L'énigmatique monsieur Choc !!!!

Certes, je ne peux pas dire non plus que c'est un mauvais album, mais voilà, son contenu me dérange. J'avoue quand même que je suis curieux de voir ce que sera la suite (et ça m'agace).
Mais cela tient plus je pense au personnage de Choc qui continue d'intriguer, et aussi au fin mot de l'histoire, où mène cette piste ultra sanglante de Choc et ses acolytes?

Je pense que dans ce monde actuel où il y a déjà tant de violence gratuite, en rajouter ainsi dans le côté macabre, n'aide pas dans la recherche du beau, de la poésie, etc... il y a déjà trop de banalisation de la violence, et finalement je me dis qu'une certaine censure de la violence serait bienvenue.

C'est l'éternelle question de "Vivre avec son temps" (ne le subissons-nous pas en définitive ?), et "Garder le cap", car il y a des valeurs tout de même à garder en ligne de mire. Finalement l'innocence des jeunes enfants devrait toujours être un repère pour nous.

Si on prend Alix par exemple, dans le Tombeau Etrusque, nous avons une grande violence, mais qui est suggérée, et non pas montrée, comme la découverte par Enak des restes d'un enfant immolé, ou bien la scène finale lorsque Brutus subit l'attaque de l'aigle.

De même, pour comprendre Choc et sa vision du monde, était-il nécessaire de faire couler l'hémoglobine à flots ?

Effectivement cette BD du Choc d'avant Tif et Tondu semble plus se rapprocher des comics style Batman. Mais voilà, je me dis quand même que quelque part il y a déception, on a joué sur ce mystère de Choc, sur l'aura de Tif et Tondu, pour nous donner un "Comic" noir, pour moi quelque part il y a une dénaturation, même si Rosy a dit qu'il avait aimé ce projet. Je me pose la question : En est-on certain ? Est-ce une version déjà avancée du projet qu'il a aimée (étant décédé début 2013), ou bien l'idée du "Prequel" ? Cela aussi fait partie des stratégies de promotion d'un album, que d'avoir la bénédiction des vénérables.

Sébastien a écrit: Je me pose la question : En est-on certain ? Est-ce une version déjà avancée du projet qu'il a aimée (étant décédé début 2013), ou bien l'idée du "Prequel" ? Cela aussi fait partie des stratégies de promotion d'un album, que d'avoir la bénédiction des vénérables.

Voici la réponse à ta question par Colman : « J’ai été incroyablement surpris par sa réaction ultra-positive ! Il était transporté de joie ! Il m’a avoué que, s’il n’avait pas été tributaire des contraintes que subissait la bande dessinée pour la jeunesse dans les années 1950, il aurait donné lui-même à Choc cet aspect sombre qui est au cœur de mon projet. Il m’a même dit : « Il y a longtemps, j’avais écrit une lettre dans laquelle je révélais qui était Choc. Mais je vais déchirer cette lettre, car je trouve votre développement bien plus intéressant que ce que j’avais imaginé ! » Ma seule petite frustration fut de ne jamais connaître la version de Rosy, puisqu’il m’a dit : « Ah ça, Monsieur Colman, je ne vous la livrerai pas, puisque désormais, c’est votre version qui prime ! A vous de jouer, maintenant ! ».
On peut regretter que la censure sévissait durant cette période, on est certainement passé à côté de bcp de chefs-d'oeuvre.

Oui j'ai lu ça aussi sur un site de BD. Mais ça ne dit pas trop ce que Rosy a lu/vu à ce moment-là. Je l'ai encore feuilleté, l'histoire commence bien pourtant, et puis page 17 ça commence. Balle dans la tête à bout portant, la tête s'appuie sur la vitre de la voiture éclaboussée de sang. Le macchabée a vraiment une sale gueule.

Il avait lu l'intégralité du scénario.
Comme je le disais dans un précédent message, Rosy s'était inspiré de Fantomas pour Choc, et Colman s'est rapproché de cet univers sombre et sanguinolent des bouquins qui n'avait strictement rien à voir avec celui que le cinéma français avait proposé avec De Funès.
Je pense que c'est l'histoire que Rosy aurait aimé écrire, si à l'époque, il en avait eu la possibilité.

Bon, eh bien peut être que je vais lire Fantomas alors, puisque de lui je ne connais que la version au cinéma avec Louis de Funès. Mais nous ne serons toujours pas d'accord sur cette BD, là c'est l'affaire de chacun. Moins de violence montrée et de noirceur, et je l'aurais aimée, mais là non.

Une interview d'Eric Maltaite.


http://www.actuabd.com/Eric-Maltaite-Choc-Les-Fantomes-de

Recherche d'attitudes.

Le tome 3 de Monsieur Choc, dessiné par Eric Maltaite, est déjà sorti il y a quelques semaines.



On n'en a pas beaucoup parlé jusqu'ici ! J'avoue ne pas encore l'avoir lu.

