Quelque part et toutes choses égales par ailleurs, les mangas n'auraient-ils pas pris la place laissée libre par la disparition des magazines de bande-dessinée dans les années 80 et 90 ?
En effet, ils sont moins chers, rapides à lire, présentent des histoires généralement à suivre, avec plusieurs tomes qui paraissent dans l'année (il n'y a qu'à voir le top présenté dans l'article : 2
One Piece, 2
Naruto, 2
Spy machinchose), ont un ciblage majoritairement axé vers un public jeune, et sont en quelque sorte des "consommables" (je généralise, ne m'en veuillez pas) — combien relisent les 50, 100, ou 200 volumes précédents d'une série à la sortie d'un nouveau numéro, ou même tout court quand on est en format "série" avec des épisodes qui sont peu ou pas des "histoires complètes" ?
C'est une intuition à discuter et je suis bien conscient que plein d'autres facteurs entrent certainement en jeu (popularisation de la culture japonaise "entrée dans les mœurs" depuis les années 80, fort développement de la fiction [et pas que...] en format série-à-suivre depuis 10-15 ans, etc.). En tout cas le manga a définitivement trouvé une niche vacante (une grosse niche !
) sur le marché et a répondu à des attentes de clients jeunes et moins jeunes — la question reste ouverte quant à l'avenir : est-ce une porte d'entrée vers d'autres lectures futures, une phénomène d'abord porté par une classe d'âge qui passera à autre chose dans quelques années, ou une fin en soi ?
Ce qui reste étonnant, quand on regarde les chiffres et le graphique en fin d'article c'est le x2 du manga entre 2020 et 2021. Effet du pass culture généralisé mi-2021 ? Ce serait donc l'État (nos impôts) qui finance l'industrie culturelle japonaise.
Mais, comme à la grande époque du cinéma italien, le succès des westerns spaghettis permettait d'engranger des profits pour financer les films plus difficiles d'accès... Espérons que ce soit aussi un peu le cas avec les éditeurs (puisque presque tous les "majors" font du manga aujourd'hui...).