyptiens, Phéniciens, Syriens, Arabes, y étaient représentés, et chacun y avait son temple pour ses propres dieux.
Les Romains déclarèrent Délos port franc en -166, mais en -88, Mithridate Eupator, roi du Pont, en guerre contre Rome, ravagea l'île, puis, en -69, les pirates d'Athénodoros la saccagèrent de nouveau, malgré les fortifications hâtivement élevées par le légat romain Triarius. Tandis que Pompée fait la chasse aux pirates à partir de -67, l'île se dépeuple progressivement et les pèlerinages y cessent, jusqu'à ce qu'elle soit abandonnée au début du christianisme.
Ce n'est qu'en 1873 que les archéologues de l'école française d'Athènes commencèrent des fouilles qui exhumeront les sanctuaires grecs et orientaux, ainsi qu'une des plus grandes villes grecques actuellement connues.
Il est probable qu'à l'époque où se passe cette histoire, et compte tenu des épisodes agités qu'elle venait de connaître, l'île présentait un aspect moins avenant que ce qui nous est présenté ici.
Le contexte
Ce récit se rattache à l'Histoire par l'évocation de la guerre civile romaine et la présence des pirates. On sait que Pompée avait éradiqué ceux-ci une vingtaine d'années auparavant, mais le marin qui transporte Alix paraît d'un avis contraire. Quelques uns lui avaient-ils échappés, ou bien en avait-il gardés libres afin de s'en servir pour ses ambitions ? D'après le dialogue, sa complicité est bien avérée. Dans ce cas, son but n'aurait rien de mystérieux : s'enrichir encore et enrichir les pirates sur le dos de la République romaine, et sans doute aussi entretenir dans la région une certaine insécurité qui justifierait une nouvelle intervention de sa part, fructueuse si possible. Cette hypothèse semble tout devoir à l'imagination de l'auteur, mais quoi qu'il en soit, les pirates seront encore bien là dix ans plus tard lorsque le fils de Pompée ( celui qui survit à la fin de l'Ibère ), maître de la flotte romaine, aura recours à eux de -40 à -36, pour pratiquer une guerre de course dans le cadre de la guerre civile.
Asclépios
Ce dieu guérisseur est l'équivalent d'Esculape pour les Romains et d'Imhotep pour les Égyptiens. Fils du dieu Apollon et de la mortelle Coronis, il est l'époux d'Epioné ( celle qui guérit ), et leurs enfants sont : Panacée ( la guérison universelle ), Hygie ( la santé ), Iaso ( la guérisseuse ), et Acéso ( le médicament ), ainsi que Machaon et Podalirios qui furent les médecins de l'armée achéenne pendant le siège de Troie. Asclépios fut élevé par le centaure Chiron qui lui apprit les incantations magiques, la science de la fabrication des médicaments, des potions et des onguents, les vertus thérapeutiques des plantes sauvages et la chirurgie. Son culte était pratiqué dans les temples et sanctuaires nommés Asclépiéions, dont le plus ancien se trouve à Trekka, en Thessalie, mais aussi à Cos, Athènes, Pergame et surtout Epidaure. Son animal symbolique principal était le serpent, qui est resté l'emblème universel des professions médicales.
Dans le sanctuaire d'Epidaure, les consultations se déroulaient de la manière suivante. Après un jeûne et un bain rituel purificateur, le consultant qui espérait d'Asclépios la guérison d'une maladie ou le soulagement d'une souffrance était admis dans l'abaton ( lieu interdit ou inaccessible ) ou enkoimétérion ( portique d'incubation ), c'est à dire un dortoir orné de la statue du dieu et où des serpents inoffensifs circulaient librement. L'incubation consistait pour le patient à s'étendre sur le sol, en contact avec la terre porteuse de songes, où il s'endormait. Le dieu le visitait pendant son sommeil et le soignait en rêve. Au matin, soit il était guéri, soit il se voyait prescrire un traitement médical. Il s'agissait donc d'une guérison miraculeuse ou d'une cure longue, assortie de conseils d'hygiène et ponctuée de nombreux rêves pendant plusieurs nuits. Ces guérisons donnaient lieu à des ex-voto, représentant généralement la partie du corps soignée.
