Bonjour
Je viens de tourner la dernière page de
Si ça sort, on est morts, le premier tome de
Cyberfatale. L'ouvrage est scénarisé par Cépanou et dessiné par Oubrerie. L'éditeur,
Rue de Sèvres, explique qu'
un collectif de scénaristes experts tenus anonymes pour des raisons évidentes de sécurité se cache derrière le pseudonyme de Cépanou. Nous apprenons même qu'un d'entre eux, surnommé, La Source, œuvre au sein de la cyberdéfense.
Hum ! En fait, je m'interroge... Oubrerie ne serait-il pas aussi le scénariste de cette BD complètement loufoque. Clairement, l'intrigue et son côté leste respirent la patte de l'illustrateur.
Une image du président Hollande, en tenue légère, habillé d'un slip couleur léopard fait la une du site de l’Élysée. Bien évidemment, il s'agit d'un piratage informatique. Or, les experts en cyberdéfense de l'armée française réagissent un peu trop lentement ce jour là. Et l'image fait rapidement le tour des réseaux sociaux. Qui est derrière ce méfait et quels sont ses motifs ? Or, voilà qu'un nouveau piratage survient. Mais cette fois, le hacker s'empare du système d'information d'un avion Rafale opérant en Syrie... De rebondissement en rebondissement, le scénario nous emmène à la découverte d'un monde étrange (le nôtre?) où la guerre virtuelle fait, au final, beaucoup de dégâts dans la vie réelle.
Clairement, on rit beaucoup à la lecture de l'ouvrage ! Le titre délirant cache une BD encore plus délirante. Mais est-ce du lard ou du cochon ? Chaque institution "en prend pour son grade". Les militaires, les conseillers politiques, les journalistes,... personne n'est épargné et tous sont ridiculisés. Ici, nous sommes gouvernés, défendus et informés par des amateurs, égoïstes et ne songeant qu'à leurs plaisirs personnels. Dégagisme, vous avez-dit dégagisme ? On est donc à mille lieues de
Quai d'Orsay de Blain et Lanzac, même si la mécanique est voisine. Les militaires ont un sens du devoir très étrange et ils semblent avant tout rechercher l'amusement, un peu comme des enfants devant une console Nintendo ! Les blagues à connotation sexuelle sont quelque peu insistantes (une marque de fabrique d'Oubrerie ?) et lourdes. Bon. Bah. On va dire que chacun a ses problèmes et que le milieu de la BD pourrait essayer de s'améliorer dans ce domaine ! L'intrigue est fort bien menée et la motivation des pirates nous est progressivement distillée, avec beaucoup de fantaisie et d'humour, jusqu'à la pirouette finale. Et le lecteur peut alors comprendre qu'une certaine réalité militaro-industrielle ou politico-commerciale se cache derrière la farce (au 1er sens du Larousse https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/farce/32876).
Le dessin est typique d'Oubrerie, à la frontière entre le croquis et une reproduction réaliste. Le style est nerveux, rapide. Et les cases respirent toujours l'intelligence. Prenons par exemple la couverture. Les regards sont tous orientés différemment, chaque angle apportant sa signification. Madame O, la dame blonde, lorgne discrètement sur l'amiral dont les yeux exorbités traduisent le désarroi. Le regard du lieutenant au 2ème rang est attiré par le l'écran du smartphone que tient Paulin, le journaliste placé au sommet de la pyramide, pour mieux nous faire comprendre l'importance de l'appareil. Enfin, le représentant de la presse pianote sur le clavier, surfant sur des sites mystérieux dont seule le lieutenant connait l'adresse. Tout au fond, un mur d'images de couleur verte nous immerge dans un monde virtuel à la sauce
Matrix.
La BD se suffit en elle même. L'éditeur présente
Si ça sort, on est mort comme étant le premier opus d'une série. Info ou intox ?
Bonne lecture
Eléanore