Henri Filippini en dit en tout cas beaucoup de bien :

http://bdzoom.com/141001/patrimoine/monsieur-choc-la-boucle-est-bouclee-…/

ActuaBD a également des commentaires élogieux au sujet de ce tome 3 :

https://www.actuabd.com/Naissance-et-renaissance-de-Monsieur-Choc

J'avais les 2 premiers,je les ai revendus:j'aime pas.pourtant j'aimais bien Maltaite et son père.Ceci dit le dessin est superbe

J'ai lu hier soit le tome 3 de ce triptyque, et j'ai bien vite ressenti le besoin de reprendre les 2 albums précédents. Il faut dire que le récit est touffu, que les personnages sont bien nombreux et que le scénariste a de plus choisi de raconter en parallèle plusieurs époques différente (l'enfance martyrisée, la jeunesse insolente et la quarantaine vengeresse). L'intrigue n'est donc pas très facile à suivre et elle doit être appréhendée d'une manière globale, en considérant les 3 tomes ensemble (il devrait logiquement y avoir très vite une intégrale).



Mais comment considérer cette longue narration d'actes de banditisme, de trahisons et de morts violentes, entrecoupés d'anecdotes qui essaient de mettre en lien cette biographie de Monsieur Choc avec la série-mère (Tif et Tondu). En première apparence, cette BD est plutôt un thriller ironique, qui distrait le lecteur en lui présentant avec humour et cynisme une suite d'exploits (et de méfaits) improbables. Mais lorsque l'on reprend cette histoire, et qu'on essaie d'en comprendre la logique, il apparait bien vite que son véritable fil conducteur est la construction d'un portrait psychologique. Et tandis Monsieur Choc apparaissait dans Tif et Tondu comme un simple méchant indestructible, voir même une sorte de caricature, il devient dans le triptyque actuel un homme fait de chair et de sang, un enfant qui a aimé et souffert et un adulte qui est dominé par le besoin de se venger.



Qui l'aurait pensé ? S'il y a bien dans ce "prequel" un récit d'action plus ou moins divertissant, et aussi un jeu de bédéphile (avec de nombreuses allusions ainsi que l'apparition de personnages appartenant à l'univers de Tif et Tondu), l'œuvre possède avant tout la volonté (très réussie) de donner du réalisme et de la vérité à un personnage initialement  abstrait et proche du mélodrame. Et pour arriver à ses fins, le scénariste insère ça et là des petites conversations intimes, ou des anecdotes révélatrices, qui esquissent une explication. Cela s'exprime par exemple avec un simple aveu de Monsieur Choc, qui parait au premier abord plutôt ironique, mais qui révèle en réalité un désespoir profond.



Mais pourquoi Monsieur Choc considère t-il la vie avec haine ? On le comprend peu à peu en lisant cette histoire pleine de sang et de mort, pour réaliser que derrière le masque et l'humour féroce, il y a un vieux fond de douleur. Et l'inspecteur Fixchusset lui-même soutient cette idée.



A côté de ces petits dialogues révélateurs d'une évolution intime, il y a aussi d'étonnantes anecdotes qui racontent la genèse d'une silhouette devenue légendaire. Monsieur Choc, c'est d'abord une apparence, avec son élégant costume, la fameuse "main blanche", le masque d'une armure et l'ironique porte cigarette. Chacun de ces accessoires a sa propre histoire.



Tout pourrait donc s'expliquer chez Monsieur Choc, et pour comprendre le personnage, il suffirait de connaître tous les événements qui l'ont façonné. C'est l'étonnant défi que se sont fixés les auteurs de cette histoire, et sans dévoiler toutes les explications dramatiques que nous propose ce véritable "puzzle" en BD (la narration est en effet morcelée et assez complexe à suivre), je dirai simplement qu'à la fin … on comprend en effet presque tout. Je dis "presque" parce qu'il est préférable de relire plusieurs fois cette histoire pour mieux en comprendre tous les détails, ou tout simplement pour savourer certaines déclarations qui paraissent au début un peu ambigues.



Parmi les détails que je ne suis pas sûr d'avoir compris, il y a bien sûr la conclusion, avec cette étonnante apparition de "Messieurs Muller et Xanopoulos", qui portent à mon avis un autre nom dans la série mère. Je serais ravi de savoir ce que vous en pensez.

Pour conclure, Les Fantômes de Knightgrave est une bien belle BD que je vous recommande de découvrir si vous ne l'avez pas encore lue. Cette œuvre montre que la bande dessinée franco-belge traditionnelle a encore de belles possibilités de se renouveler, pour autant que l'on croie vraiment aux possibilités et au pouvoir du "medium". Et elle dévoile par ailleurs (une fois de plus) que tous les criminels ont une histoire, et une humanité qui peut les conduite à tous les excès.  

Mais que toutes ces considérations psychologiques et narratives ne vous effraient pas ! Les Fantômes de Knightgrave est au premier abord un thriller divertissant. Il ne révélera tous ses secrets qu'aux lecteurs qui prendront le temps de s'intéresser aux multiples détails (les merveilleux détails) qui donnent à cette histoire un surplus d'intelligence.