Les voyages de Guy Delisle

Connaissez-vous Shenzhen, Pyongyang ou Chroniques birmanes ? A chaque fois, Guy Delisle y utilise la même astuce. Obligé de s'expatrier pour des raisons professionnelles (lorsqu'il doit travailler dans un studio de DA en Chine) ou familiales (il suit son épouse qui travaille pour "Médecins sans frontière"), il en profite pour dessiner un reportage, ou plutôt une chronique de son voyage. Ces trois livres sont des petites merveilles d'intelligence en même temps que de précieux témoignages sur le monde contemporain.



Son quatrième livre vient de sortir, et c'est une bonne occasion pour créer un sujet dédié à Delisle dans notre forum.

Le nouvel album de Guy Delisle s'intitule Chroniques de Jérusalem.



Son épouse étant partie travailler en Israël, le dessinateur l'a suivie quelques semaines plus tard. Dès son départ, il dessine dans son carnet tout ce qu'il voit et y note tout ce qu'il pense. On découvre donc avec lui les premières impressions du voyage en avion, l'arrivée à Tel Aviv puis les premiers pas dans un pays dont on peut se demander s'il fait partie de l'Orient ou de l'Occident.



Comme d'habitude, pour raconter ses expériences, Guy Delisle adopte le point de vue du voyageur naïf et ignorant. Il semble n'avoir pas d'idée préconçue et décrit la société israélienne au quotidien, en multipliant les anecdotes amusantes ou les banalités révélatrices. Peu à peu, le récit devient une suite de petites mésaventures, et on découvre que Jérusalem impose une ambiance assez lourde. Il y a ainsi des quartiers qu'il vaut mieux éviter certains jours, en particulier celui ou vivent les fondamentalistes juifs, lors du jour du sabbat.



La plus grande découverte (pour Guy Delisle aussi bien que pour le lecteur), c'est qu'Israël est une nation  dominée par les interdits et la discipline. Il y a bien sûr un état de guerre larvée, qui explique peut être que certains endroits sont dominés par les militaires, mais les interdits semblent bien nombreux. Les obstacles sont parfois imprévus et le dessinateur se heurte à des limites assez cocasses.



Toutes ces anecdotes pourraient à la longue devenir une critique systématique, mais Delisle essaie d'équilibrer son propos. Il ne prend pas position et fait bravement du tourisme dans la ville sainte, comme n'inporte quel voyageur.



Peu à peu, Delisle découvre aussi les gens qui vivent dans cette ville compliquée. Cependant, le monde qu'il cotoie reste surtout celui des "non-juifs". Il vit dans la partie musulmane de Jérusalem et fréquente ceux qui, comme lui, éprouvent de la peine à s'adapter à ce monde en lutte perpétuelle.



Le dessin sobre et schématique de cet album donne à cette histoire un style détaché, et il correspond à merveille à cette attitude neutre que recherche l'auteur. Delisle veut rester un spectateur devant ce monde contradictoire, et il évite tout militantisme, même si l'on devine une certaine sympathie de sa part pour la cause palestinienne.



En refermant ce livre, on a finalement l'impression d'avoir vécu avec Delisle à Jérusalem, et d'avoir découvert les multiples embarras et contradictions qui sont propres à cette ville. C'est ainsi un merveilleux récit de voyage, qui démontre (une fois de plus) les multiples possibilités de faire de la BD intelligente. Un petit croquis peut faire aussi bien qu'un long discours, et le livre de Delisle semble esquisser un tableau plus que pertinent de la vie actuelle en Israël.

http://www.francetv.fr/culturebox/bd-guy-delisle-chronique-jerusalem-71671

C'est sympa d'entendre parler Guy Delisle.

On trouve aussi une interview du dessinateur sur ces pages du Figaro :

http://madame.lefigaro.fr/art-de-vivre/vie-pour-de-vrai-jerusalem-301111-186770

http://madame.lefigaro.fr/art-de-vivre/questions-guy-delisle-301111-186771

http://madame.lefigaro.fr/art-de-vivre/jaimerais-proposer-experience-301111-186772

http://www.nationalgeographic.fr/actualite/itw-guy-delisle-chronique-voyage/7913699/

http://www.bodoi.info/a-la-une/2012-01-02/vues-subjectives-de-jerusalem-avec-guy-delisle/54006

Tout le monde dit du bien de cet album !

Est-ce que tu l'as lu ?

Non.

Personnellement, je l'ai dévoré. Comme tu le dis Raymond, à la fermeture de ce "témoignage" ou de cette "tranche de vie" (c'est selon), nous avons effectivement l'impression d'avoir partagé ces longs mois avec l'auteur. C'est fascinant, d'autant qu'il tente d'être relativement neutre, eu égard la situation complexe du pays. Une très belle expérince qui sera certainement la dernière, car l'épouse du Guy Delisle met fin à ses périples avec son ONG... Dommage...

L'auteur parle de son livre.


http://www.mondomix.com/actualite/1822/guy-delisle-la-bande-dessinee-s-est-depuis-15-ans-sortie-d-un-carcan.htm

Excellente interview, dans laquelle Guy Delisle explique bien ce qu'il cherche à faire.

http://www.francetv.fr/culturebox/guy-delisle-raconte-en-bd-ses-gaffes-de-mauvais-pere-131269

Voilà un livre que je ne manquerai pas !

J'ai fini par acheter ce week-end le Guide du Mauvais Père de Guy Gelisle et .... je ne peux m'empêcher d'être déçu.

