Un veritable malaise dans la bd

http://www.charentelibre.fr/2012/01/02/bande-dessinee-la-bulle-eclate,1072679.php

C'est assez vrai, ce que disent Maïorana, Mazan, Turf ou Isabelle Dethan. Il y a une pléthore et elle fait du mal à tout le monde (même aux éditeurs, je pense).

A part cela, c'est terriblement inquiétant. Si des auteurs confirmés comme eux (ils ont tous les quatre une série à succès) ont de la peine à vivre de la BD, il y a beaucoup de dessinateurs qui vont devoir arrêter ce métier.

Tout à fait d'accord avec toi Raymond et certaines de nos connaissances le subisse déjà

Il y a en effet trop d'albums sur le marché et je plains ceux qui aime tous les styles ! Tu vas me dire qu'ils peuvent aller dans un bibliothèque municipale, c'est un choix, mais alors où est le plaisir de posseder l'objet ? Pour ma part j'ai opté pour deux thèmes et je n'en sors pas malgrè le fait que je suis parfois tenter par d'autres choses, c'est mon choix.

Je pense aussi aux jeunes et aux générations futures...avec quel moyen financier peuvent-ils s'offrir ces albums...dur...dur entre les sorties, les cinés et la BD/lecture ! Ils auront le virtuel me diras-tu mais là je ne suis pas convaincu, pas que ça ne marchera pas, mais j'en reviens au plaisir de la possession de l'objet, quelle tristesse de lire sur un écran, oui je sais je suis d'une autre génération et collectionneur en plus...j'ai tous les défauts
J'en discuttait avec mon libraire récemment et comme exemple il m'a donné le coût d'un manga...Il y a 5 ans un manga tournait autour de 3-4€, ce fut une mise en place orchestrée par le marketing d'édition pour attirer les jeunes, ces derniers y ont trouvé leur compte puisque pas cher mais maintenant qu'ils sont bien à fond dedans ils doivent quasi payer le coût d'un album traditionnel soit +/- 8-10€ !!! Vous imaginez le budget pour eux

Voilà, j'espère que tout le monde va reprendre ces esprits mais surtout bien réfléchir à l'avenir car c'est tout le monde qui risque gros dans l'histoire.

C'est effectivement difficile pour les acheteurs, mais que dire de la situation des auteurs ?

Je me demande comment se débrouillent de jeunes dessinateurs comme Olivier Pâques ou Christophe Simon ? Ce sont eux, les nouveaux auteurs, qui sont véritablement menacés par les risques financiers de la pléthore. Ils ont tous deux une série qui marche assez bien, mais je ne pense pas que "Loïs" ou "Sparte" soient des bestsellers au même titre qu'Alix (j'imagine qu'ils ne vendent pas beaucoup plus d'albums que Turf, Maïorana ou Isabelle Dethan).

Tu as mis le doigt dessus

http://www.francesoir.fr/loisirs/litterature/cercle-vicieux-surproduction-170731.html

Quand on voit les piles de titres en solderies style Noz où les albums sont proposés à 1,99 € ou 2,50 €, il n'y a plus de durée de vie d'un album BD... de plus lorsqu'arrive Septembre jusqu'à Décembre, nous sommes submergés de titres... personnellement je dirais que j'ai un budget moyen d'achat BDs (à peu près 2 000 albums au compteur), ben je n'arrive plus à suivre, il y a des séries sur lesquelles je fais l'impasse et repousse mon achat à plus tard... je le fais en principe sur les grandes séries, de peur que des titres moins courant disparaissent de la circulation...
Et puis les éditeurs sont un peu facile à pousser à la surproduction dans l'espoir que dans la nouveauté il y ait le nouvel Astérix ou Titeuf qui sera le jackpot pour eux, combien de titres de séries, Soleil a sorti et qui n'ont pas dépassé le 1er volume, plantant là les auteurs... et dont les stocks d'invendus se retrouvent en solderie car l'album n'a pas pu être réellement mis en avant noyé dans la masse... les petits libraires de quartier disparaissant, n'ont pas la place pour faire vivre un titre surtout lors des 4 derniers mois de l'année, et sont obligés d'avoir une rotation très compressée des titres qui demeurent peu de temps en vitrine et rayonnage... comment voulez vous qu'un album de jeunes auteurs s'imposent... ou alors il faut qu'ils bénéficient de bonnes critiques pour sortir du lot des flots des albums anonymes... pas facile pour eux de se faire une carrière...

