Angoulême

Tout de même : 8 "étrangers" sur 11 prix !
Même si ces prix sont relatifs : cela fait réfléchir :
- volonté de la part du jury d'internationaliser le festival ou...
- baisse de la qualité générale de la BD "franco-belge" ?
(ça va gueuler...)

Il y a peut être un changement d'orientation, une vocation plus internationale, une volonté d'être un festival de référence pour le monde entier ?

ça, c'est de la diplomatie !
(ils sont forts pour rester neutres, ces Suisses !)

Raymond a écrit:Le prix du meilleur album pour Cinq mille kilomètres par seconde ! C'est une vraie surprise.

Tu veux dire : pour un auteur italien et un éditeur suisse ?

Totoche Tannenen a écrit:

Raymond a écrit:Le prix du meilleur album pour Cinq mille kilomètres par seconde ! C'est une vraie surprise.

Tu veux dire : pour un auteur italien et un éditeur suisse ?

Non ! il me semble simplement que c'est un album un peu léger si on le compare à des poids lourds du genre Asterios Polyp. La BD de l'année, et la plus innovante, c'est bien celle de Mazzucchelli, je pense. Cinq milles kilomètre par seconde, je l'aurais plutôt vu comme un prix spécial du jury, dans le sens où "il n'est peut être pas très important mais on aime beaucoup". Mais voilà ... le jury a décidé le contraire ...

Penses-tu que le "Prix de la Critique ACBD" a pu jouer en défaveur de l'extraordinaire (je suis d'accord avec toi) Asterios Polyp ?

Effectivement, le jury avait peut-être envie de marquer sa différence par rapport à l'opinion générale.

Elitistes ... vous avez dit élitistes ?

Le but d'un prix, d'un concours, d'un championnat, c'est bien de mettre en valeur l'élite, non ?
Je te sens dubitatif...
Tu aurais préféré un album Joker ou Bamboo ?


Quant à Spiegelman, n'oublions pas le rôle qu'il a joué dans la découverte et mise en valeurs de talents internationaux avec sa revue Raw. Il a notamment fait connaitre Mazzucchelli !

Le choix de Spiegelman ne se discute pas le moins du monde. C'est une vedette de la BD mondiale et Maus est un des meilleurs albums de tous les temps.

Pour le reste du palmarès, en revanche, il y a beaucoup de BD que je ne connais pas (en dehors des deux que l'on vient de discuter) et il me semble légitime de s'interroger.

Tant mieux s'y on s'interroge !

Les livres d'Urasawa, Miccheluzzi, Nury/Vallée ne me semblent pas "élitistes".
Quant à celui de Julie Maroh -que je ne connais pas- , il a reçu le Prix du Public.

Cela me semblait justement plutôt "équilibré".

(Et en plus, les livres, plus "élitistes" de Fior, Evens et Mazzucchelli faisaient partie de mes "favoris" ! )

Sans compter le Prix Jeunesse attribué aux Chronokids de Zep, Stan et Vince.
http://expressbd.fr/2011/01/30/palmares-du-38e-festival-international-de-la-bande-dessinee-d%E2%80%99angouleme-2011/

Tu as raison. L'album de Julie Maroh a d'ailleurs été primé sur BDgest, ce qui correspond à un véritable "prix du public". C'est un livre que je recommande chaudement, même si je n'ai pas écrit de chronique là-dessus.

Pour rappel, le palmarès de BDgest' Art 2010 qui se trouve ici :

http://www.bdgest.com/bdgestarts.php

C'est ça, les choix du public.

Oui, du public de BDGest.
Je ne fréquente pas ce site.
D'ailleurs, ce n'est peut-être pas un hasard si, à part Quai d'Orsay, aucun de ces titres ne faisait partie de "ma liste".
Asterios Polyp n'y figure même pas ! Combien des votants l'ont-ils lu ou seulement feuilleté, voire ouvert ?
Pour qu'un tel vote est une réelle valeur, il faudrait que tous les votants aient obligatoirement lu tous les titres en compétition. On peut d'ailleurs se demander si ce fut vraiment le cas à Angoulême devant le nombre élevé de titres en compétition ?

Peut-être pourrait-on proposer un tel vote à nos amis du forum pour l'année 2011 ? Le problème c'est que tout le monde ne pourra pas tout acheter ou emprunter à la bibli...

Tu oublies qu'avec 3000 nouveautés par année, personne ne peut tout lire.

J'admets toutefois qu'un bédéphile éclairé se doit de lire Asterios Polyp.

Raymond a écrit:

Totoche Tannenen a écrit:

Raymond a écrit:Le prix du meilleur album pour Cinq mille kilomètres par seconde ! C'est une vraie surprise.

