J'ai enfin acheté
le Conquérant ce week-end. Vous me direz que je ne me suis pas beaucoup pressé mais en fait … j'étais surtout préoccupé au départ de trouver le dernier Alix.
Le principal intérêt de cette aventure, c'est bien sûr de nous raconter ce que représentait la fameuse tapisserie de Bayeux pour les français au Moyen-Âge. Valérie Mangin raconte qu'elle était conservée comme une relique et c'est tout à fait plausible, même si l'œuvre possède un caractère essentiellement laïque. Jhen s'émerveille en tout cas devant la célèbre broderie (qui est une "bande dessinée" avant la lettre) et tous les acteurs de cette histoire ont bien conscience que ce "telle du conquest" possède quelque chose qui les dépasse.
Comme d'habitude, les personnages historiques (comme le Duc de Bedford) se mélangent avec les personnages fictifs. Valérie Mangin s'attache surtout à nous faire découvrir le vicomte Lespicier (administrateur de la ville de Bayeux pour les anglais) et sa fille perpétuellement révoltée et difficile à saisir. Ce curieux couple va très vite devenir le centre de toutes les intrigues.
Les affrontements sont multiples dans cette histoire et Jhen en reste bien souvent le spectateur. Je n'en ai pas encore saisi tous les détails mais … on dira pour simplifier que les français et les anglais luttent pour acquérir et garder la célèbre tapisserie, que les religieux sont eux incapables de conserver. Paul Teng dessine avec aisance toutes ces scènes médiévales
Les décors, les châteaux, les vieilles maisons à colombages et la cathédrale de Bayeux sont restituées d'une façon parfaite et
le Conquérant est à cet égard une BD médiévale presque parfaite. Paul Teng fait un très bon travail.
J'ai écrit "presque" et cela indique qu'il manque un petit quelque chose ... probablement. Mais que manque t-il en fait ? C'est bien difficile à préciser car les auteurs respectent scrupuleusement toutes les règles de la série, mais il y a bien une attente qui n'est pas totalement comblée. J'aurais envie de dire qu'il manque un peu de folie dans cet album, ou alors un peu de perversité, celle que Jean Pleyers ou Jacques Martin savaient instiller d'une façon assez maligne dans leurs histoires. C'est peut-être l'absence de Gilles de Rais qui donne cette impression, mais on a vu dans d'autres albums (par exemple
Draculea) que ce personnage n'est pas toujours indispensable pour la série. Alors c'est autre chose. Je lancerai pour conclure l'hypothèse que le Jhen qui est raconté par Valérie Mangin reflète surtout le Moyen-Âge tel qu'il est conçu par la scénariste, et qu'il est peut-être un peu plus féminin et moins fantastique, même s'il reste toujours assez violent.
Mais c'est un très bon album tout de même. Il ne faudrait pas trop faire la fine bouche devant cette excellente BD.