Je crois savoir que les jeunes auteurs sont souvent payés à la planche et que les sommes varient d'environ 500€ à... 15€ la planche (avec 2 ou 3 cases dans ce genre de cas) et que ce sont généralement des à-valoirs sur les ventes à venir... Or un éditeur est aujourd'hui heureux quand un titre se vend à 3 ou 4000 ex. Avec 10% de droits d'auteurs environ, à partager entre le dessinateur, le scénariste et parfois le coloriste... faites le calcul... Grand nombre d'auteurs conservent un "vrai" métier à côté pour faire bouillir la marmite, sans parler de la retraite (tous les auteurs ne sont pas jeunes et fringants)... A moins d'être un stakhanoviste du crayon et de réaliser 2 à 3 albums par an (ne souriez pas, Bercovici doit atteindre ce rendement, voire le dépasse...).

Bernard a écrit:Tout à fait d'accord avec toi Raymond et certaines de nos connaissances le subisse déjà

Il y a en effet trop d'albums sur le marché et je plains ceux qui aime tous les styles ! Tu vas me dire qu'ils peuvent aller dans un bibliothèque municipale, c'est un choix, mais alors où est le plaisir de posseder l'objet ? Pour ma part j'ai opté pour deux thèmes et je n'en sors pas malgrè le fait que je suis parfois tenter par d'autres choses, c'est mon choix.

Je pense aussi aux jeunes et aux générations futures...avec quel moyen financier peuvent-ils s'offrir ces albums...dur...dur entre les sorties, les cinés et la BD/lecture ! Ils auront le virtuel me diras-tu mais là je ne suis pas convaincu, pas que ça ne marchera pas, mais j'en reviens au plaisir de la possession de l'objet, quelle tristesse de lire sur un écran, oui je sais je suis d'une autre génération et collectionneur en plus...j'ai tous les défauts
J'en discuttait avec mon libraire récemment et comme exemple il m'a donné le coût d'un manga...Il y a 5 ans un manga tournait autour de 3-4€, ce fut une mise en place orchestrée par le marketing d'édition pour attirer les jeunes, ces derniers y ont trouvé leur compte puisque pas cher mais maintenant qu'ils sont bien à fond dedans ils doivent quasi payer le coût d'un album traditionnel soit +/- 8-10€ !!! Vous imaginez le budget pour eux

Voilà, j'espère que tout le monde va reprendre ces esprits mais surtout bien réfléchir à l'avenir car c'est tout le monde qui risque gros dans l'histoire.

Ce que j'ai retenu au passage, c'est que tu étais non seulement un amateur, mais aussi un collectionneur !
Les budgets sont différents !
En BD je ne suis qu'amateur, et n'achète que ce qui m'interesse. J'en ai beaucoup, mais rien à voir avec une collection !
Collectionneur je le suis, à travers le monde de l'automobile miniature ! L'autre jour je disais en possèder 2700, et c'est vrai que dans ce domaine j'en suis au même point que toi, obligé de bien cibler ce que je veux pour ne pas exploser mon budget.

Maintenant pour en revenir aux BDs, peut être avez vous déja remarqué que je suis bien plus difficile à contenter que la moyenne des acheteurs, et je peux de ce fait me satisfaire avec ce qui me plait et rejeter ce qui ne me plait pas, même dans mes domaines de prédilection.
Or, dans ces domaines, je ne trouve pas toujours la qualité que j'attends, contrairement à la grande époque des "Lefranc", "Alix", "Buck Danny" et autres, où il n'y avait rien à jeter ....