Au départ, c'est une suite d'anecdotes (inventées plutôt que réelles, je pense) que le dessinateur avait mis en ligne sur son blog. On peut d'ailleurs toujours en trouver des extraits à cette adresse :

http://www.guydelisle.com/blog/blog/category/bd/le-guide-du-mauvais-pere/

Il s'agit en fait d'une suite de croquis très rapides et d'historiettes manifestement improvisées à la hâte. A la lecture, cela parait tout de même un peu faible. Certains gags sont bien trouvés, tandis que d'autres sont un peu téléphonés, et l'ensemble laisse un petit goût d'inachevé. Ce qu'il est agréable de découvrir en se promenant au hasard sur le Web n'est pas forcément assez consistant pour construire un livre.

L'éditeur annonce ce petit album comme un tome 1, et je ne pense pas que je me laissaerai tenter par le second.

L'auteur s'exprime justement sur cet album.


http://expressbd.fr/2013/02/20/guy-delisle-auteur-de-la-bd-le-guide-du-mauvais-pere/

Le tome 2 du Guide du mauvais père vient de sortir !



C'est légèrement inspiré de la vie familiale du dessinateur et ... c'est également très léger à lire. On y retrouve le personnage assez classique du "père-enfant attardé", qui joue avec ses enfants plutôt que de faire respecter le cadre.



Certains gags font parfois sourire, mais cela reste tout de même un album très mineur.

Il y a beaucoup de nouveautés, cet automne, et on ne sait plus quoi choisir. Dans cette situation, je me tourne préférentiellement vers les auteurs que j'aime bien, comme Guy Delisle. Ce dernier vient de publier une nouvelle histoire vraie qui, cette fois, ne concerne pas une de ses expériences hors de l'Europe. Le livre s'intitule "S'enfuir, récit d'un otage", et il raconte la malheureuse expérience de Christophe André, un membre d'une ONG accomplissant sa première mission humanitaire dans le Caucase, près de la Tchétchénie.



La prise d'otages est une source d'argent pour certains groupes terroristes, et les tchétchènes font partie de cette triste catégorie d'individus. La vie d'un otage est en fait une torture car, comme l'écrit Christophe André, "être otage, c'est pire que d'être en prison. En prison, tu sais pourquoi tu es là et à quelle date tu vas sortir. Quand tu es otage, tu n'as même pas ce genre de repère. Tu n'as rien."

A cette incertitude sur le sort qui l'attend s'ajoute pour le prisonnier diverses chicanes et maltraitances qui deviennent de véritables supplices. C'est ainsi que Christophe André a vécu près de 4 mois avec le bras gauche attaché par des menottes à un radiateur. Contraint à une immobilité forcée, dans une position peu confortable, l'otage n'a plus que ses pensées et son imagination pour lutter, et survivre.



La lecture de ce gros livre (environ 430 pages), qui relate la vie monotone d'un prisonnier, réveille  en fait une sorte de malaise. C'est une sorte de mélange d'angoisse et d'ennui, probablement assez proche de celui qu'éprouvait l'otage, et qui donne parfois envie de fermer le livre. Il est vrai que l'otage traverses des moments d'angoisse, et que toute cette histoire est finalement bien pénible.



Heureusement, l'histoire se finit plutôt bien mais ... j'éviterai d'en raconter les détails (il vous faudra les découvrir  ).

Il n'y a ainsi pas de désespoir dans cette BD, mais cela reste tout de même un "huis-clos" féroce, qui ne vise pas le divertissement facile. Tout en évitant les anecdotes et le pittoresque, ce récit plonge le lecteur dans le milieu impitoyable et désespérant de la guérilla dans le tiers monde. C'est un livre sévère, mais instructif, qui nous fait intelligemment voyager, et qui succède finalement d'une façon très logique aux autres voyages de Guy Delisle.

Bref, c'est une bonne BD pour les adultes !  

Et je vous la conseille.

A venir le 6 juin.

L'actualité de Guy Delisle, ce sont ses souvenirs de la fin de son adolescence, lorsqu'il travaillait dans une usine de pâte à papier. L'album s'intitule Chronique de Jeunesse !



A noter que cet album a aussi été édité au Canada avec une autre couverture.

J'ai lu cette BD il y a quelques semaines et ce n'est pas mal ... mais quand même un peu trop ordinaire !  Je préfère ses albums de "voyages".  

ActuaBD en fait néanmoins une critique très positive.


Chroniques de jeunesse – Par Guy Delisle – Delcourt / Pow (...) - ActuaBD

Raymond a écrit:L'actualité de Guy Delisle, ce sont ses souvenirs de la fin de son adolescence, lorsqu'il travaillait dans une usine de pâte à papier. L'album s'intitule Chronique de Jeunesse !



A noter que cet album a aussi été édité au Canada avec une autre couverture.

J'ai lu cette BD il y a quelques semaines et ce n'est pas mal ... mais quand même un peu trop ordinaire !  Je préfère ses albums de "voyages".  

ActuaBD en fait néanmoins une critique très positive.


Chroniques de jeunesse – Par Guy Delisle – Delcourt / Pow (...) - ActuaBD

Ah, je le lirai peut-être, ça me rappellera mes 2 étés d'étudiant en petit boulot au sous-sol d'un grand magasin, à la presse à carton ! . Un peu physique, surtout l'emballage au fil de fer et la sortie des grandes piles de carton compressé... Mais on découvre le "vrai monde", et les automatismes vite acquis permettent de s'absenter mentalement.
J'ai lu Pyonyang et Shenzhen et beaucoup apprécié l'approche très concrète et directe de Guy Delisle, dépourvue de tout jugement de valeur. D'autant plus révélatrice en ces deux effrayants albums !!