Lors de ma tournée en librairie du week-end dernier, c'est finalement le tome 2 de
Dédales qui m'a paru être l'album vraiment indispensable. Je l'ai aussitôt acheté et je ne l'ai ensuite pas du tout regretté !
L'histoire se passe dans une Amérique provinciale où des étudiants se passionnent pour le vieux cinéma d'horreur (en particulier la fameuse "Invasion des profanateurs de sépulture" tournée en 1956 par Don Siegel). Ils essaient de créer des films semblables, bien qu'ils ne disposent que de tout petits moyens, et l'on devine derrière cette passion de probables inclinations psychiques légèrement perverses. Corollaire prévisible, le héros principal ressent constamment une sourde crainte, peut-être celle de voir apparaître des monstres fantastiques, et le lecteur se demande donc si les formes monstrueuses que l'on voit ici ou là dans le livre ne sont pas un peu plus que des fantasmagories d'étudiant.
Sur le plan narratif, l'intrigue n'a pas beaucoup progressé par rapport au tome 1. Des relations sentimentales semblent s'ébaucher mais cela reste encore superficiel. Les personnages sont crédibles et bien cernés mais un sournois malaise semble planer au dessus de ce monde estudiantin. Comment tout cela va t-il évoluer ? Vers le délire ou vers le drame ? Nul ne le sait encore et je ressens une très forte envie d'en savoir plus, à la fin de ce tome 2 qui progresse bien lentement.
L'onirisme est toujours étroitement lié au fantastique chez Charles Burns ! Cela me semble à nouveau être le cas dans cette BD où je devine les prémices d'une histoire comparable à ce qu'était "Black Hole", le chef d'œuvre de l'auteur. Je me demande toutefois comment il fera pour nous emporter à nouveau dans l'irréel et c'est peut-être pour cette raison que j'ai fini cet album avec un léger sentiment d'impatience (Burns dessine et publie très lentement). Je ne peux donc pour l'instant qu'apprécier la beauté de son dessin un peu hiératique et l'intelligence narrative de son récit froidement réaliste, même si l'intrigue reste pour l'instant encore ambiguë.
C'est en tout cas une belle BD d'auteur, qui dépasse nettement le niveau de la production courante et qui me semble beaucoup promettre. Mais vous savez peut-être déjà que Burns est un auteur américain majeur, qui n'a jamais hésité à se montrer ambitieux.