Fabrice Caro, alias Fabcaro, est un auteur complet, scénariste et dessinateur. Il bénéficie d’une belle renommée dans l’intelligentsia de la BD. Une de ses œuvres, Zaï zaï zaï zaï, a été multi-primée et a notamment obtenu le Grand Prix de la Critique 2016, décerné par l’ABCD (Association des critiques et des journalistes de bande dessinée), et le Prix des Libraires de Bandes Dessinées 2016, décerné par le réseau Canal BD des librairies spécialisées dans le 9ème art. Je vous propose donc de nous intéresser à ce titre.
L’intrigue est résolument loufoque puisqu’elle débute avec l’arrestation d’un auteur de BD à une caisse de supermarché. Il a en effet oublié sa carte de fidélité ! Pour quitter les lieux, le jeune homme s’empare alors d’un poireau, menace le vigile avec, et prend la fuite. Il part alors en Lozère, les terres de sa jeunesse. Je n’en dirais pas plus !
Nous sommes donc dans le royaume de l’absurde où les comportements sont décalés et incompréhensibles. Le décalage entre la normalité et cet univers sans queue ni tête crée un humour permanent. Le rire peut être goguenard, par exemple lorsque le poireau est confié pour investigation à la police scientifique. Mais il peut être aussi noir, très noir, comme en témoigne les pages sur le suicide de l’adolescente rebelle. Franquin et ses Idées noires ne sont pas loin. En fait, la profession du héros n’est pas une mise en abyme, mais plutôt un procédé littéraire permettant de créer un regard extérieur et critique sur la société. L’intolérance et la bêtise sont ridiculisées. On peut ainsi rapprocher Zaï zaï zaï zaï des Lettres persanes de Montesquieu.
Au final, nous avons une BD d’une grande intelligence, qui par un biais détourné, porte un regard féroce sur les « beaufs » et autres « biens pensants » de tout genre.
Néanmoins, je confie avoir été très désarçonnée et gênée par les scènes les plus violentes, qui me semblent en dehors de la tonalité du livre. Pour dénoncer une éducation plate et populiste, fallait-il mettre en scène un suicide ? Pour dénoncer les conversations vides de salon et l’égoïsme des riches, fallait-il que deux hôtes délaissent leur invité et fassent l’amour devant lui ?
Les dessins se marient parfaitement à l’intrigue. Les vignettes sont volontairement statiques. Et le recours à la couleur est minimal, du jaune et du noir se partagent les vignettes. Enfin, les décors brillent par leur nudité. En fait, ces choix esthétiques renforcent l’irréalité des scènes et facilitent la délivrance du message. Tout est dans le dialogue ou presque.
Et si l’amour c’était aimer, sorti en 2017, est dans la même veine que Zaï zaï zaï zaï. Et les références littéraires sont là aussi au rendez-vous, et on peut penser, quoique dans un registre différent, à Moderato Cantabile de Marguerite Duras. Vous avez dit nouvelle BD ?
L’intrigue est résolument loufoque puisqu’elle débute avec l’arrestation d’un auteur de BD à une caisse de supermarché. Il a en effet oublié sa carte de fidélité ! Pour quitter les lieux, le jeune homme s’empare alors d’un poireau, menace le vigile avec, et prend la fuite. Il part alors en Lozère, les terres de sa jeunesse. Je n’en dirais pas plus !
Nous sommes donc dans le royaume de l’absurde où les comportements sont décalés et incompréhensibles. Le décalage entre la normalité et cet univers sans queue ni tête crée un humour permanent. Le rire peut être goguenard, par exemple lorsque le poireau est confié pour investigation à la police scientifique. Mais il peut être aussi noir, très noir, comme en témoigne les pages sur le suicide de l’adolescente rebelle. Franquin et ses Idées noires ne sont pas loin. En fait, la profession du héros n’est pas une mise en abyme, mais plutôt un procédé littéraire permettant de créer un regard extérieur et critique sur la société. L’intolérance et la bêtise sont ridiculisées. On peut ainsi rapprocher Zaï zaï zaï zaï des Lettres persanes de Montesquieu.
Au final, nous avons une BD d’une grande intelligence, qui par un biais détourné, porte un regard féroce sur les « beaufs » et autres « biens pensants » de tout genre.
Néanmoins, je confie avoir été très désarçonnée et gênée par les scènes les plus violentes, qui me semblent en dehors de la tonalité du livre. Pour dénoncer une éducation plate et populiste, fallait-il mettre en scène un suicide ? Pour dénoncer les conversations vides de salon et l’égoïsme des riches, fallait-il que deux hôtes délaissent leur invité et fassent l’amour devant lui ?
Les dessins se marient parfaitement à l’intrigue. Les vignettes sont volontairement statiques. Et le recours à la couleur est minimal, du jaune et du noir se partagent les vignettes. Enfin, les décors brillent par leur nudité. En fait, ces choix esthétiques renforcent l’irréalité des scènes et facilitent la délivrance du message. Tout est dans le dialogue ou presque.
Et si l’amour c’était aimer, sorti en 2017, est dans la même veine que Zaï zaï zaï zaï. Et les références littéraires sont là aussi au rendez-vous, et on peut penser, quoique dans un registre différent, à Moderato Cantabile de Marguerite Duras. Vous avez dit nouvelle BD ?