Voici le court mais riche interview que m'a donné Phillipe Caza il y a peu de temps sur la page Facebook du journal Pilote,comme je sais que vous n'êtes pas trop accès sur ce genre de site je vous ai fait le copier coller de l'entretien .
Alias______
Bonjour Phillipe Caza et merci de contribuer à l'animation de notre page Pilote en m'accordant ce petit interview .....pour faire simple racontez nous comment tu esêtes arrivé chez Pilote
P.Caza
Je suis entré par la petite porte, un peu comme tout le monde. Je travaillais dans un studio de publicité, mais j'avais déjà sorti Kris Kool chez Losfeld, en 70.
Je me suis pointé à Pilote avec un dossier sous le bras.
Quand un jeune auteur allait présenter un dossier, il n’était pas directement reçu par Goscinny, mais par Pradal, secrétaire de rédaction qui a d’ailleurs été caricaturé par Mœbius dans La Déviation sous la forme d’un type grand et gros qui porte un bouclier sur lequel est écrit "On passe pas".
Pradal, c'était "l’empêcheur de passer !"
En fait, il faisait le premier tri parmi les propositions parce que Pilote était très demandé à l’époque.
Une fois par semaine, il y avait donc un défilé de jeunes avec leur carton sous le bras et Pradal faisait l’écrémage.
Il jetait donc un bon nombre de gens mais quand il voyait un dossier qui lui semblait intéressant ou prometteur, il le mettait de côté et là, c’était Goscinny qui prenait la décision de faire travailler la personne ou non. Goscinny a bien aimé une petite histoire en deux pages qui faisait partie de mon dossier et qui s’appelait "Quand les costumes avaient des dents", avec le commentaire "Proposez-nous d'autres chose dans le même esprit.".
Il y en a donc eu par la suite plusieurs épisodes publiés dans le journal, avant que je passe à d'autres séries, toujours en histoires courtes.
Alias_________ Et les réunions de rédaction cela se passait comment ?
P.Caza
Par contre je n'ai jamais participé aux réunions de rédaction qui concernaient les sujets d'actualité.
Ça m'aurait intéressé, pour faire mes classes, me confronter à des sujets imposés, travailler avec des scénaristes…
Mais à cette époque-là, ils avaient fait le plein, ils ne voulaient pas élargir l'équipe.
J'ai donc travaillé de loin, proposant mes histoires, rencontrant très peu Goscinny mais beaucoup plus Guy Vidal, qui a été vraiment mon éditeur. On s'entendait bien.
Il y avait très peu de séries à suivre, alors, et peu d'albums, et je ne me sentais pas prêt à me lancer dans un projet à long terme.
Je me suis installé dans le système "histoires courtes", avec le plaisir de pouvoir expérimenter, évoluer dans le ton et dans le style (ou plutôt dans le "traitement graphique") d'une histoire à l'autre.
Et donc je me suis développé comme auteur complet, ce qui, finalement, collait bien avec mon désir d'indépendance.
Alias
Quel genre de musique et quels musiciens écoutais tu en créant tes planches et qu'écoute tu aujourd'hui ?
Philippe Caza
Au temps de Pilote, du Jazz. Maintenant, du Jazz. Et du classique, Mozart, Richard Strauss, plein d'autres… Et des chanteuses Pop jazzy…
Alias
Comment procéde tu ?....crayonnage , encrage, coloriage, mise en page. As tu changé de technique dans ta vie ?
Le lettrage: Lui accorde tu une importance pour la mise en valeur de la trâme de l'histoire ou estime tu que c'est secondaire ?
La palette numérique ...pour ou contre ?...
Philippe Caza
Hum… beaucoup de questions… Très techniques…
Disons qu'à la base, c'était un peu comme tout le monde :
1) un story-board en rough (brouillon), au crayon, sur du A4.
2) Souvent je l'agrandissais en photocopie à mon format de travail, histoire d'être sûr de respecter ma mise en place.
3) Ça servait de base au crayonné, sur la table lumineuse, juste schématique, d'abord. Après, c'est le vrai travail de crayon + gomme + découpages-collages, parfois… toute la cuisine de la planche.
