Non, comme dit plus haut, je n'ai quasiment rien lu de Brantonne, si ce n'est des extraits parus ici ou là.
Je peux donc difficilement parler de Praline dont le nom était apparemment bien choisi puisque tu laisses entendre que les histoires de ce personnage étaient "cucul la praline" (je ne sais pas si l'expression s'utilise à Lausanne), pour n'avoir lu qu'un extrait de deux planches d'un récit intitulé "L'Anniversaire de Praline" (figurant dans "Brantonne illustrateur", ouvrage qui recouvre un panel très large de sa production, mais assez peu représentatif pour ce qui concerne la BD.).
Par contre ces planches de Praline ont certainement été choisies parce qu'elles étaient très réussies, sur le plan esthétique.
Précisons qu'officiellement le "scénariste" de Praline est un certain Christian Dée, pseudonyme de Henri Musnik.
S'il faut se garder de généraliser à propos des scénarios, compte tenu des nombreuses bandes réalisées, je pense néanmoins comme toi que là résidait le principal point faible des BD signées Brantonne.
D'ailleurs, je ne suis pas sûr que le terme de scénariste (qui figure sur les premières planches) soit très approprié pour qualifier ceux qui ont conçu l'histoire.
Sur les fascicules lyonnais (Remparts, Carquois), sont mentionnés comme tels des romanciers populaires connus (comme Jean de la Hire, Max-André Dazergues, Yves Dermeze, etc...) ou non.
On est en droit de supposer qu'en accord avec ces romanciers (afin d'éviter des litiges liés aux droits d'auteur) il était convenu de les créditer comme scénaristes. Mais ces romanciers qui "écrivaient à la mitraillette" n'ont probablement (sauf rares exceptions) jamais pratiqué l'art du scénario de BD. Brantonne devait tout simplement adapter des romans populaires avec les moyens du bord (cf plus bas, ce qu'en dit Frémion).
Tu as souligné également la qualité inégale du dessin, d'une case à l'autre, d'une page à l'autre ou d'un récit à un autre. Je crois que la vitesse d'exécution pour tenir certains délais devait beaucoup jouer, au niveau de la qualité finale.
Voici ce qu'écrivait en 1983 Yves Frémion dans le livre "Brantonne illustrateur" (ça rejoint d'ailleurs ce que tu disais dans le post 14) :
"Dans la BD, Brantonne a fait aussi : des mini-albums, des "récits complets (fascicules), des séries à suivre dans les grandes revues du temps (chez Del Duca notamment), des épisodes de rattrapage de séries américaines bloquées par la guerre, des adaptations pour les USA de BD italiennes (!), des illustrations dans les magazines BD, des couvertures, etc...
Souvent aidé d'un camarade (Pierre le Guen) ou de son fils (Jack de Brown), presque toujours d'un scénariste (Georges Fronval surtout), ce n'est pas le domaine où il brille le plus : il n'est pas un grand narrateur, et son dessin n'éclate que dans certains dessins. Avant tout, Brantonne est un illustrateur. Mais c'est dans la BD que son style naïf et profondément "premier degré" se repère le plus."
Une esquisse (sic !) de bibliographie figure dans l'ouvrage.