Pirates
Les pirates antiques ne sont pas seulement des bandits vivant de leurs rapines, mais aussi parfois les alliés des forces armées régulières d'États souverains, cités ou royaumes, autrement dit, des corsaires. Mais le corsaire de l'un est souvent le pirate de l'autre, et les limites les séparant sont généralement bien ténues. Cette ambiguïté s'exprime dès les premières mentions de pirates, à l'époque homérique : les activités des héros d'Homère s'apparentent parfois à la piraterie et on ne sait jamais s'il faut les considérer comme d'audacieux navigateurs ou des sources de malheur.
Par la suite, avec l'expansion des colonies grecques, les actes de piraterie sont constants, qu'ils soient le fait de Grecs ou d'autres peuples, et toujours sans distinguer qu'il s'agisse ou non de flottes régulières. Des navigateurs, commerçants et voyageurs sont enlevés et libérés contre rançon, des populations côtières sont razziées pour être vendues sur les marchés d'esclaves, et cela est aussi bien le fait de groupes isolés que de cités ou de chefs de guerre, ceux-ci n'hésitant pas à rançonner leurs alliés pour rémunérer leurs équipages. L'insécurité est endémique à l'époque hellénistique, la piraterie locale s'exerçant aux dépends des voisins immédiats. Mais il existe une piraterie d'État dont les auteurs mènent aussi des opérations pour leur propre compte.
Le demi siècle qui précède immédiatement cette histoire marque un regain dans l'insécurité des mers en raison des guerres serviles, des guerres civiles entre Romains et des guerres mithridatiques. Grâce à leurs légers navires, les pirates servent de marine auxiliaire pour des opérations de blocus, des raids d'intimidation ou de représailles, ou des interceptions de convois. Autre avantage pour les rois qui les employaient : leurs services étaient gratuits, puisqu'ils se payaient sur le butin. La Crète, la Cilicie et d'autres régions méditerranéennes s'étaient constituées en « États pirates », et organisées en une sorte d' « internationale de la piraterie », à long rayon d'action, pour assurer leurs débouchés commerciaux.
Dès la première guerre punique, les Romains interviennent, notamment en Illyrie, pour empêcher les pirates et corsaires d'importuner leurs ambassadeurs et leurs marchands, et, en -101, une loi recommande aux alliés d'interdire leurs ports aux flottes pirates. A partir de -67, la flotte de Pompée, très bien organisée, détruit en quelques campagnes les pirates dans toute la Méditerranée, anéantit leurs repaires et libère leurs captifs.
Si la piraterie a pu durer si longtemps dans le monde hellénistique, c'est qu'elle n'était pas seulement utile à certains États, mais aussi qu'elle faisait l'objet d'accords entre États garantissant l'interdiction d'exercer des représailles : l'asylie. En revanche, de nombreux décrets furent rendus pour honorer des citoyens ayant contribué au sauvetage de prisonniers des pirates en versant eux-mêmes les rançons.
Aristote considérait la piraterie comme un mode naturel d'acquisition, comme la chasse et la pêche. C'est une question de mesure : si cela peut se concevoir dans des territoires proches, où la réciprocité reste possible, il en va tout autrement pour des expéditions lointaines qui impliquent l'organisation et les moyens d'un État : la piraterie est alors un moyen politique de mener une guerre.
Qui étaient les pirates ? On constate que les régions d'où ils provenaient étaient aussi celles qui fournissaient des mercenaires. Les conditions économiques et sociales de ces pays conduisaient leurs citoyens à l'exil et à l'enrôlement dans les flottes comme pirates ou dans les armées comme mercenaires. C'est ce qu'on peut appeler une piraterie « sociale », le fait pour des populations pauvres de n'avoir pas d'autre choix.
Comment est racontée l'histoire
Bien que l'affaire dure dix jours et neuf nuits, le scénario paraît mené à une allure rapide, car on ne s'attarde jamais hors de l'action, à laquelle tout est subordonné : l'essentiel de l'histoire est consacré à la lutte spectaculaire contre les pirates, et il n'y a pas d'intrigue secondaire, l'aventure sentimentale faisant partie intégrante de l'action principale. On peut se demander seulement pourquoi près d'une page, la 37, est consacrée à résumer ce qui s'est passé auparavant et qu'on vient juste de lire.
C'est donc une histoire très dynamique, où l'on passe rapidement d'une scène à une autre sans s'attarder, et où l'on ne s'ennuie jamais. Les décors sont plantés et les personnages caractérisés avec la même vivacité.