Tu veux dire : pour un auteur italien et un éditeur suisse ?

Non ! il me semble simplement que c'est un album un peu léger si on le compare à des poids lourds du genre Asterios Polyp. La BD de l'année, et la plus innovante, c'est bien celle de Mazzucchelli, je pense. Cinq milles kilomètre par seconde, je l'aurais plutôt vu comme un prix spécial du jury, dans le sens où "il n'est peut être pas très important mais on aime beaucoup". Mais voilà ... le jury a décidé le contraire ...

Léger ?
Je vais finir par t'énerver mais je n'ai pas trouvé 500km/s léger. Graphiquement et sémiologique-ment, ce n'est certes pas aussi innovant qu'Asterios Polyp, mais la beauté de ces aquarelles (?) m'a laissé sans voix. Ce voyage dans le temps et l'espace m'a transporté (désolé de dévoiler un peu le sujet), j'ai trouvé audacieux ces sauts dans le temps découpés en chapitres. On voit rarement cela en bande dessinée. Quand je pense qu'il y a quelques années on s'esbaudissait devant un Blueberry vieillissant ! Cette histoire est splendide, touchante. Quelle bonne idée d'avoir gardé la langue de chaque pays (enfin, à part l'italien et l'anglais). Et puis finalement, en fermant l'album que j'ai dévoré d'une traite je me suis rendu compte que le sujet n'était pas aussi éloigné -en tous cas pas plus léger- que celui d'Asterios Polyp ! Ou alors, "léger" dans le bon sens : aérien, lumineux !
A LIRE ABSOLUMENT !

http://asociacionculturaltebeosfera.blogspot.com/2011/02/angulema-2011-tebeosfera-estuvo-alli.html

Les aquarelles de 50000 km/sec sont splendides, il n'y a pas de doute. Je les ai découvertes lors de l'exposition des planches de l'album à Lausanne, organisée par Bedefil, et ça m'a d'ailleurs donné l'envie d'acheter le bouquin.

J'ai donc lu l'album quelques semaines plus tard, et cette étape a été plus pénible. Il faut en effet s'accrocher (surtout au premier chapitre) pour bien suivre le récit. Il y a d'abord des ellipses dans cette intrigue qui induisent quelques interrogations (il faut reconstruire l'intrigue entre deux) et c'est ce que tu as aimé, je pense. C'est un effet de style voulu par le dessinateur et il n'y a rien à redire. Il y a cependant aussi des difficultés qui résultent d'un relatif manque de maîtrise du dessinateur, en particulier lorsque les personnages se ressemblent, et que l'on se demande à qui on a affaire (dans certaines images). Cela m'a plutôt agacé, car la "règle de la reconnaissance" des personnages est élémentaire dans une BD.

Bon, je suis peut être vieux jeu, mais je suis brave. Je me suis accroché et je n'ai pas eu trop de peine à finalement comprendre cette histoire (tout de même ). J'étais même content en terminant le bouquin qui laisse un message désenchanté et nostalgique. C'est au final un bel album, bien agréable à regarder (certaines pages sont vraiment superbes) mais cela n'a pas suffi pour que je le sélectionne dans mon "top ten" de l'année 2010. Eh oui, c'est comme ça ! Des goûts et des couleurs ...

Au sujet des prix à Angoulême (et dans d'autres salons de BD, d'ailleurs), je me suis toujours demandé : leur attribution n'est-elle pas due essentiellement à des magouilles, des tractations dans les coulisses, un jeu de "billard à trois bandes", des connivences et des lobbyings, un partage du "marché" convenu à l'avance entre les éditeurs, les organisateurs, selon des influences et des intérêts qui échappent aux naïfs passionnés que nous sommes, etc. ? Comme pour les prix Goncourt, Renaudot, Fémina etc (il suffit de lire Le Canard Enchaîné à chaque automne pour se rendre compte de la comédie qu'on joue devant la France entière), le jeu n'est-il pas faussé ? La qualité des ouvrages primés est-elle le seul critère de sélection ?
Ayant eu quelques prix dans ma carrière (pour une BD comme pour des livres documentaires), ayant failli aussi en avoir (on m'avait prévenu mais... je ne les ai pas eus malgré des annonces officieuses) et ayant malencontreusement cherché à comprendre pourquoi (pourquoi j'en ai eu ou pourquoi j'ai failli en avoir....) ou simplement parce qu'un copain bien placé m'a rapporté les faits après coup, ou tout aussi simplement parce j'ai été témoin de certaines conversations, je peux dire que oui, l'attribution d'un prix résulte généralement de circonstances qui n'ont rien à voir avec la qualité ou l'intérêt des ouvrages...!

JYB, je partage ton avis.

