Voilà ! J'ai trouvé l'album hier en librairie, et je l'ai bien sûr acheté sans plus attendre.
C'est donc un "Lefranc années 50" (il n'y a maintenant plus que ça) et le scénariste a fait un bel effort pour rendre son récit réaliste, en l'intégrant dans un certain nombre d'événements de l'Histoire contemporaine. En fait, l'aventure se passe en 1956, juste avant les Jeux Olympiques de Melbourne. Lefranc est justement envoyé sur place par son rédacteur en chef, pour couvrir l'événement.
Certes, il est à priori surprenant de voir un aventurier comme lui se transformer du jour au lendemain en journaliste sportif ... mais pourquoi pas ? Jacques Martin lui a déjà fait endosser des fonctions plus bizarres. Bref ! Le ciel est orageux et, juste après son atterrissage d'urgence dans l'ouest de l'Australie, Lefranc retrouve la belle journaliste Janet, toujours aussi belle, et disponible. Malheureusement, le héros parait un peu indifférent à ses attraits.
Ensuite, les mystères vont s'accumuler. Il y a d'abord une curieuse silhouette noire, qui dépose en secret des balises à travers la ville de Melbourne. Quels sont ses dessins ?
Il y a ensuite un accident de l'avion de remplacement, que Lefranc a pris pour arriver à temps à Melbourne. Les moteurs prennent feu tandis que l'appareil vole au dessus de l'océan et le pilote réussit à faire un "amerrissage". L'équipage et les passagers sont sauvés de justesse par un mystérieux navire (L'Armagedon) qui passait par là ... et qui les fait aussitôt prisonnier. Mais que veulent cacher les maîtres de ce bateau ?
En fait, l'intrigue est lancée et je ne vous en dirais bien sûr pas plus. Lefranc et ses amis vont devoir explorer ce bateau, et peu à peu découvrir la vérité. Finalement, ils vont même sauver le monde, rien de moins que cela !
C'est en fait une histoire plutôt simple, qui présente du bon et du moins bon, et dont l'ambiance m'a rappelé les vieux romans de Bob Morane que je lisais tout jeune (nostalgie ... quand tu nous tiens). Mais comme il s'agit d'un récit situé pendant les années 50, c'est au fond assez normal.
Parmi les points positifs, il y a l'effort réussi de rendre le scénario aussi crédible que possible, l'invention d'un personnage excentrique qui n'est pas loin de ressembler au milliardaire Howard Hugues, et bien sûr le dessin de Regric, qui se montre très à l'aise dans les scènes maritimes ou aériennes. Parmi les réserves que l'on pourrait exprimer, il y a l'impression d'avoir déjà rencontré ce genre d'intrigue, et aussi le fait que malgré les immense moyens dont il dispose, le "méchant de l'histoire" ne pèse pas bien lourd face à un aventurier aussi expérimenté que Lefranc. On pourrait dire "qu'à vaincre sans grand péril, on triomphe sans gloire" (ou que "n'est pas Axel Borg qui veut").
Petite remarque aussi sur le titre ! Il semble que Roger Seiter avait d'abord prévu d'intituler cet album "le Dossier Armaggedon", avant que cela ne devienne la "Stratégie du Chaos". Comme ce dernier concept n'est jamais clairement évoqué dans le récit, je préfère nettement le titre abandonné, qui correspond mieux au scénario.
Mais on aurait tort de bouder cet album, qui prolonge la tradition des aventures trépidantes du journaliste sans peur et sans reproche.
C'est ainsi que depuis quelques albums, la série a pris son rythme de croisière.