L'enjeu – la prise de l'île et de la ville par les pirates – est important, même si le titre ne le fait pas tout à fait ressortir : on se demande un peu de quelle chute il s'agit si l'on n'a pas bien assimilé les lieux au personnage d'Icare, qui reste assez discret : la symbolique n'est pas évidente au pemier abord !
Le dessin de R. Moralès, assisté de M. Henniquiau et de C .Hervan, est réussi en ce qui concerne les décors. Toutefois, les personnages ne sont plus de Jacques Martin, cela se voit dans certaines attitudes, mais il faut s'en contenter, bien qu'ils aient une certaine vivacité que requièrent les scènes d'action. La mise en couleur doit être soulignée, et j'ai particulièrement apprécié le combat dans le soir qui tombe progressivement, pages 26 à 31.
Les personnages
Alix : venu en visite de courtoisie, il comprend vite que les apparences sont trompeuses et les perspectives, dangereuses. Des navigateurs qui se dissimulent, des visiteurs qui exhibent leur argent et qui disparaissent, cela ajouté aux propos apaisants, ou lénifiants, c'est selon, de Numa, voilà de quoi éveiller ses soupçons. Il a trop l'habitude des pièges pour ne pas voir celui qui se tend sous ses yeux et dont il doit être d'ailleurs, à son insu, l'une des proies. Et le voilà redevenu le combattant habile et courageux auquel nous sommes habitués, oubliant les états d'âme et les sentiments, ce que Julia ne comprend pas tout de suite. Plus soucieux de venir en aide aux habitants d'Icarios que de sa propre sécurité, il convainc d'abord le gouverneur, puis galvanise les combattants. Il est vrai que, pris dans la nasse comme les autres habitants, il n'a pas vraiment le choix, mais s'il l'avait eu, n'aurait-il pas fait pareil ?
Enak : pas de villégiature tranquille pour lui non plus. Il faut reconnaître qu'il se comporte courageusement tout au long des combats, et sans poser de questions. Il hésite même à abandonner Alix sur les remparts et lorsqu'il faut prendre la barre du navire pris dans la tempête, il sacrifie son repos pourtant mérité. De ce point de vue, il a mûri, mais qu'il est devenu prude vis à vis de Julia ! Il est vrai qu'il aurait du souci à se faire, vu l'attitude de la demoiselle envers Alix, si elle n'était finalement allée voir ailleurs. Ou bien est-il encore déçu de n'être pas l'élu de la belle ? A noter que page 36, son nom est orthographié « Senkharâ », au lieu de « Menkharâ », comme nous l'avons toujours vu jusqu'à présent, mais il doit s'agir d'une erreur de transcription.
Et, par ordre d'entrée en scène :
Numa Sadulus : nous ne l'avions pas revu depuis L'enfant grec, lorsqu'il quittait le tribunal déserté en emmenant Archéloa. Nous les retrouvons mariés, et installés à Icarios. Mais son but n'est pas d'y faire du commerce, ou pas seulement, plutôt de livrer l'île aux pillards. Nous le découvrons complice de leur chef, Arbacès, et tous deux au service de Pompée. Autant il avait pu nous faire relativement bonne impression à Athènes, autant ici, sa morale élastique et le piège qu'il contribue à tendre, à la fois contre Icarios et contre Alix, nous le rendent définitivement antipathique.
Archéloa : elle a bien changé, depuis L'enfant grec, ayant abandonné ses tenues masculines contre de très seyantes robes. Ce qui n'a pas changé chez elle, en revanche, c'est la passion qu'elle éprouve pour Alix et qu'elle dissimule à peine devant son époux... qui s'en moque éperdument : lui, ce n'est pas pour des manifestations d'affection qu'il tient à revoir Alix. Mais ce dernier ne paraît pas plus intéressé, et c'est désenchantée qu'elle regagne Rome à la fin de l'histoire.
Caro Curtius : ce que c'est qu'être gouverneur d'un pays où il ne se passe jamais rien : on prend de mauvaises habitudes, et quand viennent les ennuis, on n'y croit pas. Un gouverneur conscient de ses responsabilités aurait eu un service de renseignements qui lui aurait permis de soupçonner une attaque, à défaut de la prévoir avec précision. Alix et Enak n'ont pas de mots assez durs pour lui. Il faut néanmoins lui rendre cette justice : il finit par prendre les dispositions qui s'imposent, même si elles sont tardives et dramatiquement disproportionnées à l'attaque, et il meurt courageusement en défendant les siens. Sa fille le vengera.
