Que dire de ce Senator qui nous invite à un véritable retour aux sources, en terre celtique chez Alix ? V MANGIN a repris les éléments du Vercingétorix de la série mère et les personnages principaux Ollovia femme du grand Chef, son fils Edorix devenu Caius, les loups des Légions perdues et Vanik le fidèle cousin de Alix.
Autant le dire, j'ai apprécié ce retour aux sources, dans cette Gaule chevelue, le titre "La forêt carnivore" en est la métaphore parlante, mais il manque ce quelque chose qui fait le sel des grands albums. Peut-être que V MANGIN a trop joué en définitive sur la symbolique à commencer par cette forêt carnivore, dernier refuge des résistants irréductibles à l'assimilationnisme romain. Pour cela, quoi de mieux qu'une histoire avec les vétérans de Uxellodunum dernier îlot de résistance à l'exercitus romain en -51. J MARTIN avait du reste évoqué dans son Veringétorix, le siège et le terrible sort des Gaulois vaincus à Uxellodunum (p40).
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j'ai du mal à me faire à ce personnage de Caius, ivre de haine à l'égard de son propre peuple, qui présente toutes les caractéristiques d'un psychopathe. V MANGIN montre bien l'enfance et l'itinéraire d'un monstre en devenir. En revanche, je trouve que l'histoire met bien en lumière les tiraillements auxquels sont confrontés les Gaulois de la période post-Alésia, entre une majorité silencieuse à l'instar d'un Vanik désormais parfaitement assimilé et romanisé, et A contrario une Ollovia, comme on pouvait s'en douter, partisane d'un isolationnisme conservateur dans la grande forêt hercynienne.
Par ailleurs, pour poursuivre sur la symbolique dans cet album, j'ai été un peu surpris par les décors quasiment mégalithiques de type Stonehendge (p17) qui donnent un cachet, une dimension ésotérique à l'histoire, ou par les éléments architecturaux de l'urbs d'Arquélia qui font clairement penser à un municipe du IIème siècle de notre ère (p5). Je pense que V MANGIN a voulu avant tout mettre en exergue la romanisation accélérée de cette époque de transition et de transformation radicale du paysage à tel point que Alix ne reconnaît plus son pays, c'est comme cela que je le décrypte.
Au demeurant, j'ai bien aimé ce Senator avec quelques réserves susévoquées et je me demande ce que nous réserve le retour à Khorsabad, alix va-t-il enfin trouver les réponses sur la quête de ses origines? Ou va-t-il y rencontrer ses démons, Arbacès
?