4) Si le crayonné est assez propre, encrage par dessus, sinon reprise à la table lumineuse. Encrage rötring (stylo tubulaire), ou plume, ou feutre, ou pinceau, ou rien…
J'ai parlé au passé parce que de nos jours, j'ai intégré l'ordinateur, scanner et imprimante, à bien des niveaux et il n'y a plus forcément une belle grande planche, mais des bouts, fait indépendamment, montés ensuite… plus d'encrage mais un crayon propre, scanné et mis en couleurs dans Photoshop.
Avant, le coloriage, sur les Banlieues, par exemple, c'était sur "bleus", c'est-à-dire que je livrais la planche N&B, complète, bullée et lettrée. L'éditeur me renvoyait les "bleus" que je coloriais (encres et gouache).
Et donc, oui, on voit que j'ai souvent changé de technique : la base, c'est toujours le crayon et le papier, on n'a pas fait mieux. Après, l'encrage, sur Kris Kool, c'était du rötring, sur les Banlieues généralement de la plume, sur L'Age d'Ombre généralement du feutre, sur Le Monde d'Arkadi, d'abord du feutre, puis du pinceau (vrai pinceau puis pinceau-feutre japonais). Maintenant, sur Le Jardin délicieux, du crayon, scanné, durci, nettoyé, puis colorié dans Photoshop, stylet et tablette Wacom. Les bulles faites à part, lettrage informatique, montage sur écran. Toutes ces méthodes sont devenues classiques, maintenant.
Le lettrage est loin d'être secondaire. Il est important tant pour l'esthétique de la page que pour la lisibilité. La forme et la position des bulles aussi.
Sur Kris Kool, me sentant incapable de faire un beau lettrage, j'ai tout fait en Letraset ! Par...Voir plus
Et donc la tablette numérique, c'est la liberté !
Lettrage, montage, bulles et puis couleurs. Au point que je n'ai plus touché les pinceaux depuis 5 ou 6 ans que j'ai jeté l'aérographe (quel soulagement !) Possibilité de variantes et retouches à l'inf...Voir plus
Bon, peut-être que ça suffit pour ce soir !
Alias Pilotezero
Merci Philippe Caza
Alias______
Bonjour Phillipe Caza et merci de contribuer à l'animation de notre page Pilote en m'accordant ce petit interview .....pour faire simple racontez nous comment tu esêtes arrivé chez Pilote
P.Caza
Je suis entré par la petite porte, un peu comme tout le monde. Je travaillais dans un studio de publicité, mais j'avais déjà sorti Kris Kool chez Losfeld, en 70.
Je me suis pointé à Pilote avec un dossier sous le bras.
Quand un jeune auteur allait présenter un dossier, il n’était pas directement reçu par Goscinny, mais par Pradal, secrétaire de rédaction qui a d’ailleurs été caricaturé par Mœbius dans La Déviation sous la forme d’un type grand et gros qui porte un bouclier sur lequel est écrit "On passe pas".
Pradal, c'était "l’empêcheur de passer !"
En fait, il faisait le premier tri parmi les propositions parce que Pilote était très demandé à l’époque.
Une fois par semaine, il y avait donc un défilé de jeunes avec leur carton sous le bras et Pradal faisait l’écrémage.
Il jetait donc un bon nombre de gens mais quand il voyait un dossier qui lui semblait intéressant ou prometteur, il le mettait de côté et là, c’était Goscinny qui prenait la décision de faire travailler la personne ou non. Goscinny a bien aimé une petite histoire en deux pages qui faisait partie de mon dossier et qui s’appelait "Quand les costumes avaient des dents", avec le commentaire "Proposez-nous d'autres chose dans le même esprit.".
Il y en a donc eu par la suite plusieurs épisodes publiés dans le journal, avant que je passe à d'autres séries, toujours en histoires courtes.
Alias_________ Et les réunions de rédaction cela se passait comment ?
P.Caza
Par contre je n'ai jamais participé aux réunions de rédaction qui concernaient les sujets d'actualité.