En bande dessinée, comme ailleurs naturellement, ces remises de prix font bien entendu l'objet de tractations entre les différents professionnels concernés.

C'est pourquoi, je n'ai jamais accordé la moindre importance à ce genre de palmarès.

Je me fie plutôt à mon propre "feeling" et je dois avouer que, jusqu'à présent, il ne m'a guère trompé.

http://www.actuabd.com/Angouleme-2011-la-bande-dessinee

à Raymond : tu marques un point : la ressemblance entre les deux ragazzi m'a également un tout petit peu gêné. Cela dit, c'est peut-être pour cela que la fille hésite entre les deux !
Et puis, n'oublions pas que ces personnages vieillissant et que leur physique change avec l'âge...
C'est vrai qu'on ne confondra pas Astérix avec Obélix, Jolly Jumper avec Lucky Luke, Calvin avec Hobbes, Tif avec Tondu (quoique)... Combien confondent Boule et Bill ou Jack avec William ? Je te trouve quand-même sévère ,
Evidemment, si le lecteur s'endort devant le bouquin, il ne pourra pas suivre !
Et puis, c'est sûr que dans le livre de Mazzucchelli on ne risque pas de confondre les personnages !

à JYB :
On entend souvent parler de magouilles, comme en politique. Sûr que dans usine à gaz comme Angoulême, il doit falloir faire de la politique.
M'enfin, justement : pour le coup, Atrabile n'est pas un "gros" éditeur (enfin, je ne crois pas), Manuele Fior est un quasi-débutant...
On peut tout de même supposer que cette récompense est "juste".
Si cela peut aider un jeune auteur dans sa carrière future, je ne trouve -encore une fois- rien à redire sur cette attribution, les amis.

Oui, je sais, Totoche ; c'est pourquoi j'ai dit vers le début de ma diatribe : "je me suis toujours demandé", et cela sous-entend que je n'en suis pas sûr et que je pose la question. Et je posais cette question au sujet d'Angoulême ; or, j'avoue que les réflexions que j'ai émises quelques lignes plus loin (les prix littéraires de la rentrée : Goncourt, etc., et ce que j'ai vécu moi-même : un prix BD - dans un salon qui n'a rien à voir avec Angoulême - et d'autres prix pour des livres qui ne sont pas des BD) concernent d'autres manifestations. Seulement, plusieurs prix sont attribués à Angoulême et il faudrait étudier les coulisses de l'attribution de chacun pour essayer de voir ce qu'il en est ; par ailleurs, il est quasiment obligatoire qu'un salon comme Angoulême attribue des prix à des petits éditeurs, à des auteurs méritants, etc., sinon, ça gueulerait ferme assez vite dans le milieu. C'est pourquoi je pense (sans rien affirmer) qu'il y a quand même quelque chose de calculé : il y aurait des prix "arrangés", et d'un autre côté, on lâcherait du lest en attribuant des prix sincères (?), comme ça "on" ne pourrait pas porter d'accusations de favoritisme, de "billard à trois bandes", ou, pire, de magouilles.
J'ai l'air retors ? Non, c'est l'attribution des prix qui, dans la pratique, est retorse ; et j'ai remarqué - au fil de nombreuses années de métier... - qu'en creusant un peu, on finit toujours par trouver le petit truc qui éclaire un prix d'un jour inattendu : il y a le communiqué officiel, il y a ce que le public voit, il y a ce que le bon peuple croit naïvement, et puis il y a ce qui se passe dans les coulisses, qu'on ne sait pas, et qui est la partie immergée de l'iceberg, avec conflits d'intérêts et conflits de personnes aussi (tel membre du jury n'aime pas tel auteur, cet auteur n'est pas près d'avoir un prix, etc...).

Je ne dis pas que tu as tort , cela doit aussi être le cas pour les Césars, les Oscars, le Goncourt, etc...
Je crois que si on supprimait les prix, ce seraient peut-être bien les éditeurs qui "gueuleraient" le plus !
Rappelons qu'à ses débuts le Quai des Bulles de Jean-Claude Fournier n'attribuait pas de "prix", ou alors juste pour rire, dixit ce dernier. Finalement ils ont bien dû céder à la "pression" !

J'ai toujours dit que les seuls prix auxquels j'accorde de l'importance et que je crois sincères, c'est quand un gamin de 15 ans vient faire dédicacer un Missions Kimono dans un salon en racontant à Francis Nicole et moi qu'il trouve géniale la série pour l'aventure, pour la recherche documentaire, pour le suspense, etc., ou quand un lecteur m'envoie un mail au sujet d'Allan Mac Bride en disant (c'est authentique) que ça lui a rappelé à la fois Tintin et Marc Dacier...