La question que je pose : à trop vouloir sortir des nouveautés est ce que le marché n'est pas en train de tuer la poule aux oeufs d'or en empêchant les auteurs de faire dans la qualité ?

Raymond Damned

Un témoignage intéressant sur la condition sociale des auteurs de bande dessinée.

http://www.actuabd.com/Roland-Garel-dessinateur-ancien

Tu as bien résumé Raymond D., être collectionneur suppose en effet un autre budget et pourtant, comme toi, je selectionne parfois même dans mes deux thèmes de prédilection.

Pour répondre à ta question, ce sont les auteurs qui au final vont en pâtir, pas l'éditeur. La poule aux oeufs d'or restera toujours valable pour un éditeur...si ce n'est pas CET auteur...ce sera un AUTRE !
Quand à la qualité tout dépend du temps qu'ils ont pour le faire, si il faut le faire en 6 mois ils devront aller très vite au risque de perdre en qualité par contre si c'est en deux ans ils sauront y mettre la qualité mais alors là....ils mangent plus !

En lisant Bruno on se rend compte qu'entre 3 et 4.000 ex. un éditeur est déjà content et bien, en repensant à Jacques Martin dans les bonnes années (50-60), les sorties étaient moins nombreuses, et il a édité 200 à 300.000 ex. à chaque album, le pied
A notre époque ce n'est plus pensable du tout, le grand maximum et c'est assez rare doit avoisiner les 60 à 80.000 ex.

Nous sommes dans une société de consommation gaspi, c'est triste !

Bernard a écrit:Tu as bien résumé Raymond D., être collectionneur suppose en effet un autre budget et pourtant, comme toi, je selectionne parfois même dans mes deux thèmes de prédilection.

Pour répondre à ta question, ce sont les auteurs qui au final vont en pâtir, pas l'éditeur. La poule aux oeufs d'or restera toujours valable pour un éditeur...si ce n'est pas CET auteur...ce sera un AUTRE !
Quand à la qualité tout dépend du temps qu'ils ont pour le faire, si il faut le faire en 6 mois ils devront aller très vite au risque de perdre en qualité par contre si c'est en deux ans ils sauront y mettre la qualité mais alors là....ils mangent plus !

En lisant Bruno on se rend compte qu'entre 3 et 4.000 ex. un éditeur est déjà content et bien, en repensant à Jacques Martin dans les bonnes années (50-60), les sorties étaient moins nombreuses, et il a édité 200 à 300.000 ex. à chaque album, le pied
A notre époque ce n'est plus pensable du tout, le grand maximum et c'est assez rare doit avoisiner les 60 à 80.000 ex.

Nous sommes dans une société de consommation gaspi, c'est triste !

Ohhh ! Je ne m'inquiètais pas trop pour les éditeurs !
Je suis du même avis que toi sur ce point.

Mais, si tu as raison pour les auteurs, ils en est de même, dans un cadre différent, pour les amateurs !
Je parle des vrais amateurs de bonne bande dessinée, pas de l'acheteur occasionnel qui achète, au hasard, pour que le gamin se tienne tranquille à l'arrière de la voiture, ou pendant que papa et maman regardent le dernier feuilleton à la mode à la tv !

Pour ce qui est des chiffres de l'édition, il y a quelques dizaines d'années tu pouvais encore (si tu en avais les moyens) te payer une série complète en une seule fois dans les librairies !
Aujourd'hui, il faut parfois ramer pour trouver l'album "moins un", même dans une série classique et réputée (expèrience vécue en cette fin d'année 2010 pour trouver le volume relié n°13 de Michel Vaillant ! Ah !.... j'oubliais : le "13", justement !.... )
Peut être, aussi, une autre raison d'une baisse des chiffres de publication, liée à une surproduction qui "bouffe" toute la place dans les rayons et qui rend la recherche d'un titre précis trés difficile ?.......

Le véritable problème est concentré dans ta dernière phrase :
"Nous sommes dans une société de consommation gaspi, c'est triste !"
Peut être un prochain sujet de philo au bac ?

Raymond Damned