J'ai pris un grand plaisir cette semaine à lire
la biographie de Dino Attanasio, le Phileas Fogg des comics, un beau livre illustré consacré à un petit maître passablement oublié.
Avouons-le d'emblée, Attanasio est loin d'être un de mes dessinateurs favoris. C'est un auteur qui travaille avec facilité et qui a produit beaucoup (voir trop ?) de dessins et d'albums à mon avis. Mais c'est aussi un des derniers grands témoins de cet âge d'or de la BD franco-belge qui s'étend du début des années 50 jusqu'à la fin des années 80. Il a vu et connu beaucoup de choses et ses expériences vécues sont intéressantes.
En tout cas, la biographie a le mérite de compiler beaucoup d'infos et de témoignages d'origines diverses. L'auteur ne se contente pas de narrer les souvenirs de Dino Attanasio et il a fait une impressionnante recherche bibliographique afin de pouvoir présenter cette époque à travers de nombreux regards. Les débuts en Italie pendant les années 40 (où Attanasio reste bien connu) et la "période World Press" des années 50 sont ainsi revues d'une façon exhaustive par Wilfrid Salomé. Il en résulte un joli tableau du monde de la BD en ce temps-là. La période du journal Tintin est bien sûr plus intéressante mais on découvre surtout avec étonnement la multiplicité des éditeurs qu'Attanasio a fréquenté pendant toute sa carrière.
Le dessinateur de Spaghetti a connu son âge d'or au début des années 60, alors qu'il travaillait à la fois pour le journal Tintin et les éditions Marabout, mais il a traversé hélas deux grosses crise que Salomé nous explique en détail. Ce sont en particulier l'affaire du référendum du journal Tintin en 1965, puis le renvoi d'Attanasio par Raymond Leblanc en 1968 et le biographe essaie d'aller au delà de ce que "la légende" nous a fait savoir. J'ai trouvé ces deux chapitres passionnants car c'est tout un monde qui revit sous sa plume, même si certains personnages de ce temps-là dévoilent un visage moins sympathique que d'habitude.
J'ai donc bien apprécié ce biopic riche en infos et en commentaires, qui est de plus formidablement illustré. Il nous permet aussi de mieux apprécier un dessinateur que j'ai pour ma part tendance à minimiser. Après cette lecture, je garde l'idée que Dino Attanasio est un dessinateur d'importance mineure mais il ne fait pas de doute que c'est un beau personnage, qui m'est maintenant devenu sympathique.
Rappelons enfin que ce livre n'est disponible que sur le site Web des éditions Hibou. Ce n'est toutefois pas un obstacle significatif pour l'achat du livre et je remercie Marc Impatient (fondateur de la petite maison d'édition Hibou) pour les arrangements qu'il me propose à chaque fois qu'il faut amoindrir les frais supersoniques de livraison des livres jusqu'en Suisse.