Tandis que les X-men font toujours croire à leur mort, Wolverine mène une vie de baroudeur sous une fausse identité. Arpentant les rues de Madripoor, principauté insulaire au sud de Singapour, il se fait surnommer "Le Borgne" et prend plaisir à s’immiscer dans les problèmes de la pègre locale. Afin de libérer Jessica Drew et Lindsay McCabe des griffes du général Nguyen Ngoc Coy, le mutant décide d’infiltrer le palais de Madripoor. Pendant ce temps, un caïd américain envoie un certain Mr. Fixit en orient pour y protéger ses intérêts. Archie, l’ami pilote de Wolverine, est quant à lui tourmenté par des problèmes familiaux qui vont pousser l’ancien X-man sur la piste d’un diamant convoité par le descandant de Ba'al et ses disciples. Pour couronner le tout, le président Felix Guillermo Caridad veut donner son propre super-héros au Tierra Verde, forçant ainsi l’homme au squelette d'adamantium à affronter un pays entier.
Après un premier volet assez hétérogène, qui ne contenait finalement que cinq épisodes de la série régulière débutée en novembre 1988, cette seconde intégrale de Wolverine se consacre exclusivement à la saga principale et livre donc la suite et fin des épisodes parus en 1989. Ces douze chapitres (Wolverine #6-19), initialement publiés par Semic (Serval #3-10), sont l’œuvre de trois équipes artistiques différentes : Chris Claremont / John Buscema, Peter David / Gene Colan /John Buscema et Archie Goodwin / John Byrne.
Cette deuxième intégrale, qui propose tout d’abord la conclusion de l’histoire entamée lors du tome précédent, se déroule durant la "période Madripoor" de Wolverine. Les évènements se situent donc au moment où les X-men sont supposés morts, tandis que Logan fait profil bas dans une mégapole de plus de dix millions d'habitants. Même le colosse de Jade, ayant repris sa forme originelle grise, officie incognito sous l’identité de Mr. Fixit. Ce parti-pris permet d’extraire les protagonistes à l’univers des super-héros, au profit d’un récit sans trop de collants et d’un Logan dans un rôle plus proche du détective privé.
Les scénarii qui permettent à Wolvie de croiser des vilains tels que Bloodsport, Roughouse, Dents de Sabre, une horde de vampires, l’Incroyable Hulk et le général Nguyen Ngoc Coy, sont divertissants malgré leur simplicité. Si plusieurs flashbacks jouent sur l’aspect torturé de ce personnage au passé tourmenté qui lutte constamment contre son instinct animal, d’autres passages sont beaucoup plus légers. La rencontre avec Mr. Fixit, montrant un Logan qui fait tourner en bourrique un Hulk gris, vert de rage, est à ce titre plutôt amusant et permet de placer ces deux héros entrés dans la clandestinité dans un face-à-face inédit.
Alors que les premières intégrales dédiées à des super-héros plus anciens renvoient souvent les lecteurs à un graphisme datant des années soixante, les débuts de Wolverine en solo datent d’il y a seulement deux décennies. John Buscema, en grand fidèle de la maison Marvel, et John Byrne, riche de son expérience sur les X-men, livrent un travail remarquable et plongent le lecteur dans l’ambiance mafieuse de Madripoor en attendant que la star du grand écran et des X-men puisse à nouveau revêtir son costume de super-héros.
Un album qui plaira aux amateurs de comics et fera le bonheur des fans de ce mutant doté d'un précieux facteur autoguérisseur et de sens extrêmement aiguisés.
Par Y. Tilleuil