Julia : la fille du précédent, et le personnage le plus marquant de cette histoire. Une croqueuse d'hommes, celle-ci. Malgré ses numéros de charme déshabillés qui scandalisent Enak, elle ne parvient pas à conquérir Alix, qui a d'autres soucis à ce moment-là, et se rabat sur le procurateur de Délos, Quintus Arenus, qui a l'âge d'être son père, et avec lui aussi, il y a des hauts et des bas. C'est une forte personnalité qui sait ce qu'elle veut et qui ne craint pas de se mettre en danger, signe d'un courage certain que bien des hommes lui envieraient : quand les combats s'annoncent, et bien que ce ne soit pas la place d'une femme, elle est au premier rang, et la dernière à fuir, juste avant Enak et Alix. Elle contribue aussi à prendre avec eux un navire à l'abordage, et, comme dit un pirate déconfit : « Cette garce est terrible, les deux garçons sont moins féroces ! » ( page 33 ) Et il n'avait pas tout vu ! Nous la retrouverons dans Roma, Roma... mariée et bientôt veuve.
Quintus Arenus : encore un revenant de la première aventure d'Alix, et qui fait décidément une belle carrière en Orient. On apprend ici qu'il est passé du parti de Pompée, ce qui lui avait valu de fréquenter Arbacés et d'en conserver un souvenir mitigé, à celui de César. Il tombe sans difficulté aucune sous le charme de Julia et cherche le moyen de se débarrasser de son concurrent auprès d'elle, Alix, et de « son petit prince égyptien » ( voilà qui devrait faire plaisir à Enak, car on compte sur les doigts d'une main ceux qui semblent y croire ! ) . Soyons honnêtes avec lui : c'est un homme efficace et qui connaît son métier, il n'hésite pas à mobiliser la flotte et la troupe pour reprendre Icarios aux pirates, et avec succès, même si c'est moins pour Rome que pour les beaux yeux de Julia.
Deux observations à son sujet
Sa fonction de procurateur signifie qu'il gouverne un territoire de faible importance ( voir l'article sur Délos ) ; et aussi qu'il ne se fasse pas de souci quant à son divorce pour épouser Julia : à Rome, le divorce était un acte privé, dénué de forme juridique, il suffisait que l'un des conjoints manifeste sa volonté de contracter une nouvelle union pour rompre le mariage antérieur ; la liberté existait de la même façon pour conclure le mariage que pour le maintenir ou le rompre, et rien ne pouvait entraver cette liberté de divorcer, qui avait le même effet qu'une répudiation unilatérale.
Avec la participation de...
Arbacès : tel qu'en lui-même. On le croyait noyé ou écrabouillé au fond du barrage de Zur-Bakal, le voilà revenu toujours aussi fringant, combinard, âpre au gain, dénué de tout scrupule et de toute pitié, et plein de haine à l'encontre d'Alix qu'il croit enfin tenir à sa merci. Il a cru mettre toutes les chances de son côté : un patron ambitieux, une troupe nombreuse et aguerrie, des armes impressionnantes, des navires bien équipés, un allié dans la place, sans oublier son talent de comédien, métier qu'il exerça jadis à Carthage. Et pourtant, rien de tout cela ne suffira : s'il emporte et pille Icarios, il ne triomphe qu'un instant et se cassera une fois de plus les dents sur la volonté et le courage d'Alix, qui veille et réagit. Son numéro d'Icare est prémonitoire : plus dure sera sa chute. C'est l'inconvénient d'être increvable : on se fait d'autant plus mal que les échecs sont renouvelés. Il ne devra son salut qu'à un stratagème audacieux, mais dangereux à mettre en œuvre. Nous le retrouverons un peu plus tard, du côté de Khorsabad.
Conclusion
Si ce n'est pas un récit majeur dans la saga d'Alix, cette histoire est originale et bien menée, elle met nos héros en valeur, à la fois par leur perspicacité et par leur courage physique.
Sources
Aux sources déjà citées pour les précédentes analyses, j'ajoute pour celle-ci, et plus particulièrement pour l'article sur les pirates, l'ouvrage de Jean-Marie André et de Marie-Françoise Baslez : « Voyager dans l'Antiquité » ( Fayard ).
La prochaine fois : Le cheval de Troie.
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