Ça m'aurait intéressé, pour faire mes classes, me confronter à des sujets imposés, travailler avec des scénaristes…
Mais à cette époque-là, ils avaient fait le plein, ils ne voulaient pas élargir l'équipe.
J'ai donc travaillé de loin, proposant mes histoires, rencontrant très peu Goscinny mais beaucoup plus Guy Vidal, qui a été vraiment mon éditeur. On s'entendait bien.
Il y avait très peu de séries à suivre, alors, et peu d'albums, et je ne me sentais pas prêt à me lancer dans un projet à long terme.
Je me suis installé dans le système "histoires courtes", avec le plaisir de pouvoir expérimenter, évoluer dans le ton et dans le style (ou plutôt dans le "traitement graphique") d'une histoire à l'autre.
Et donc je me suis développé comme auteur complet, ce qui, finalement, collait bien avec mon désir d'indépendance.
Alias
Quel genre de musique et quels musiciens écoutais tu en créant tes planches et qu'écoute tu aujourd'hui ?
Philippe Caza
Au temps de Pilote, du Jazz. Maintenant, du Jazz. Et du classique, Mozart, Richard Strauss, plein d'autres… Et des chanteuses Pop jazzy…
Alias
Comment procéde tu ?....crayonnage , encrage, coloriage, mise en page. As tu changé de technique dans ta vie ?
Le lettrage: Lui accorde tu une importance pour la mise en valeur de la trâme de l'histoire ou estime tu que c'est secondaire ?
La palette numérique ...pour ou contre ?...
Philippe Caza
Hum… beaucoup de questions… Très techniques…
Disons qu'à la base, c'était un peu comme tout le monde :
1) un story-board en rough (brouillon), au crayon, sur du A4.
2) Souvent je l'agrandissais en photocopie à mon format de travail, histoire d'être sûr de respecter ma mise en place.
3) Ça servait de base au crayonné, sur la table lumineuse, juste schématique, d'abord. Après, c'est le vrai travail de crayon + gomme + découpages-collages, parfois… toute la cuisine de la planche.
4) Si le crayonné est assez propre, encrage par dessus, sinon reprise à la table lumineuse. Encrage rötring (stylo tubulaire), ou plume, ou feutre, ou pinceau, ou rien…
J'ai parlé au passé parce que de nos jours, j'ai intégré l'ordinateur, scanner et imprimante, à bien des niveaux et il n'y a plus forcément une belle grande planche, mais des bouts, fait indépendamment, montés ensuite… plus d'encrage mais un crayon propre, scanné et mis en couleurs dans Photoshop.
Avant, le coloriage, sur les Banlieues, par exemple, c'était sur "bleus", c'est-à-dire que je livrais la planche N&B, complète, bullée et lettrée. L'éditeur me renvoyait les "bleus" que je coloriais (encres et gouache).
Et donc, oui, on voit que j'ai souvent changé de technique : la base, c'est toujours le crayon et le papier, on n'a pas fait mieux. Après, l'encrage, sur Kris Kool, c'était du rötring, sur les Banlieues généralement de la plume, sur L'Age d'Ombre généralement du feutre, sur Le Monde d'Arkadi, d'abord du feutre, puis du pinceau (vrai pinceau puis pinceau-feutre japonais). Maintenant, sur Le Jardin délicieux, du crayon, scanné, durci, nettoyé, puis colorié dans Photoshop, stylet et tablette Wacom. Les bulles faites à part, lettrage informatique, montage sur écran. Toutes ces méthodes sont devenues classiques, maintenant.
Le lettrage est loin d'être secondaire. Il est important tant pour l'esthétique de la page que pour la lisibilité. La forme et la position des bulles aussi.
Sur Kris Kool, me sentant incapable de faire un beau lettrage, j'ai tout fait en Letraset ! Par...Voir plus
Et donc la tablette numérique, c'est la liberté !
Lettrage, montage, bulles et puis couleurs. Au point que je n'ai plus touché les pinceaux depuis 5 ou 6 ans que j'ai jeté l'aérographe (quel soulagement !) Possibilité de variantes et retouches à l'inf...Voir plus
Bon, peut-être que ça suffit pour ce soir !
Alias Pilotezero
Merci Philippe Caza